mercredi 2 novembre 2011

La qualité de la relève en orientation professionnelle ... sondage auprès de praticiens et employeurs


L’opinion des praticiens de l’orientation sur la qualité de la relève en orientation professionnelle





Ce qu’ils nous ont dit!








Projet de groupes de discussions visant l’arrimage des besoins et des préoccupations des milieux de pratique avec ceux de la formation universitaire de 2ième cycle en carriérologie







Initiative proposée et réalisée par





Louis Cournoyer, Ph. D., c.o.



Professeur

Département d’éducation et pédagogie

Université du Québec à Montréal









7 janvier 2010



Sommaire





































































Introduction




En septembre 2009, des membres du corps professoral de la section Carriérologie du département d’éducation et de pédagogie (DEP) de l’Université du Québec à Montréal ont amorcé un travail de réflexion visant le développement d’un nouveau programme de maîtrise spécialisé en carriérologie. En parallèle à ces rencontres, différentes initiatives ont été menées auprès de groupes ciblés (chargés de cours, diplômés, praticiens) afin d’alimenter leur réflexion.


L’enquête conçue et réalisée par Louis Cournoyer, professeur de counseling à la section carriérologie du département d’éducation et de pédagogie à l’Université du Québec à Montréal avait pour objectif général de : identifier des indicateurs relativement fiables de la réalité de pratique en orientation professionnelle afin d’alimenter un travail d’élaboration et de développement d’un programme de maîtrise spécialisé en carriérologie. Les objectifs spécifiques de l’enquête étaient quant à eux de 1) recenser les propos de professionnels de l’orientation de différents secteurs de pratique dans la région de Montréal sur les réalités et les enjeux des services en orientation professionnelle et de 2) discuter de points de convergence parmi les propos des professionnels de ces différents secteurs.  Ce rapport fait état des résultats d’une enquête menée à l’automne 2009 auprès d’une quarantaine de conseillers d’orientation. L’échantillon de participants a été sélectionné, de manière ciblée, au sein de quatre secteurs de pratique pour lesquelles les diplômés du programme actuel de maîtrise en carriérologie sont les plus sujets à se retrouver une fois sur le marché du travail : réadaptation professionnelle auprès de personnes handicapées physiquement et psychologiquement; développement de l’employabilité; orientation de jeunes inscrits au réseau d’études secondaires; orientation auprès d’étudiants universitaires.



Le recrutement des participants s’est réalisé auprès d’organisations où il est possible de retrouver plus de quatre conseillers d’orientation. Dans un premier temps, un certain nombre de milieux ont été ciblé à partir de la connaissance des milieux et de certains contacts de la part de la professeure Edwidge Desjardins et du professeur Louis Cournoyer, tous deux associés à la section carriérologie du DEP de l’UQAM. Dans un deuxième temps, un certain nombre de milieux ont été priorisés selon des critères de variété entre les types d’organisation et de présence d’un nombre supérieur de conseillers d’orientation. Dans un troisième temps, une lettre a été transmise par courrier électronique aux directions de ces milieux, ainsi qu’auprès de personnes-ressources ciblées, puis dans un quatrième et dernier temps un contact de suivi par téléphone a été réalisé de manière à valider l’intérêt des milieux pour une participation au projet, ainsi que l’identification d’une date et d’un lieu de rencontre. La cueillette de données discursives s’est opérée lors de quatre séances de groupes de discussions ont été réalisées. La durée de chaque séance varie entre 1h30 et 2h15. Le nombre de participants à chacun de ces groupes variait de 5 à 16 personnes pour un total de 35 participants, tous impliqués dans l’offre de service de counseling de carrière. Le contenu des groupes de discussions portait sur les quatre questions suivantes auxquelles des relances étaient ensuite formulées auprès des participants de manière à approfondir, à spécifier ou encore à clarifier le propos :
  1. Quels sont vos réalités et vos besoins actuels dans le cadre de votre pratique professionnelle ?
  2. Quelles sont les principales compétences requises et recherchées chez des finissants de deuxième cycle et chez de nouveaux conseillers en orientation ?
  3. Quelles sont les forces et les faiblesses que vous observez chez  les finissants de deuxième cycle et les nouveaux conseillers en orientation ?
  4. Quelles seraient vos suggestions pour l’élaboration d’un programme de maîtrise en carriérologie adapté aux réalités de la pratique professionnelle actuelle des conseillers d’orientation ?

L’analyse des données de l’enquête n’emprunte pas des procédés suffisamment rigoureux pour être qualifiée de scientifique. Sans être enregistrés sous format vidéo ou audio, les propos des participants ont été transcrits sur papier tout au long de l’entretien. Par la suite, ces transcriptions ont été classées et organisées selon leur lien avec les quatre questions principales mentionnées plus haut. Enfin, des regroupements de propos ont été réalisés de manière à relever des rubriques de contenus.


Le présent rapporte les résultats sous forme de rubriques de propos recueillis pour les quatre questions principales abordés dans le cadre de séances de discussion de groupes. Les quatre premières sections du rapport exposent dans l’ordre 1) le cas d’un milieu de pratique de l’orientation en développement de l’employabilité; 2) le cas d’un milieu de pratique de l’orientation en réadaptation professionnelle; 3) le cas d’un milieu de pratique de l’orientation au secteur public d’enseignement secondaire et 4) le cas d’un milieu de pratique de l’orientation au secteur public d’enseignement universitaire. La dernière partie du rapport propose une synthèse des propos en faisant ressortir les points de convergence des quatre milieux de pratique. En annexe, le lecteur pourra prendre connaissance du modèle de lettre transmis aux participants lors de la phase de recrutement, ainsi que le questionnaire d’enquête ayant servi à guider les séances de discussion.



 


Le cas de l’orientation en employabilité


 


Les informations rapportées dans cette section proviennent de cinq conseillères d’orientation et d’un conseiller en développement de carrière.





Le travail et ses défis


 


Travailler en employabilité lorsque l’on agit à titre de conseiller d’orientation, c’est s’ouvrir à une panoplie de clientèles à statut précaires. La majorité des organismes d’employabilité offrant des services d’orientation travaillent avec des clientèles ciblées en regard de leur statut économique : chômeurs, assistés sociaux, personnes sans revenus. Dans le cas des clientèles plus jeunes, ce sont plus souvent ceux qui ne fréquentent plus l’école qui vont chercher de l’aide dans ces organismes. En employabilité, les conseillers d’orientation sont plus souvent appelés à intervenir dans des situations de « ré » orientation que d’orientation professionnelle. Suite à une série d’échecs et de pertes d’emploi, plusieurs vont chercher de l’aide pour se réinsérer professionnellement, tout en cherchant un moyen de traverser les difficultés et les deuils rattachés à des événements difficiles. Il est également à souligner que les clientèles qui consultent en orientation dans les organismes d’employabilté n’en sont souvent pas à leur première expérience de ce type de rencontre. À l’école secondaire le plus souvent, ils ont souvent déjà rencontré un conseiller d’orientation par le passé. Certains l’ont parfois même fait au sein d'autres organismes, parfois le même de façon à poursuivre une démarche en raison d’une rupture professionnelle. De plus, il est de plus en plus fréquent travailler avec des personnes très limitées au plan de la scolarité, soit dont la dernière année de fréquentation scolaire relève du secondaire 1 ou 2.





La question des besoins financiers des clients occupe une place très importante au sein de ce type de relation d’aide. Le choix d’une carrière n’est pas tant un enjeu d’intérêts, de valeurs et de perspective pour le reste de sa vie qu’un besoin de survie économique à plus court terme, fortement influencé par des enjeux de confiance et d’estime de soi, d’influences du réseau social, ainsi que de facteurs de réalité tels que le rôle parental, voir monoparental. Emploi Québec, en tant qu’institution gouvernementale, ressource en matière d’aide économique et de mesures d’aide à l’emploi joue un rôle important dans l’environnement de travail ces professionnels de l’orientation. Cela déterminera grandement les types d’intervention de référence des conseiller, dont à titre d’exemple : alternative jeunesse, bilan de compétences, recherche d’emploi, programmes et mesures gouvernementales diverses). De plus, Emploi Québec constitue généralement le principal bailleur de fonds des services rendus par ces organismes et de leur fonctionnement budgétaire.



Les conseillers rencontrés notent que la lourdeur des problématiques de leur clientèle s’alourdit année après année. Tout d’abord, la clientèle immigrante y est toujours plus nombreuse et toujours plus diversifiée au plan de la culture et de l’origine. Entre autres, plusieurs des immigrants fréquentant l’organisme de ces conseillers ne peuvent communiquer en anglais, ce qui sur l’île de Montréal constitue un frein sérieux à l’emploi (la maîtrise de la langue française peut sans aucun doute constituer aussi un problème sérieux d’organismes situés à l’ouest de l’île). Une autre réalité propre aux immigrants avec laquelle il importe de composer se rapporte au sentiment de frustration et de tromperie dont ils se sentent victimes. Il est de fait de plus en plus public que la promotion de l’immigration au Canada dans les pays étrangers se fait le plus souvent sous le thème de pénuries sérieuses de main-d’œuvre. Or, une fois arrivés en sol canadien, les immigrants réaliseront que pénuries ou pas, l’accès à des emplois qualifiés et la reconnaissance de leurs expériences scolaires et professionnelles n’est que peu, voir pas du tout reconnue. À cela s’accompagne souvent la présence de comportement de procrastination, de déprime, de peur, de passivité, de difficulté à se mobiliser et de se projeter positivement dans l’avenir. Une autre clientèle de plus en plus croissante dans les organismes d’employabilité est celle des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale. La dépression, les troubles bipolaires, les troubles limites ne sont que quelques-unes des problématiques auxquelles l’intervention des conseillers doit tenir compte. Notons également que ces situations s’accompagnent parfois d’une lourde médication, de consommations de drogues, ainsi que de plus en plus de dépendance au jeu.  Finalement, les clientèles sont aussi de plus en plus âgées. L’instabilité économique et de l’emploi contribuent à rehausser le nombre de personnes de 40 ou de 50 ans ou plus qui doivent se réinsérer professionnellement.



