jeudi 13 décembre 2012

DE LA LECTURE À LA PRATIQUE ... DÉCOUVRIR L'ART-THÉRAPIE

Bonjour,

Vous trouverez sur le site ORIENTACTION un recension produite par Julie Plante et Isabelle Simoneau, toutes deux finissantes à la maîtrise en carriérologie de l'Université du Québec à Montréal. Bonne lecture !


DE LA LECTURE POUR LA PRATIQUE !
Compte rendu de l’ouvrage

Découvrir l’art-thérapie : des mots sur les maux, des couleurs sur les douleurs


Hamel, J. et Labrèche, J. (2010). Découvrir l’art thérapie, des mots sur les maux. Des couleurs sur les douleurs. Paris : Larousse.  ISBN : 978-203-584-287-9



Recension d’ouvrage réalisée par :

Julie Plante, étudiante à la maîtrise en carriérologie, UQÀM
Isabelle Simoneau, étudiante à la maîtrise en carriérologie, UQÀM

Sous la direction de :
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o.
Professeur (counseling de carrière
Université du Québec à Montréal

1.    Pour une approche alternative en orientation


Démotivation, recherche de nouveaux défis, épuisement professionnel, indécision, réorientation ou simplement faire le point sur sa vie professionnelle, ne sont là que quelques raisons qui poussent une personne à consulter en orientation. Dépendamment de l’intensité de l’insatisfaction ressentie dans sa vie professionnelle, le client se présente avec beaucoup de questionnement et parfois même une grande fragilité. C’est alors que s’amorce une série de rencontres pour amener le client vers un mieux-être. Compte tenu de l’unicité de chaque client, différents types d’interventions seront préconisés par le conseiller. Certains prioriseront une démarche de counseling de carrière individuel, d’autres opteront pour une démarche groupale. Certains adopteront une approche éducative, d’autres une approche positive ou clinique. La manière d’intervenir dépendra de plusieurs facteurs (besoin du client, urgence de la situation, approche du conseiller…). Souvent, le counseling verbal sera à la base de la démarche d’orientation pour tenter d’aider le client à résoudre ses problèmes. Pourtant, une démarche novatrice, quelques fois méconnue et souvent peu utilisée gagne à être mieux connue, l’art-thérapie. Cette pratique poursuit les mêmes objectifs que le counseling tel qu’on le conçoit aujourd’hui, c’est-à-dire qu’elle tend vers une meilleure compréhension de soi et un mieux-être personnel. Pour Hamel et Labrèche, l’art-thérapie se définit comme « une démarche d’accompagnement d’une personne ou d’un groupe, centrée sur l’expression de soi, de ses pensées, émotions et conflits dans un processus de création artistique. » (Hamel et Labrèche, 2010, p.23-24) Ainsi, de par différentes techniques, l’art-thérapie permettrait de soulager l’angoisse, la souffrance psychologique, physique et offrirait bien d’autres bénéfices (augmenter l’estime de soi, apaiser l’anxiété, surmonter la douleur). En orientation, par exemple, il n’est pas inhabituel d’intervenir auprès de clients éprouvants de la souffrance psychologique ou encore en recherche de sens dans leur vie. L’art thérapie est un moyen alternatif qui permet aux personnes d’exprimer leurs émotions plus facilement pour ainsi se sentir mieux. Ce texte traite du livre, Découvrir l’art-thérapie : des mots sur les maux, des couleurs sur les douleurs dirigées par Johanne Hamel et Jocelyne Labrèche en 2010. La contribution de nombreux professionnels français et québécois spécialisés en relation d’aide ajoute de la richesse à cet ouvrage collectif.

2.    Qui sont Johanne Hamel et Jocelyne Labrèche?


Johanne Hamel est psychologue, professeure et art-thérapeute à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT). Elle a cumulé, au fil des ans, plus de vingt-cinq années d’expérience dans le domaine de l’art-thérapie. Elle est aussi artiste-plasticienne, auteure et se spécialise dans le travail avec les rêves. Elle dirige également l'Institut de formation professionnelle en psychothérapie par l'art à Sherbrooke. Hamel a publié dans la Revue québécoise de gestalt, dans la Revue québécoise de psychologie, en plus de produire trois ouvrages en art-thérapie. D’abord, un livre ayant pour titre, De l’autre côté du miroir publié en 2006 et L’art thérapie somatique en 2007. Ensuite, Hamel a codirigé l’ouvrage intitulé, Découvrir l’art-thérapie, des mots sur les maux, des couleurs sur les douleurs, avec Jocelyne Labrèche. Cette dernière est psychologue, art-thérapeute et enseignante retraitée de l’UQAT. Elle offre toujours ses services en pratique privée. Finalement, Hamel et Labrèche ont contribué toutes deux à la création et au développement du premier programme d’enseignement universitaire d’art-thérapie francophone en Amérique du Nord.