Les conseillers notent l’importance de faire appel à des modèles d’intervention plus globaux sur le plan des dimensions personnelles et sociales. Tels que l’indiquent les conseillers rencontrés, il importe de prendre en compte toutes ces problématiques n’ont pas à l’unité, mais assez souvent comme interreliées. Par exemple, la perte d’un emploi peut activer certaines fragilités au plan de l’estime et de la confiance en soi, ce qui ensuite peut avoir des incidences sur les relations avec soi-même et avec les personnes de l’entourage, ce qui à nouveau peut mener à des difficultés conjugales, parentales, sur fond de difficultés de plus en plus importantes au plan économique. Dans certains cas, cela va également jouer sur le plan de difficultés personnelles, telles que la faillite, la consommation d’alcool et de drogues, de jeu, de déprime, de dépression, d’anxiété et d’expression accrue de symptômes dysfonctionnels au plan psychologique. L’ensemble des éléments composant de telles problématiques pourrait être changé dans leur ordre, de manière à illustrer que les conseillers d’orientation doivent travailler avec une circularité de problèmes débordant la stricte réinsertion professionnelle. C’est pourquoi il semble y exister une tension paradoxale entre une demande pour des services d’orientation de plus en plus courts dans leur durée et la nécessité de travailler avec des problématiques de plus en plus complexes. De l’avis des conseillers rencontrés, il faut que les services d’accompagnent puissent se permettre de dépasser le cadre classique de trois à quatre rencontres prévu pour des personnes plus stables et plus aptes à intégrer un emploi ou de poursuivre une formation. Donc, autant il est jugé souhaitable d’envisager des interventions à plus long terme, autant il est jugé important de devoir rencontrer certains clients sur la base de deux rencontres ou plus par semaine, du moins à quelques périodes. L’enjeu de l’orientation en employabilité n’est ainsi pas tant la capacité de prendre une décision ou de faire un choix, mais de développer la capacité de mobilisation de la personne.



 


Les compétences recherchées




Les conseillers rencontrés laissent clairement comprendre qu’avant d’intervenir auprès d’une autre personne, le conseiller d’orientation doit pouvoir être outillé pour bien intervenir auprès de lui-même. Ainsi, la connaissance de soi constitue la compétence la plus importante selon eux parmi toutes celles que devrait posséder un finissant de deuxième cycle ou un jeune conseiller d’orientation. Il ne s’agit pas ici de se connaître au plan de ses intérêts, de ses valeurs ou de ses aptitudes, mais de pouvoir gérer son propre fonctionnement psychologique. À cet égard, il peut s’agir de pouvoir contrôler son impulsivité en situation de confrontation ou de critiques dirigées vers l’intervenant ou encore d’asseoir un jugement professionnel pouvant départager ses croyances, ses préjugés ou ses propres valeurs lorsque vient le temps d’évaluer la situation d’autrui.  Cela renvoie ici à l’importance de l’ouverture de soi, la capacité de pouvoir demeurer empathique face à la situation de l’autre, à pouvoir clairement reconnaître ce qui nous appartient de ce qui plus objectivement se joue dans la situation du client.  En lien avec cette connaissance de soi « appliquée », les conseillers rencontrés nomment également l’importance de bien doser son investissement personnel, soit de pouvoir autant s’engager personnellement dans une relation d’aide empathique, mais également de pouvoir éviter l’enlisement ou l’épuisement dans des problématiques mal évaluées et gérées. « Il faut de l’équilibre personnel et de la solidité entre les deux oreilles » nommera l’une des conseillères d’orientation rencontrées. En plus de se connaître, les professionnels rencontrés nomment l’importance de pouvoir s’affirmer avec confiance et conviction face aux clients, aux collègues, ainsi qu’à d’autres intervenants. C’est donc une question selon eux d’être capable d’affirmer ses propres besoins et ses propres sentiments aux clients ou à d’autres, de se maintenir dans une attitude authentique et empathique, ainsi que de reconnaître et s’assumer son expertise, soit autant reconnaître ses limites, que de réellement se positionner comme professionnel. Pour eux, l’engagement personnel requis dans un processus d’orientation repose sur la capacité de s’engager, de s’impliquer, de s’affirmer, de confronter et de ses confronter soi-même dans tous les aspects de sa vie personnelle et professionnelle. Critique et autonome, le conseiller d’orientation s’avère ainsi être un praticien réflexif et rigoureux.



L’orientation est une relation d’aide où l’on communiquer oralement, mais aussi de manière écrite. À cet égard, les conseillers rencontrés notent l’importance de posséder des compétences en matière de rédaction. Tant dans leurs rapports que dans leurs courriels, ils doivent être conscients de l’image qu’ils projettent de leur professionnalisme par la qualité de leur écrit, de la précision de leur vocabulaire, de leur capacité à synthétiser une panoplie d’informations sur la personne sous une forme claire et concise. Les personnes rencontrées nomment également l’importance d’être stratégique lorsque l’on communique, soit de penser aux objectifs et aux impacts de ses communications. En termes de connaissances et de maîtrise de conceptions et de théories, les conseillers d’orientation doivent intégrer les théories du counseling, du développement de carrière et du développement humain à leurs pratiques. Les personnes rencontrées nomment également l’importance de pouvoir se doter de connaissances plus étendues et plus pratiques en matière du fonctionnement psychologique de la personne, notamment en ce qui concerne des enjeux de blocage, de pathologies et de mécanismes de défense. Enfin, une bonne connaissance des programmes d’études et des mesures gouvernementales pour les personnes immigrantes, faiblement scolarisées ou à la recherche d’emploi est souhaitable.



Les forces et les faiblesses des nouveaux




En ce qui concerne les stagiaires de deuxième cycle ou les nouveaux conseillers d’orientation qui débutent leur pratique professionnelle en employabilité, les professionnels nomment la maîtrise de compétences relationnelles de base et spécifiques, mais non avancées, tels que les reflets, les questions ouvertes et les résumés. Ils observent également de bonnes connaissances au plan théorique, ainsi que des outils psychométriques et des informations scolaires et professionnelles. Ces stagiaires et nouveaux c.o. sont vus comme motivés, ouverts à apprendre, impliqués auprès des collègues, désireux de découvrir de nouvelles approches et de prendre des risques en intervention.



Sur le plan des limites, il est relevé que bien qu’ils puissent facilement écouter le client et explorer différents aspects de sa personnalité, il s’avère difficile pour ces stagiaires et nouveaux professionnels de réussir à mobiliser leur client sur la base d’une compréhension approfondie de leur dynamique et de leur fonctionnement psychologique. Une autre dimension notée relève en quelque sorte de la présence d’angles morts chez ces derniers. Il est question, par exemple, d’un certain manque d’ouverture d’esprit, voir d’évitement ou de malfaisance à faire face à des situations émotionnelles plus difficiles. Il est aussi question de compréhension empathique, soit de remettre en question l’existence d’une logique universelle, objective, au profit de réalités subjectives propres au client. Des difficultés sont aussi observées au niveau de l’autocritique, soit de la capacité à bien évaluer, la qualité et la portée de ses interventions. Enfin, puisqu’ils sont souvent à la recherche de « recettes » quant à la manière de procéder avec leurs clients, ils en arrivent à manifester une vision parfois « technique » et « irréaliste » de l’orientation sur le terrain. 






Les suggestions qu’ils nous adressent …




Les professionnels de l’employabilité rencontrés nous font part de transformations importantes au plan des clientèles et des problématiques rencontrées. À ce propos, leur première suggestion porte sur l’importance d’approfondir davantage au-travers des cours certaines problématiques telles que les suivantes : transition, indécision, démotivation, anxiété et stress, engagement, décrochage, procrastination, organisation financière. Selon eux, il serait avantageux que les sortants de la maîtrise puissent avoir pu déjà approfondir les réalités de la pratique en employabilité (ex. : précarité, chômage, dépendance étatique) et certains comportements relatifs aux clients en situation d’orientation telle que la démotivation, le manque de réalisme, la difficulté à se projeter, le sens du travail et l’engagement envers soi-même.



Le rôle de l’université est de former des professionnels réflexifs, c'est-à-dire qui possèdent les outils pour élever leur sens critique et pouvoir affirmer leur identité professionnelle. Selon les personnes rencontrées, l’évaluation actuelle des savoirs porte surtout sur des connaissances, alors qu’elle devrait plutôt porter sur des compétences développées, mobilisées et confrontées. La confrontation au milieu du travail demeure, selon eux, la clé d’apprentissages efficaces. Ils invitent les responsables de la formation universitaire à considérer chaque milieu de pratique comme porteur d’une expertise auquel les étudiants gagneraient à acquérir et à s’adapter. Concrètement, ils proposent davantage de stages, notamment l’inclusion d’un stage de mi-formation à la maîtrise.



De plus, un effort accru doit être mis afin de miser autant sur le développent personnel que professionnel des étudiants. Des mesures doivent être mises en place pour amener ces derniers à se confronter à eux-mêmes au-travers de relations avec d’autres, qu’il s’agisse de collègues d’études ou de client. Pour l’instant, il y a dans la formation trop de cas fictifs nécessitant des extrapolations de l’étudiant plutôt que des applications pratiques directes. Une absence de soutien et d’encadrement est également remarquée. Toujours de l’avis de ces professionnels, les étudiants sont souvent confrontés à l’essai de comportements professionnels impliquant de fortes retombées affectives. Toutefois, une fois que le professeur ou le chargé de cours leur fait vivre ces expériences, personne ne semble là par la suite pour aider la personne à se ramasser au plan émotif.  



Ce dernier point ouvre sur une autre catégorie de suggestions proposées, soit celle relative à l’encadrement des étudiants au cours de leur formation. Ils invitent le milieu universitaire à envisager une méthode de type « tutorat » où les étudiants seraient rencontrés à l’occasion, tout au long de leurs études de maîtrise, par un professeur attitré à eux, avec qui il pourraient parler de ses études. Dans le même ordre d’idée, la création d’occasions accrues de supervision,  de mentorat et de coaching individuel par des professionnels permettrait des rétroactions claires, précises et pertinentes sur leurs apprentissages développés et à développer.  De manière à concilier formation et pratique, des occasions accrues de dialogue entre professeurs d’université et  intervenants des milieux de pratiques sont souhaitées. À l’instar de la démarche de cette enquête auprès des milieux, les intervenants rencontrés y voient des occasions potentielles pour le développement de partenariat en recherche, de même que d’échanges d’offres de formation continue d’une part et d’autre : conférence de praticiens donnés en classe, présentations de professeurs aux praticiens au niveau des nouvelles approches en orientation, offre mutuelle de formation continue et de ressourcement professionnel.



La capacité de rédaction des étudiants et des nouveaux conseillers est remarquée au plan des points à développer et des suggestions sont amenées à cet égard par les praticiens. La formation universitaire devrait, selon eux, mieux outiller les étudiants à la rédaction et à la recherche documentaire pour qu’ils puissent ainsi intégrer la pratique en étant plus habiletés à rédiger des rapports d’évaluation, faire de la rédaction de projets, produire des notes évolutives, communiquer au plan interprofessionnel. Le travail devrait plus précisément porter sur le vocabulaire, la syntaxe, la composition, ainsi que des exercices de synthèse.



La psychométrie figure également parmi les recommandations fournies par les praticiens rencontrés. Compte tenu de la durée de la formation, il serait important selon eux de couvrir prioritairement les instruments les plus utilisés actuellement et de s’ouvrir à ceux qui arrivent sur le marché. Le jugement professionnel des futurs conseillers d’orientation devrait également être développé par des exercices de croisement de tests entre eux de manière à mieux saisir ceux pouvant être utilisés en complémentarité ou le mieux adapté à certaines situations problématiques. Enfin, il est important pour eux de maintenir le développement d’un jugement critique au plan du choix des instruments en regard d’une situation d’intervention donnée : valeur, efficacité, limites, analyse critique.



En ce qui à trait aux exigences universitaires au plan de la formation à la recherche, les praticiens sont d’avis qu’il y aurait intérêt de s’assurer de rendre celle-ci intéressante pour l’avancement des compétences pratiques de l’étudiant. Selon leur expérience, les étudiants sont souvent perdus quant au choix d’un sujet de rapport d’activités dirigées, mais aussi sur l’ampleur et l’investissement requis pour un tel travail. Le choix d’un directeur n’est également pas aisé. Ils relèvent aussi l’impression qu’il apparaît passablement difficile pour un étudiant de choisir un projet de recherche bien à lui, car en s’éloignant des intérêts de recherche du professeur, ceux-ci pourraient alors ne pas vouloir les encadrer. Afin d’éviter le phénomène de choix « par défaut » d’un projet et d’un directeur de la quête d’un sujet permettant à l’étudiant d’approfondir des compétences pratiques en vue de mieux le préparer à sa carrière d’intervenant. À ce propos, il est fait mention de la recherche-action en milieu de travail comme source d’approfondissement des connaissances et de développement de projets pratiques. Enfin, les conseillers rencontrés jugent que le baccalauréat est trop multidisciplinaire. Il ne permettrait pas aux étudiants d’approfondir leurs intérêts pouvant les guider à poursuivre des études supérieures et à se spécialiser sur le plan de la pratique. 

 


Le cas de l’orientation en réadaptation professionnelle


 


Les informations rapportées dans cette section proviennent de quatre conseillers d’orientation et d’un finissant-stagiaire de deuxième cycle en orientation.

 


Le travail et ses défis


 


Travailler en réadaptation professionnelle implique de travailler surtout sur l’adaptation (ou la réadaptation) au travail d’une personne que sur son orientation à proprement dite. En plus de travailler auprès de personnes présentant une déficience physique, neurologique, sensorielle, auditive, intellectuelle ou psychique, les professionnels rencontrés soutiennent que chacune présente sa propre réalité subjective, ses propres enjeux d’accompagnement. Ainsi, un même diagnostic médical peut non seulement comporter  différentes limitations physiques, mais aussi différents enjeux psychologiques rattachés. À cela s’ajoute l’accompagnement en gestion de deuils dans le cas d’accidents ou de déclenchement récent de troubles ou de difficultés.



L’orientation en réadaptation professionnelle comporte une dimension médicale du travail. Les conseillers d’orientation doivent composer avec un diagnostic médical provenant de différents spécialistes de la santé physique et psychologique. Pour se faire, ils doivent connaître et intégrer continuellement et rapidement des connaissances en matière de santé mentale et physique (déficience intellectuelle, motrice, sensorielle). Ils doivent également saisir les filtres subjectifs et pathologiques lorsqu’ils sont en relation avec leurs clients, tout comme ils doivent pouvoir déceler et gérer rapidement certains symptômes émanent en cours de processus.



Les conseillers d’orientation en réadaptation professionnels travaillent également en partenariat avec des agents d’aide socioéconomique d’Emploi Québec, lesquels sont à la source des références de clientèles, que du droit de regard et d’acceptation d’un projet professionnel impliquant une mesure d’aide gouvernementale. Par conséquent, ils doivent parfois faire usage de stratégies de communication pour faire valoir leurs résultats. Enfin, les professionnels rencontrés travaillent dans plus d’un point de service. Ils n’ont souvent pas de bureau fixe, attitré.





Les compétences recherchées




En raison de la nature spécifique et spécialisée du travail de conseiller d’orientation en réadaptation professionnelle, certaines capacités d’adaptation aux individus et au contexte de travail sont essentielles. Tout d’abord, les conseillers d’orientation rencontrés rapportent l’importance de pouvoir réaliser une « lecture rapide du client », soit de pouvoir rapidement déceler ses forces, ses faiblesses, sa dynamique et ses traits de personnalité particuliers de manière à procéder à bien saisir sa situation, à déterminer les stratégies d’intervention et les outils d’évaluation qui convient, ainsi qu’à adapter sa communication. En autre, il doit savoir faire preuve de synthèse et de concision lors de la rédaction de rapports, tout comme il doit parfois maîtriser la langue afin de pouvoir « vendre » les atouts de ses clients.



Le contexte de travail des conseillers d’orientation en réadaptation professionnelle implique souvent des enjeux financiers et légaux. Cela fait en sorte que leur conclusion de rapports d’orientation peut être sujette à des controverses, des désaccords et parfois même à des convocations au tribunal administratif chargé de telles questions. Par conséquent, ils doivent organiser et mener leur travail de manière consciencieuse et rigoureuse, en toute conscience de leurs responsabilités. Ils doivent également être capables de manifester une affirmation de soi professionnelle : assumer ses actes,  pouvoir affirmer un diagnostic sans tergiverser, défendre son approche et ses interventions, pouvoir communiquer des résultats, même négatifs, à un client sans crainte des sentiments que l’on peut être alors appelés à gérer. Autrement dit, il doit pouvoir assumer un rôle d’expert, de professionnel, se comporter rapidement en senior. Malgré tout, il doit pouvoir garder et savoir exprimer son humour, de manière à pouvoir dédramatiser et enlever la pression de son travail.



Tout en possédant des connaissances propres aux réalités subjectives propres aux situations individuelles qu’il peut rencontrer, le conseiller d’orientation en réadaptation professionnelle doit se montrer ouvert aux différences et aux changements, assumer une attitude de non-jugement, ainsi que de ne pas craindre situations inconnues. En fait, sa curiosité devrait le motiver et l’amener à s’intéresser à chaque personne d’une manière unique. En raison de facteurs et d’enjeux médicaux, dont le rôle des médicaments qu’il doit connaître, le conseiller d’orientation en réadaptation est certes l’un des plus « investigateurs » selon la typologie de Holland. Pour développer de solides connaissances, notamment en santé mentale, il doit manifester une certaine aisance à apprendre, à s’intéresser autant aux connaissances de la psychologie que de la biologie humaine, car doit savoir lire des dossiers médicaux à propos de ses clients.







Les forces et les faiblesses des nouveaux




Les cinq conseillers rencontrés considèrent tout d’abord que tant les finissants de deuxième cycle que les nouveaux conseillers d’orientation qui insèrent leur milieu sont généralement conscients des problématiques propres au milieu de la santé mentale et physique. Leurs compétences théoriques et leurs expériences de vie personnelle et professionnelle antérieures s’avèrent des atouts d’intégration importants. Les diplômés et les nouveaux professionnels de l’orientation se voient de plus reconnaître un enthousiasme, une motivation, une ouverture d’esprit et une capacité d’autonomie leur permettant de faire face aux défis et aux apprentissages. Enfin, on reconnaît d’eux l’importance qu’ils accordent à des enjeux d’ordre éthique et à leurs connaissances déontologiques.



Certaines faiblesses sont toutefois rapportées à leur égard en ce qui à trait notamment à leurs craintes et à leur doute sur eux-mêmes lorsqu’ils sont mis en contact avec des situations et des clientèles nouvelles et inconnues. Cette fragilité au plan de la confiance en soi pourrait s’associer, selon les c.o. du milieu rencontré, au faible nombre d’heures de pratique précédant leur entrée en emploi. Une dernière faiblesse relevée est leur difficulté à gérer des situations d’impasses décisionnelles et relationnelles avec leurs clients.





Les suggestions qu’ils nous adressent …




« De la pratique, de la pratique, de la pratique ! », voilà ce qui vient initialement en tête des c.o. de ce milieu de réadaptation professionnelle lorsque vient le temps de suggérer des voies de développement possible de la formation en carriérologie. Plus spécifiquement, la discussion fait ressortir, entre autres, l’importance d’expérimenter l’intervention en classe et en dehors, à favoriser des apprentissages dynamiques et des mises en pratique. Pour eux, la maîtrise doit être le lieu d’apprentissages expérientiels. Les cours de counseling doivent favoriser l’acquisition de modèles et des cadres concrets et détaillés d’intervention « en orientation », que ce soit par des études de cas, le développement d’un cadre théorique ou conceptuel personnel à ses interventions ou encore à l’exploration de différents milieux de travail. La maîtrise doit être un moyen pour développer une rigueur, une discipline et un professionnalisme permettant de distinguer clairement la compétence d’un bachelier à celle d’un titulaire d’une maîtrise. En lien à ce qui est mentionné lors des paragraphes précédents, il faut créer des situations d’impasses relationnelles obligeant les étudiants à vivre de telles tensions et à composer personnellement avec celles-ci. Enfin, les milieux de pratique doivent participer activement au développement de la qualité de la formation, ainsi que de la supervision d’étudiants en contexte de réalisation de processus d’orientation complets au sein d’un service d’orientation.



En ce qui concerne les professeurs et les chargés de cours, il leur est fortement recommandé d’apprendre à se mouiller davantage en situation de formation pratique. Les c.o. rencontrés nomment l’importance de pouvoir apprendre du modelage d’interventions de professeurs et de chargés de cours réalisés devant eux et non seulement de proposer des occasions d’apprentissages par les pairs. Ces derniers doivent également manifester un souffle de dynamisme contagieux, que ce soit par leur implication et leur intérêt dans le domaine de l’orientation, au sein du programme d’études, au-travers de la communauté étudiante, ainsi que par le fait de parler de leurs travaux de recherche. Au niveau de la recherche, les conseillers d’orientations rencontrées proposent de trouver des moyens de rendre les travaux d’essais « plus pratiques », que ce soit en l’intégrant au stage de manière à ce que la problématique débute le premier jour de stage (ex. : quel est le problème dans ce milieu, cette clientèle, etc. ?) ou en donnant plus de sens aux connaissances scientifiques par des rétroactions directes et des liens avec l’exercice de la pratique. Également, il serait avantageux de définir le cadre de l’essai : nombre de pages, contenu, etc. Enfin, puisque la psychométrie occupe une place importante dans le secteur de la réadaptation professionnelle, il serait souhaitable que la formation de maîtrise en carriérologie puisse toucher un éventail de tests adapté aux différentes possibilités de clientèles (ex. : connaissance et application du WAIS, NEO, EG, ABAS, Hooper, Raven, JVIS). De plus, l’accent doit davantage être mis sur l’interprétation des tests et de mises en situation portant sur des interprétations de résultats de tests « pas l’fun » pour le client, de manière à amener l’étudiant à assumer sa position, à développer ses habiletés à utiliser les bons mots.



En terminant, les conseillers d’orientation en réadaptation professionnelle jugent important de maintenir une offre de cours de soir de manière à favoriser la participation de professionnels en emploi. Ils souhaiteraient toutefois de considérer la mise en place d’un tronc commun de formation plus restreint de manière à permettre ensuite à chaque étudiant de choisir un type d’intervention ou de clientèle cible qui sera davantage approfondie en fonction des intérêts de chacun (clientèle jeune ou femme non traditionnelle ou 40 ans et +, etc.)

 


Le cas de l’orientation au secondaire


 


Les informations rapportées dans cette section proviennent de seize conseillers d’orientation et d’une conseillère en formation.

 




Le travail et ses défis


 


Travailler en orientation à l’ordre d’enseignement secondaire implique, hormis l’éducation aux adultes, de travailler avec une clientèle d’adolescents. Tel que le soulignent les professionnels rencontrés, les élèves se connaissent peu à cet âge et ils n’ont pas fait beaucoup jusque-là d’expérimentation du monde du travail. C'est pourquoi ces jeunes présentent souvent de sérieuses difficultés à se projeter dans l’avenir, dans un emploi. Leurs idéaux sont souvent élevés, voir erronées par rapport aux réalités du marché du travail (ex : salaire de 40 000$/annuel = insuffisant), sinon stéréotypés sur le plan des professions envisagées (médecin, avocat, psychologue). De l’avis de la majorité des conseillers d’orientation de ce milieu, la connaissance de soi et des études des jeunes au secondaire est de plus en plus faible. Depuis la disparition du cours d’éducation au choix de carrière, les informations relatives à l’admission au cégep, aux programmes d’études, aux contingentements, ainsi que sur les professions sont plus difficilement rendues. Depuis l’élimination de ce cours du curriculum, les élèves arrivent, selon eux, à la fin de leurs études avec un gros manque de connaissances de soi et des possibilités de carrières accessibles. Il est question depuis d’approche orientante (AO) et de projet personnel d’orientation (PPO), mais cela leur semble insuffisant pour bien préparé les jeunes vers des choix post secondaires éclairés.



Le contexte de travail des conseillers d’orientation au secondaire engendre également des particularités au niveau de leurs tâches et de leurs responsabilités. Tout d’abord, ils travaillent dans une institution sociale, celle de l’éducation. Ils doivent donc prendre connaissance et gérer tous les changements découlant de décisions ministérielles comme c’est actuellement le cas avec le renouveau pédagogique. Plus concrètement, cela implique d’abord de gérer la confusion générale des élèves, des parents, voire même de collègues par rapport aux changements apportés au niveau de préalables, de modalités d’évaluation des apprentissages, etc. Les conseillers d’orientation du secondaire travaillent bien plus souvent en groupe, en comité ou encore sur des fonctions d’encadrement administratif qu’en rencontre de counseling individuel. Ils réalisent des suivis au sein de différentes activités pédagogiques de l’institution, ils procèdent à des rencontres massives d’élèves lors des périodes de choix de cours, ils gèrent et organisent des quantités importantes d’informations sur les établissements collégiaux et universitaires, ainsi qu’ils doivent s’occuper de tâches d’inscription et de classement des élèves, tout en maintenant des liens de travail avec les enseignants et les membres de la direction. Enfin, un aveu de l’ensemble des professionnels participant à l’enquête est qu’ils manquent de temps pour faire tout ce qu’ils aimeraient faire. Également, nombre d’entre eux doivent offrir leurs services dans plus d’une institution afin de compléter un horaire à temps plein. La gestion de temps, mais aussi de stress est importante.



Enfin, l’une des particularités de l’orientation auprès d’élèves du secondaire est que leurs parents jouent généralement un rôle omniprésent dans leur vie scolaire et personnelle. Au quotidien, cela amène les conseillers d’orientation à tenir compte du rôle d’influence des parents sur le choix des élèves. C’est entre autre le cas où le parent souhaite voir son enfant poursuivre des études universitaires, puisqu’il en a les capacités, alors que ses intérêts le guide davantage vers une formation technique au collégial ou une formation professionnelle. En raison de la réalité pluriethnique qui prévaut sur l’Île de Montréal et de plus en plus partout ailleurs au Québec, il faut tenir compte de l’influence à la fois culturelle et parentale. Les conseillers rencontrés observent notamment la pression familiale portée par le jeune immigrant à ce dont il poursuive des études supérieures pouvant faire honneur à la famille proche et éloignée. En regard du dogme d’un choix professionnel éclairé passant par l’actualisation de soi, le réalisme veut plus souvent d’accompagner ces jeunes à naviguer entre leur idéal (ou du moins, celui des parents) et les obstacles vécus dans la réalité (ex : échec en math). De l’avis de plusieurs des professionnels présents, c’est souvent tenter de trouver des solutions miracles que d’identifier un cheminement intéressant et réaliste avec un élève qui, il ne faut pas l’oublier, est dans une période de changement et de bouleversement importants au plan identitaire.



En somme, les conseillers du secondaire rencontrés se disent constamment amenés à concevoir autrement l’orientation. Leur rôle au sein de la mission éducative, leurs fonctions au sein de l’institution, les tâches de relais d’information desquels ils sont responsables, ainsi qu’un accroissement de situations d’élèves dits « à risques » (troubles d’apprentissage; déficit d’attention) ou influencés par des facteurs culturels parfois divergents fait en sorte qu’ils cherchent tous les moyens possibles afin de mobiliser les jeunes au regard de leur présent et de leur avenir.





Les compétences recherchées




En regard des réalités présentées précédemment, les compétences recherchées porteront grandement sur des habiletés de communication interpersonnelle et d’énergie personnelle. Tout d’abord, en raison de la nature éducative de leur fonction, ils doivent posséder de solides connaissances au plan de l’information scolaire et professionnelle : programmes d’études, professions, sanctions, exigences, préalables, technologies. Ensuite, ils doivent être des communicateurs pertinents et crédibles. Tout d’abord, il doit être facile pour eux de créer des liens  avec les élèves et savoir comment déclencher chez eux la préoccupation et la réflexion personnelle à l’égard de leur avenir. Au-delà des mots, ils doivent savoir trouver des façons créatives (et parfois très spontanées) de les impliquer sans leur en mettre trop sur les épaules. Ils doivent également savoir communiquer avec les parents des élèves en tenant compte de la réalité de ceux-ci, de leurs parcours personnel et migratoire, des valeurs et des rêves qu’ils portent pour leurs enfants. Toutefois, en gardant à l’esprit qu’ils participent au développement intégral de l’élève, ils doivent savoir rassurer et expliquer la notion de choix éclairée pour le jeune qui s’oriente. Sans être une exigence formelle, il peut être bienvenu de posséder la connaissance d’une deuxième langue, voire d’une troisième, de manière à mieux communiquer, mais également à favoriser l’ouverture sur la culture de l’autre. Enfin, la communication doit également savoir s’opérer auprès de collègues. Afin de fournir une place relativement importante à l’orientation à l’ordre d’enseignement secondaire, les conseillers d’orientation doivent savoir se montrer dynamique, vif d’esprit, autonome, débrouillard et pouvant s’adapter à des situations et à des individus de toutes sortes. Ils doivent également posséder des talents d’organisateur pour des événements spéciaux ou tout simplement pour le maintien d’un centre d’information scolaire et professionnelle. Finalement, compte tenu de nouvelles problématiques émergentes telles que les difficultés d’apprentissage, les déficits d’attention et d’hyperactivité, ainsi que d’autres troubles de la personnalité qui se manifestent souvent à l’âge des études secondaires, le conseiller doit apprendre à se former lui-même à différentes connaissances d’ordre psychologiques de manière à pouvoir accompagner, sinon référer de manière efficace.



Les forces et les faiblesses des nouveaux




Parmi les principales forces relevées à l’égard des stagiaires de deuxième cycle et des conseillers d’orientation récemment diplômés, les participants de l’enquête relèvent les suivantes : créativité dans l’élaboration d’activité de groupe, capacité d’écoute en contexte de relation d’aide, débrouillardise et adaptation au changement, curiosité. Du coté des points à améliorer se retrouvent des dimensions plus techniques, à savoir le manque de renseignements sur la récente réforme de l’éducation (les parcours, séquences), sur l’approche orientante, sur les nouvelles modalités d’exigences pour la diplomation, ainsi que sur changements relatifs aux admissions dans le réseau d’enseignement collégial.





Les suggestions qu’ils nous adressent …




Compte tenu des propos rapportés lors des paragraphes suivants, il n’est pas surprenant de constater que les premières suggestions rapportées par les participants relèvent de l’importance d’une meilleure connaissance au système éducatif. Pour eux, il importe que les universités puissent former les étudiants universitaires en tenant compte du cadre hautement éducatif et institutionnel du travail de conseiller d’orientation en scolaire. Cela implique non seulement des connaissances spécifiques à la relation d’aide selon eux, mais également en au niveau plus spécifique du système éducatif, sur la manière de procéder à des tâches de classement d’étudiants, d’évaluation de parcours scolaire, d’analyse du rôle des conseillers d’orientation dans le système éducatif québécois. Également, un appel aux universités est fait en ce qui à trait à l’importante de tenir compte de la pluralité de tâches auxquelles ces conseillers d’orientation sont confrontés quotidiennement. Pour eux, il apparaît plus pertinent de former les étudiants universitaires à pouvoir mener des processus courts d’orientation que de continuer à se former pour de longs processus qu’ils ne pourront jamais faire dans les conditions actuelles du système éducatif. En ce sens, les futurs conseillers d’orientation devraient être mieux formés pour assumer des interventions et des animations de groupes, car c’est ainsi qu’il pourra rejoindre le plus d’étudiants et passer le plus de temps auprès d’eux. De plus, la communication auprès de groupes implique l’aisance à parler devant un groupe, d’administrer des passations collectives d’outils psychométriques, de concevoir des programmes d’information et d’éducation qui soient innovateurs et efficaces rapidement.



Les universités et les milieux de pratiques au secondaire sont appelés à plus de collaboration et de partenariat afin de construire des contenus de formations plus adaptées aux réalités de ces derniers. En plus des éléments rapportés au paragraphe précédent, il est également suggérer d’offrir d’une part des cours portant sur certaines difficultés rencontrées de plus en plus chez les jeunes (difficultés d’apprentissage, réalités personnelles et sociales des immigrants, troubles de santé mentale), que sur des connaissances théoriques de base se rapportant aux autres expertises de leur milieu (enseignement, psychoéducation, travail social).



La formation doit être plus pratique de manière à rendre plus adaptable l’information scolaire et professionnelle, ainsi que les autres fonctions quotidiennes du conseiller d’orientation : conseil en information personnalisé, classement d’élèves, analyse de dossiers et résolutions de problèmes scolaires techniques (ex. : organisation d’une séquence de cours versus objectif de l’élève). Également, les participants relèvent l’importance d’accroître la présence de stages en milieu scolaire. De leur avis, il faut permettre aux élèves de faire rapidement des stages d’observation, ainsi que de poursuivre des stages pratiques moins longs en durée, mais plus fréquents (ex. : une journée fois aux deux semaines).  Enfin, les universités sont appelées à solliciter davantage les conseillers d’orientation du milieu scolaire afin de les tenir informés, ainsi que leurs étudiants, des nouveaux changements et de nouvelles informations pertinentes à leur enseignement ou apprentissage.





Le cas l’orientation à l’université


 


Les informations rapportées dans cette section proviennent de sept conseillers d’orientation et d’une psychologue.  





Le travail et ses défis


 


La clientèle universitaire est, de l’avis des participants, de plus en plus diversifié. La majorité d’entre elle se compose de jeunes adultes vivant de sérieuses remises en question relativement à leurs capacités, leur motivation et leur déception suite à la réalisation d’études universitaires non concluantes au plan des intérêts ou en situation d’indécision face à l’idée de poursuivre des études supérieures. Il existe également chez ces jeunes adultes une forte confusion au plan de la distinction des concepts d’intérêts et d’aptitudes lorsque vient le temps de se positionner face à des options de choix d’études et de carrière. Au-delà de la stricte dimension de choix scolaire et professionnel, les personnes rencontrées mentionnent que l’aide à l’adaptation aux études universitaires et le maintien de ces derniers dans leurs programmes par la suite constituent des enjeux importants au niveau de la pratique du counseling de carrière dans ce milieu. La mise en place de stratégies d’adaptation scolaire et professionnelle joue ainsi un rôle important, notamment en ce qui a trait à l’aide à la gestion de déception et de deuil, ainsi que de difficultés psychologiques concomitantes. En fait, il semble ici être beaucoup plus question de « ré » orientation que d’orientation. Étant donné que ces professionnels travaillent avec des gens qui ont déjà fait un choix (même s’il n’était pas toujours éclairé au départ), il est courant de réaliser d’abord un bilan de compétences auprès des clients, de procéder à un désamorçage des émotions associées à la décision d’abandonner ses études ou à celles associées à l’effort pénible de les poursuivre. Un travail de reprise de contact avec la réalité est alors mis en place. Enfin, l’orientation en milieu universitaire auprès de sortants des études collégiales consiste également à aider ces personnes à devenir adulte, donc à mieux se connaître, à mieux saisir le monde dans lequel ils évoluent, ainsi que de développer des stratégies d’adaptation en conséquence.



En plus de desservir une clientèle étudiante composée de jeunes adultes ayant réalisé la majeure partie de leurs études au Québec, les services d’orientation en milieu universitaire rencontrent également les étudiants d'autres provinces et surtout d'autres pays et continents. Ce que l’on nomme la clientèle internationale présente ses propres enjeux spécifiques d’orientation scolaire et professionnelle. Tout d’abord, une proportion importante de cette clientèle se compose d’individus qui exerçaient à titre de professionnels avant de venir étudier au Québec. De plus, en raison de l’imbroglio qui existe en matière d’immigration de la terre d’origine à la terre d’accueil, plusieurs de ces étudiants arrivent souvent en conseil d’orientation avec des rêves d’avenir professionnel non réalistes, portés la plupart du temps par l’attribution d’un rôle ou d’une mission, hautement anxiogène, de réussite familiale, pouvant rejaillir sur toute la famille d’origine proche et étendue. Enfin, au-delà de la clientèle des jeunes adultes et des étudiants étrangers, les services d’orientation en milieu universitaire sont également offerts à des étudiants plus âgés, réalisant un retour aux études à temps plein ou faisant des études universitaires à temps partiel. Ces étudiants ont des attentes et des espoirs personnels qu’ils doivent combiner avec leurs responsabilités conjugales, parentales et financières. Il y a aussi la clientèle externe qui fréquente les services d’orientation, soit celle d’individus qui sont prêts à payer le « plein prix » de consultation, dont les motifs de consultation sont aussi variés que ceux que l’on retrouve en cabinet de pratique privée.



Depuis trois ou quatre ans, un phénomène surprenant et préoccupant prend de plus en plus de place, soit celui du rôle des parents par rapport à l’orientation de leurs jeunes. Chaque année, les professionnels sont couramment confrontés à tenir compte de la présence de parents qui vont, entre autres, s’occuper d’initier la prise de rendez-vous et le suivi de ceux-ci, mais qui de plus en plus vont demander à être informés de l’évolution du processus de leur enfant ou encore pouvoir être présents lors des rencontres. Les professionnels doivent donc être au clair au plan déontologique et éthique en regard de ces demandes, tout en demeurant à l’écoute de ces parents qui, en soit, joue un rôle au sein du processus d’orientation et de la vie des jeunes. Aussi, il importe ici de tenir compte que le rôle du parent dans la prise de décision pour les enfants varie d’une culture à une autre.



À l’instar des autres milieux de pratique, les professionnels de l’orientation en milieu universitaire notent, depuis quelques années, l’émergence de clientèles de plus en plus aux prises avec des problèmes de déficit d’attention et d’hyperactivité, ainsi que de troubles de personnalité associés plus particulièrement à un haut fonctionnement au plan scolaire.  Il devient alors impératif pour ces professionnels de devoir non seulement s’informer, mais également se former pour mieux s’adapter aux enjeux propres à ces clientèles.





Les compétences recherchées




Pour le groupe de personnes rencontrées, les finissants d’études supérieures en counseling de carrière et les nouveaux conseillers d’orientation qui souhaitent œuvrer en milieu universitaire doivent faire preuve de maturité professionnelle. Cette maturité relève tout d’abord d’une connaissance de soi pouvant s’appuyer sur la reconnaissance de ses propres limites en contexte de relation d’aide, la présence d’un esprit autocritique permettant à la personne pouvoir réellement se questionner sur elle-même, ainsi qu’une maturité plus spécifiquement affective en termes de pouvoir accueillir et gérer ses propres émotions lorsqu’elles émergent en situation d’intervention. Pour les personnes rencontrées, la maturité professionnelle doit initialement reposer sur une intégration clinique implique une certaine période de résidence en milieu de pratique. Le milieu de pratique universitaire dont il est question ici propose à tous ces nouveaux c.o. de pratiquer de façon continue pendant un an à raison de trois jours par semaine de manière à se confronter à une hétérogénéité de problématiques rencontrées et au travail sur soi qui s’accompagne à cela sur une base quotidienne. Cette période de résidence permet également aux professionnels de l’orientation de bénéficier de l’encadrement d’un superviseur clinique chargé d’offrir une aide personnalisée et ponctuelle en situation d’action, de même que de pouvoir participer à des réunions cliniques avec l’ensemble des professionnels rattachés aux services d’orientation. L’intérêt pour un tel engagement figure parmi les principales qualités recherchées.



Sur le plan des compétences relationnelles, il importe selon les personnes rencontrées que les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation soient capables d’entrer en relation avec différents types d’individus et être capable d’empathie auprès de ces derniers. Ils doivent également comprendre l’intentionnalité guidant leurs interventions et être capables d’une ouverture authentique de soi auprès de l’autre. Compte tenu de la variété des clientèles et des différents niveaux de problématiques, le finissant et le conseiller d’orientation doivent posséder suffisamment de connaissances en psychopathologie pour bien évaluer et reconnaître leurs limites en contexte d’intervention. En fait, le conseiller d’orientation recherché doit pouvoir raisonner comme un professionnel et non comme un technicien. À cet égard, il doit avoir non seulement une notion claire de la manière de conduire un processus d’orientation, mais également pouvoir poser une évaluation personnalisée et adaptée à chaque client de manière à ne pas travailler à la manière d’un automate. Enfin, compte tenu du niveau de scolarité et de la diversité des réalités psychologiques, mais aussi informationnelles avec lesquelles il doit composer, le conseiller d’orientation doit faire preuve d’une grande curiosité intellectuelle et d’une culture générale étendue.





Les forces et les faiblesses des nouveaux




Les forces et les faiblesses des finissants d’études supérieures en orientation et de nouveaux conseillers d’orientation sont passablement décrites en filigrane au-travers des  défis, des préoccupations et des compétences recherchées mentionnées jusqu’à présent. Au niveau des forces, les personnes rencontrées jugent que ces étudiants et jeunes professionnels possèdent généralement une bonne capacité à faire usage de compétences relationnelles en contexte de counseling. Au niveau des aspects à développer davantage, il est question de maturité professionnelle, de connaissance de soi en situation d’intervention, de reconnaissance de ses propres limites, de maturité affective, de curiosité et de culture générale. À cela s’ajoute le manque d’expérience au plan clinique à la sortie des études universitaires, ainsi qu’une conception claire d’un processus d’orientation et de la capacité de porter un jugement professionnel relatif à sa propre évaluation d’une situation.





Les suggestions qu’ils nous adressent …




Fil conducteur de l’ensemble des propos amenés par les personnes rencontrées, l’intégration d’une plus grande maturité professionnelle constitue la première suggestion formulée pour le développement de futurs programmes de maîtrise en orientation. Le moyen privilégié pour développer cette maturité professionnelle consiste en l’intégration d’une phase de résidence au sein du curriculum de formation. Entre autre, il est proposé l’intégration d’une période de résidence implique une pratique continue et à temps plein, à raison de trois jours par semaine durant un an. Celle-ci devrait prévoir la confrontation des étudiants à une pluralité de clientèles et de problématiques, ainsi qu’à des occasions nombreuses de supervisions et de réunions cliniques.



En termes de cours théorique, il est proposé d’intégrer un cours d’épistémologie ou d’introduction spécifique à l’orientation professionnelle impliquant une exposition rapide aux réalités du travail de relation d’aide propres à ce domaine. La formation devrait également permettre l’élaboration d’un portfolio de ses apprentissages sous la forme de bilan personnel, de découvertes à la réalisation de processus d’orientation appliqué à autrui, mais également à soi-même. Ce type de démarche pourrait, de l’avis des personnes rencontrées, se réaliser à plus d’un moment tout au long des études, par l’attribution d’un crédit universitaire de formation à la fois, de manière à assurer un suivi de progression et de réflexion continues. Lors des stages d’étudiants à l’extérieur de l’université, il pourrait être intéressant de prévoir un séminaire pour les stagiaires intégrant des études de cas et de soi-même en situation de pratique, ainsi que l’intégration d’éléments personnalisés d’intégration professionnelle. À propos de ces stages, il importe que ceux-ci impliquent un développement professionnel réalisé auprès du plus grand nombre de milieux de pratique, mais également une accréditation plus formelle et conforme des superviseurs en milieu de stages de manière à s’assure de la qualité de l’encadrement offert à cet égard. Enfin, il est suggéré que les cours de psychométrie offrent plus d’applications cliniques. Plus concrètement, il est fait mention d’un souci d’enseignement au niveau de la manière de s’approprier un test autrement que par sa construction mécanique, de pouvoir vérifier des hypothèses dans l’action, ainsi que d’approfondir les questions de rédaction de rapports d’évaluation et de communication de résultats  auprès de personnes en démarche d’orientation.




Points de convergence




Cette dernière section expose les principaux points de convergence relevée au sein des propos de participants de tous les secteurs de pratique. Cela peut ainsi permettre au lecteur d’avoir une perspective globale et possiblement nouvelle du rôle contemporain des conseillers d’orientation.





Ce qu’ils nous ont dit sur le travail et ses défis …




Ø  Un profil de clientèle plus diversifié



Bien qu’un milieu puisse apparaître assez spécifique quant à la clientèle à qui il offre des services d’orientation, la réalité est toute autre. Les problématiques d’orientation varient au sein même de ces groupes de par l’âge, le statut socioéconomique et les problèmes personnels et sociaux rattachés aux clientèles. C’est entre autre le cas de la clientèle immigrante de plus en plus importante dans tous les secteurs de pratique traités dans ce rapport.





Ø  Un besoin de qualification en santé mentale et troubles d’apprentissage



Des participants de tous les milieux ont mentionné voir, année après année, une proportion croissante de clients aux prises avec des problèmes de santé mentale. Les raisons de cet accroissement ne sont pas abordées explicitement par les participants. Ce qui est toutefois clair de leur part, c’est importance de pouvoir posséder plus de connaissances cliniques à cet effet de manière à mieux intervenir ou recommander des personnes aux prises avec des problèmes de dépression, d’anxiété généralisée, de troubles bipolaires, de personnalités limites, etc. Plus particulièrement dans le milieu scolaire, mais également en employabilité et en réadaptation professionnelle, il s’ajoute l’importance d’aborder ces mêmes préoccupations et ces mêmes besoins par rapport aux personnes aux prises avec des problèmes de déficit d’attention, d’hyperactivité et de troubles d’apprentissage. 






Ø  La recherche de modèles d’intervention plus globaux 



 Les interventions des conseillers d’orientation sont ainsi de plus en plus diversifiées et complexes sur la seule prise en compte de l’émergence de clientèles nouvelles et plus difficiles à aider selon les approches classiques de l’orientation. À cela s’ajoutent également des conditions de travail en pleine transformation. Le conseiller d’orientation ne travaille plus seul. Il doit savoir jouer un rôle-conseil au sein de son milieu, auprès de partenaires de la collectivité locale et institutionnelle, tout en pouvant gérer les cadres et les réglementations imposés par des institutions et des organismes publics. C’est pourquoi des participants de tous les milieux ont souligné avoir dû concevoir et appliquer de nouveaux modèles d’intervention « maison » de manière à survivre professionnellement dans un environnement de plus en plus exigeant au niveau du temps dévolu, du cadre et des règles qui englobent l’intervention.





Ø   L’orientation comme stratégie d’adaptation aux enjeux de vie personnelle, professionnelle et sociale  



Dans plusieurs milieux, il a été question que les besoins des clientèles en orientation professionnelle ne soient plus autant ceux de faire des choix scolaires et professionnels ou d’élaborer des projets d’avenir, mais bien de « faire face » à des situations de parcours de vie. À maintes reprises, il a été question de services de « ré » orientation, d’adaptation et de réadaptation professionnelle. Ainsi, les services de conseillers d’orientation ne semblent plus autant viser la préparation d’une trajectoire vers un avenir porteur d’espoirs, mais plutôt le développement de compétences personnelles par l’identification et la mise en œuvre de stratégies permettant de cheminer au sein d’un parcours de vie quotidienne, composé de réalités et de contraintes souvent nombreuses. C’est notamment ce que nomment de nombreux participants lorsqu’ils soulignent que leur travail implique le développement d’une perspective de soi et du monde plus réaliste chez les clients, la gestion de deuils, l’accompagnement en situation de transitions de vie scolaire et professionnelle, la prise en compte de dommages collatéraux au plan psychologique et relationnel.





Enfin, bien qu’il ne puisse s’agir de points de convergence pour tous les secteurs de pratique, il a été question à quelques reprises de la présence grandissante des parents lors de la réalisation de services d’orientation auprès d’adolescents et de jeunes adultes. À cet égard, il faut faire mention de la combinaison entre rôle de parent et statut d’immigrant où ce phénomène d’implication dans la démarche de son enfant est accentué selon des normes et des valeurs culturelles différentes où le rôle parental peut s’avérer différent.





Ce qu’ils nous ont dit sur les compétences recherchées …




Ø  La maturité personnelle et professionnelle



Le type de compétence le plus recherché parmi les participants rencontrés porte sur la maturité personnelle et professionnelle. Souvent rapporté en termes de « posséder une bonne connaissance de soi », l’explicitation des propos démontre bien qu’il s’agit non pas ici de connaître ses traits de personnalité que de savoir composé avec soi-même et en interaction avec autrui. Pour les participants, le conseiller d’orientation doit pouvoir d’abord se connaître et se gérer lui-même au plan psychologique. Il doit autant pouvoir être capable d’identifier des problématiques et d’engager des interventions adaptées chez autrui, qu’il doit être suffisamment apte, honnête et autocritique pour le faire sur lui-même. Au plan interpersonnel, il doit pouvoir reconnaître les émotions qui l’habitent en situation d’intervention de manière ajustée et pertinente.  





Ø  L’affirmation professionnelle



Les milieux de travail où nous avons rencontrés les participants de l’enquête mentionnent clairement rechercher des finissants et des nouveaux conseillers d’orientation qui puissent se positionner professionnellement en regard de ce qu’ils posent comme intervention, tout comme il est attendu qu’ils peuvent expliquer et défendre leurs choix auprès de clients, de collègues, de supérieurs et de mandataires. À nouveau, cette compétence se situe à la frontière du personnel et du professionnel puisqu’elle s’associe à la confiance en soi, à la conviction dans ses principes et ses valeurs,  dans la capacité de s’engager, de s’impliquer, de se confronter aux autres et de se confronter soi-même.





Ø  La capacité de communiquer à différents niveaux



À plusieurs moments, mais sur des thèmes et des enjeux de pratique différents, les participants nomment l’importance à ce que les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation puissent communiquer aisément avec les personnes avec qui ils doivent interagir, développer des liens et convaincre de leurs idées. Au-delà de savoir communiquer auprès de son client en contexte de relation d’aide, il est également mentionné l’importance de pouvoir intervenir en groupe. Il s’avère également important de pouvoir utiliser ses compétences relationnelles pour établir des liens avec des collègues, des partenaires et tout autre acteur avec qui il importe d’interagir pour s’affirmer et s’afficher au sein de son milieu de travail. Cela vaut autant pour l’aspect relation d’aide du travail de professionnel de l’orientation, que pour la capacité d’organiser des événements et de participer à des activités d’information et de promotion de services. Tous ces contextes peuvent bénéficier de la capacité des finissants et des jeunes conseillers d’orientation à faire preuve de présence et d’écoute, de respect et d’empathie.





Ø  La rédaction professionnelle   



Les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation sont informés plus haut de l’importance de pouvoir communiquer oralement à plus d’un niveau. Selon les propos recueillis, il semble en être de même au niveau de la communication écrite. De l’avis de nombreux participants, les conseillers d’orientation doivent pouvoir affirmer leur professionnalisme par un écrit précis au plan du vocabulaire, claire au niveau de la synthèse, fluide au plan de l’argumentation des idées, ainsi que consciencieux et rigoureux au niveau des informations transmises. En contexte d’orientation, il importe d’être en mesure de produire des rapports conformes à des normes, tout en étant claire pour les personnes appelées à en faire la lecture.





Ø  Des connaissances pratiques en santé mentale



Les participants de tous les milieux de pratique ont fait part de préoccupations à l’égard d’un accroissement de la clientèle aux prises avec des problèmes de santé mentale plus ou moins accentués. Dans tous les cas, il a été par la suite question de l’importance à ce que les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation puissent être mieux outillée à ce niveau afin de pouvoir offrir des services d’orientation adaptés en conséquence. Jusqu’à présent, il est à constater que les professionnels de l’orientation confrontés à de telles problématiques doivent souvent aller chercher, par eux-mêmes ou par la formation continue en milieu de travail, les connaissances nécessaires afin de bien comprendre leurs clients et de pouvoir intervenir adéquatement auprès d’eux.



Ø  La curiosité et la culture générale



À plusieurs reprises, dans la plupart des milieux, les participants ont relevé l’importance à ce que les professionnels de l’orientation maintiennent une solide culture générale afin de bien comprendre les enjeux à la fois psychologiques, mais également sociaux, politiques, culturels et environnementaux liés à leur travail et à leurs clients. Il importe également qu’ils possèdent une grande curiosité afin de mieux s’outiller de connaissances variées et diversifiées de façon à affirmer leur ouverture sur les autres et  sur le monde, aux différences, aux changements et aux situations nouvelles.







Ce qu’ils nous ont dit sur les forces et les faiblesses des finissants et nouveaux conseillers d’orientation …




Les forces



Ø  Une bonne formation théorique de base



Les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation semblent être reconnus pour leur intérêt et leur motivation à apprendre de nouvelles connaissances et à expérimenter de nouveaux apprentissages. Au départ, ils apparaissent arriver avec une bonne formation de base au plan théorique, ainsi qu’en matière d’information scolaire et professionnelle, ainsi que de psychométrie. Ils accordent aussi beaucoup d’importance au respect et à l’application de règles déontologiques et éthiques.





Ø  La maîtrise de certaines compétences relationnelles 



Les participants reconnaissent aux finissants et aux nouveaux conseillers d’orientation la capacité d’intervenir à l’aide de compétences relationnelles de base (ex. : empathie, authenticité, etc.) et spécifiques (ex. : reflets, questions ouvertes, résumés), sans toutefois leur reconnaître la  maîtrise de compétences plus avancées (ex. : confrontation, interprétation, etc.).






Les limites (points à développer)





Ø  Difficultés à faire progresser la dynamique d’un processus et du client



Il est certes reconnu chez les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation qu’ils peuvent engager une relation d’aide et aider un client à réfléchir sur son parcours, ainsi que sur certains thèmes significatifs. Toutefois, plusieurs participants notent un certain point de limites en termes de compétences lorsque vient le temps de mobiliser leur client ou lorsque vient le moment de gérer des situations d’impasses décisionnelles et relationnelles avec leurs clients.





Ø  L’inconscience et l’évitement de ses angles morts



Se voir intervenir, se voir réagir, se voir ressentir, voilà globalement le type de commentaires formulés à titre de limite ou de manque chez les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation. De plus, il est mentionné dans certaines occasions des situations où le conseiller d’orientation évite de se confronter en renonçant à s’engager et à s’ouvrir auprès de certains clients ou certaines problématiques. À ce propos, il y a là place au développement d’une plus grande compréhension empathique de soi par la remise en question de vérités universelles et par l’autocritique en matière d’évaluation de ses interventions.





Ø  Le manque d’expérience pratique 



En effet, il est naturellement possible de s’attendre à ce que les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation puissent manquer de pratique. C’est là le lot de la plupart des étudiants ou personnes récemment sorti des études. Néanmoins, les propos amenés portent sur des éléments spécifiques tels que le nombre d’heures passées en milieu de pratique, la capacité de concevoir une intervention en orientation et celle de porter un jugement professionnel. Dans l’un des milieux, les participants relevaient la possibilité que le manque de confiance de plusieurs serait pourrait justement s’associer au manque d’heures de pratiques et à la diversité des problématiques rencontrées.






Ø  Le manque de curiosité et de culture générale



Les participants de trois milieux sur les quatre rencontrés ont évoqué un certain manque en termes de curiosité et de culture générale chez les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation. Dans chacun des milieux, certains types de connaissances, qu’elles soient d’ordre technique ou conceptuel, sont importantes pour exercer ses fonctions de travail. Le manque rapporté concerne le fait qu’il serait davantage attendu que les étudiants inscrits à des programmes d’études supérieures en orientation soient d’une part mieux formés à ces connaissances spécifiques aux principaux secteurs de pratique en orientation, mais également que les futurs professionnels puissent avoir par eux-mêmes développer une plus grande curiosité. 



 


Ce qu’ils nous suggèrent …






Ø  Valoriser les apprentissages pratiques  





Les participants souhaitent voir les finissants réaliser différents types de processus d’orientation, de durée variable et s’appuyant sur différentes approches et différents modèles, de manière à ce qu’ils puissent s’adapter à différents contextes.  À ce propos, il est suggéré également de mettre en place un programme de maîtrise avec tronc commun et option de choix de spécialisation de manière à permettre à chaque étudiant de choisir un type d’intervention ou de clientèle cible respectant ses  intérêts (clientèle jeune ou femme non traditionnelle ou 40 ans et +, etc.) Enfin, il est question d’accroître le nombre d’heures de stages en milieu de pratique, que ce soit d’abord par des stages d’observation ou des stages plus courts, afin qu’ensuite la présence soit plus assidue au point même de considérer une période de résidence en fin d’études de maîtrise.






Ø  Transmettre des connaissances centrées sur les enjeux et les problématiques courantes en orientation professionnelle



Dans les différents milieux de pratique où a été menée l’enquête, il est maintes fois question d’intégrer des contenus d’apprentissages théoriques qui soient plus en lien avec des phénomènes, des problématiques ou bien de procédés de travail spécifiques à certains secteurs de pratiques : transition, indécision, anxiété et stress, décrochage, précarité, chômage, dépendance étatique, système éducatif et réforme en éducation, troubles de santé mentale). Pour les participants, il importe également de considérer que le travail des conseillers d’orientation s’opère aussi en counseling de groupe, sinon en contexte d’animation et de présentation devant un public. À ce propos, il importe de considérer que les différentes compétences théoriques et pratiques des conseillers d’orientation puissent également être ainsi exprimées de manière efficace et novatrice. Enfin, il est question d’inclure un cours d’épistémologie ou d’introduction spécifique à l’orientation professionnelle impliquant une exposition rapide aux réalités du travail de relation d’aide propres à ce domaine.







Ø  Favoriser le développement personnel de l’étudiant  



Dans l’idée que le principal outil de travail des conseillers d’orientation est leur propre personne, il est proposé de choisir des stratégies pédagogiques qui puissent élever leur sens critique et le pouvoir d’affirmation personnelle des étudiants par des occasions de confrontation de soi-même en contexte de relation interpersonnelle. Il est également considéré l’idée de mettre en place des moyens concrets afin de confronter les étudiants à des situations souvent difficiles en orientation professionnelle telles que celles d’impasses relationnelles. De plus, un journal ou un port folio de ses apprentissages et de ses expériences pratiques devrait être suggéré aux étudiants de manière à les amener à faire le point sur eux-mêmes tout au long de leur parcours de formation.





Ø  Diversifier les modalités d’encadrement des étudiants



Tout d’abord, à l’université il est suggéré de mettre en place des mesures de soutien et d’encadrement des étudiants au-travers de leur parcours, que ce soit sous forme de tutorat par un professeur, de mentorat par un professionnel ou de coaching individuel. Durant les périodes de stage à l’extérieur, l’université pourrait également être le lieu de séminaires de pratique où il serait alors possible d’échanger et d’intégrer ses apprentissages en situations réelles. En stage, il demeure toutefois important que les universités puissent s’assurer que leurs étudiants peuvent être confrontés à une pluralité de clientèles et de problématiques, ainsi qu’à des occasions nombreuses de supervisions et de réunions cliniques dans le milieu. En ce qui concerne les superviseurs, il est à ce propos suggéré de viser des normes  d’accréditation de manière à assurer la conformité et la qualité de l’encadrement à l’externe.





Ø  Participer et s’impliquer plus activement dans la formation des étudiants  



Il est jugé souhaitable que les professeurs et les chargés de cours puissent eux aussi participer aux situations pratiques qu’ils proposent de manière à fournir une occasion de modelage pour les étudiants. Également, il est souhaité que ces derniers soient plus impliqués dans leur programme d’études, dans leur profession, de même qu’ils abordent davantage des connaissances en lien avec leurs propres travaux de recherche. Cette attitude peut même, de l’avis de certains participants, procurer un dynamisme contagieux à la fois aux étudiants du programme, ainsi qu’au sein du programme lui-même.





Ø  Établir des occasions de dialogue et de travail entre l’université et la pratique



Il est suggéré d’inviter davantage les praticiens à venir parler de leur travail et de leur secteur de pratique aux étudiants de deuxième cycle, de même que d’inviter les professeurs à venir faire de même auprès d’eux. À un niveau plus avancé, il est proposé d’envisager des occasions régulières d’échange, le développement de projets communs de formation et de recherche.





Ø  Intégrer la pratique de la psychométrie aux pratiques du counseling



En fonction des problématiques et des types de clientèles qu’ils rencontrent, les conseillers d’orientation doivent choisir les outils psychométriques les mieux adaptés. Pour se faire, il importe que les finissants puissent non seulement connaître et savoir utiliser les instruments psychométriques les plus souvent utilisés en orientation et dans ses principaux secteurs de pratique (GROP, Strong, WAIS, NEO, EG, Hooper, Raven, JVIS), mais également connaître les dernières nouveautés disponibles. D’une part, il est reconnu l’importance d’être formé au choix éclairé d’instruments psychométriques en regard d’une situation d’intervention donnée (valeur, efficacité, limites, analyse critique). D’autre part, il est tout de même considéré que la majeure partie du temps de formation en psychométrie devrait miser sur des mises en situation d’interprétation des tests de manière à amener l’étudiant à assumer sa position, à développer ses habiletés à utiliser les bons mots et ultimement à produire des rapports d’orientation adaptés aux pratiques.





Ø  Proposer plus de recherche pratique



Pour les praticiens rencontrés, les compétences en recherche transmises à la maîtrise devraient servir l’avancement de sa pratique professionnelle. Par conséquent, il est proposé d’offrir aux étudiants des occasions de travaux de recherche leur permettant d’approfondir certains thèmes ou sujets propres à leurs intérêts dans les milieux de pratique. Également, parmi les différents types de recherches, il est suggéré de mettre davantage d’efforts pour amener les étudiants à faire des recherches-actions ou autres qui permettent l’intégration de connaissances au travers de la pratique. Enfin, il a été proposé de considérer d’intégrer le projet de recherche au sein même du stage de fin d’études, de manière à enclencher dès ce moment le questionnement sur des voies possibles de développement de connaissance en milieu de travail.






Conclusion




Ce rapport présente les résultats d’une enquête menée auprès de 35 professionnels rattachés à des services d’orientation dans les quatre secteurs suivants, soit l’employabilité, la réadaptation professionnelle, l’ordre d’enseignement secondaire et l’ordre d’enseignement universitaire. Au travers des quatre premières sections du rapport, il est possible de prendre connaissances des opinions des participants pour chaque secteur et milieu de pratique, dont notamment : les défis et les préoccupations du milieu ; les compétences recherchées ; les forces et les faiblesses des finissants et des nouveaux conseillers d’orientation ; les suggestions formulées pour le développement d’un programme de maîtrise en carriérologie le plus adapté aux réalités et aux besoins de la pratique. La dernière et cinquième section du rapport présente les points de convergences entre les opinions des participants des quatre milieux de pratique et ainsi de soulever des pistes de développement, sinon de réflexion dans le cadre des travaux visant l’élaboration d’un programme de maîtrise spécialisé en carriérologie.



Dans chacune des sections, les résultats de l’enquête témoignent de l’importance conférée au développement personnel de l’étudiant lors de l’entrée sur le marché du travail. L’équilibre personnel, la maturité professionnelle ou encore une connaissance de soi confrontée à des situations interpersonnelles d’intervention sont quelques-uns des propos rapportés par les participants. Il est également question pour chaque type de pratique de la diversification des clientèles desservies, ainsi que le recours à des compétences qui de plus en plus débordent les cadres de la formation initiale. Parmi les enjeux les plus souvent rapportés à cet effet, il est possible de retenir l’intervention auprès de personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale ou de troubles d’apprentissage, celle auprès des clientèles immigrantes, ainsi qu’une pratique de plus en plus centrée sur la réorientation, l’adaptation et la réadaptation professionnelle que sur des enjeux de choix ou de projets professionnels. Enfin, les professionnels ayant participé à l’enquête sont nombreux à souhaiter une part accrue de pratique professionnelle avant la sortie des études de manière à amener les étudiants à pouvoir davantage se confronter aux différentes problématiques et clientèles, à profiter d’une plus grande variété d’occasions d’encadrement de supervision, tout en devenant plus mature au plan professionnel.



Pour convenir de la valeur et de la portée des résultats exposés, ainsi qu’aux éléments de convergence présentés entre les quatre milieux de pratique de l’orientation présentés ici, il importe de reconnaître les limites de la démarche. D’abord, les résultats ne sont pas représentatifs de la réalité des quelque 2400 conseillers d’orientation répartis à l’ensemble du Québec. L’échantillon de participant n’est d’une part que de 35 personnes, il ne couvre que 4 secteurs de pratique et les organisations rencontrées sont toutes situées dans la grande région de Montréal.  De plus, le nombre de participants par secteur de formation n’est pas proportionnel à l’ensemble des conseillers d’orientation québécois. Un nombre plus élevé de participants, une meilleure représentation des différents champs de pratique de l’orientation, ainsi d’une répartition plus proportionnelle selon les secteurs de pratique et la région auraient certainement pu amener des résultats possiblement très différents, du moins nettement plus spécifiques. De plus, le questionnaire utilisé est non standardisé, la cueillette des données ne respecte pas un protocole clair quant aux types d’information à relever et le chercheur-animateur de discussion est lui-même conseiller d’orientation, ce qui peut avoir un impact sur les participants au niveau de la désirabilité sociale positive.



L’enquête demeure néanmoins passablement conforme au niveau de la démarche entreprise, de l’administration du questionnaire au-travers de discussions de groupes semi-dirigées, de la saisie de données qualitatives, ainsi que de la démarche d’analyse des résultats. De plus, cette enquête n’avait aucunement pour prétention d’être scientifique.








Annexe 1 – La lettre d’invitation




9 octobre 2009







Organisation

A/S Membres de la direction

A/S Conseillères et conseillers d’orientation

Adresse 
 



Madame, Monsieur,



Au cours de la prochaine année, les professeurs de la section carriérologie de l’Université du Québec à Montréal vont travailler au développement d’un nouveau programme de maîtrise spécialisée en carriérologie. Dans le but de mieux arrimer le futur contenu de ce programme avec les besoins et les préoccupations des milieux de pratique, nous souhaiterions l’avis de gens de terrain comme VOUS !  La démarche proposée est simple :



Un groupe de discussion composé de 6 à 10 conseillers d’orientation et/ou membres de direction rattachés à des services d’orientation;

Réalisé dans votre milieu de travail (aucun déplacement) avec la présence d’un professeur de la section carriérologie de l’UQAM, également conseiller d’orientation ;

Une discussion en trois temps : 1) vos besoins et vos préoccupations en tant qu’organisation relativement aux enjeux et problématiques actuelles qui influence les services de conseillers d’orientation; 2) les forces et les points à améliorer que vous relevez chez les stagiaires de 2ième cycle et les jeunes c.o. que vous embauchez à la sortie des études de maîtrise; 3) vos suggestions quant aux avenues à prendre ou quant aux types de contenu pédagogique à insérer dans une formation de conseiller d’orientation arrimé aux besoins des milieux de la pratique.



Les retombées possibles pour vous sont les suivantes : a) établir un dialogue avec le milieu universitaire pour faire entendre vos besoins et vos préoccupations quant à la qualification de conseillers d’orientation; b) développer un contact privilégié pour la venue de futurs stagiaires ou de diplômés, pour le développement de projet commun ou pour l’échange d’information sur nos milieux respectifs.



Au cours des prochains jours, je communiquerai avec vous pour connaître votre intérêt à participer à cette initiative. D’ici là, je vous offre mes salutations respectueuses.





Louis Cournoyer, Ph.D., c.o.
Professeur, en carriérologie, UQAM
(514) 987-3000, poste 3994








Annexe 2. Le questionnaire d’enquête.




Questionnaire



Ce questionnaire vise à connaître votre opinion professionnelle à l’égard de la qualification d’étudiants et de diplômés de 2e cycle universitaire en carriérologie ou orientation professionnelle. Le questionnaire est anonyme et les données recueillies n’ont pas pour objet d’être publiées. 



  1. Formation et emploi



§ Quel emploi exercez-vous actuellement ? 



§ Quelle formation complétée (si non complété, l’indiquer) vous a permis d’obtenir l’emploi que vous occupez actuellement?


§ À quelle institution avez-vous fait vos études de baccalauréat?




§ À quelle institution avez-vous fait vos études de maîtrise (s’il y a lieu) ?







  1. Dans vos mots, quels sont les réalités et les besoins qui caractérisent le plus votre milieu de pratique (clientèle, conditions de services aux clientèles,  problématiques, etc.) ?














  1. D’après votre expérience, quelles sont selon vous les trois à cinq principales compétences qu’un conseiller d’orientation devrait posséder pour bien s’insérer dans de telles fonctions au sein de votre milieu de travail?



Ø           

Ø           
Ø           
Ø           
Ø           



  1. D’après votre expérience, quelles sont les principales forces et les principales lacunes  observées chez les personnes formées dans un programme universitaire de deuxième cycle spécialisé en carriérologie ou en orientation ?




Forces

Faiblesses
Stagiaires
étudiants
2e cycle



Diplômés
Nouveaux employés
2e cycle








  1. Comment les responsables des programmes de développement de carrière et de carriérologie de l’Université du Québec à Montréal pourraient-ils mieux arrimer leurs formations aux réalités et aux besoins des milieux de pratique? 









MERCI DE VOTRE PARTICIPATION


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