3.    Compte rendu commenté de l’ouvrage de Hamel et Labrèche (2010)


L’ouvrage dirigé par Hamel et Labrèche compte 268 pages réparties en sept chapitres. Chacun des chapitres est rédigé par différents professionnels, tant français que québécois. Certains sont art-thérapeutes de profession, d’autres psychothérapeutes, psychologues, professeurs, psychiatres, hypnothérapeutes ou encore artistes. Chacun de ces auteurs, à leur manière, nous amène à concevoir l’art-thérapie d’une façon différente pour offrir au lecteur diversité et richesse.[1] Le chapitre 1[2] présente ce qu’est l’art-thérapie en parcourant les origines et les courants qui ont influencé cette pratique et explique qui est l’art-thérapeute en soi. Le chapitre 2 aborde les différents champs de pratiques où l’art est utilisé à des fins thérapeutiques. Le chapitre 3, traite des  différentes approches théoriques qui influencent l’intervention en art-thérapie aujourd’hui. Le chapitre 4, parle des approches mixtes qui se basent à la fois d’arts visuels, du théâtre, de la musique et du jeu du bac à sable. Le chapitre 5 apporte les notions d’une démarche encadrée avec un art-thérapeute ou non. Le chapitre 6 fait mention des nouvelles perspectives pour l’art-thérapie. Finalement, le chapitre 7 relate un historique de l’art-thérapie d’hier à nos jours.

Le chapitre 1 intitulé, La pratique de l’art-thérapie en France et au Québec, présente d’abord un survol des origines de l’art-thérapie. Bien que l’art-thérapie soit une pratique récente, elle puise ses origines du siècle dernier, de l’art brut. L’art brut, développé par Jean Dubuffet, valorisait l’art pur, la spontanéité et la naïveté d’un artiste sans que ce dernier soit pourvu d’une culture artistique. L’émergence de l’art-thérapie repose aussi sur différentes approches. D’abord, c’est la psychanalyse freudienne qui a donné le premier souffle à l’art-thérapie.  Le concept de projection était à la base de cette pratique. L’œuvre était considérée comme étant le reflet de la psyché ou des problèmes de l’artiste en création. L’art-thérapie a par la suite été influencée par Jung. Bien que l’inconscient soit toujours présent dans son approche, il se différencie de la psychanalyse en instaurant un rôle plus actif à l’artiste. Jung croyait que le pouvoir de guérison était à l’intérieur de chaque individu. L’art-thérapie telle que conçue de nos jours découle de ces deux approches. Finalement, les auteures précisent qu’il ne faut certes pas négliger l’apport du courant phénoménologique et du courant existentialiste qui ont amené une nouvelle façon de concevoir l’art-thérapie à travers le développement de la psychologie humaniste. Ainsi, l’art-thérapie n’est plus qu’une finalité en soi, mais elle est davantage centrée sur la personne et sur son expérience créative et subjective. Les auteures traitent aussi de l’apport de deux spécialités dans le domaine de l’art-thérapie, d’abord, l’art et ensuite la psychologie. Ces dernières influencent directement la manière d’intervenir des thérapeutes en art-thérapie. Certains praticiens conçoivent l’art comme une thérapie en soi. Contempler, créer une œuvre permettrait de soulager, de guérir ou provoquer un changement chez un individu. Le rôle du thérapeute est d’observer, d’analyser et écouter la personne en face de lui. D'autres voient l’art thérapie comme étant une psychothérapie par l’art, donc davantage axée sur la problématique, sur la psychopathologie. La pratique de l’art est ici vue comme étant un outil à la démarche thérapeutique. L’art-thérapeute est plus actif, il agit comme une guide et intervient sur la difficulté. Il n’en reste pas moins que pour pouvoir exercer comme art-thérapeute, il importe d’avoir des connaissances tant en art, qu’en psychologie. La pratique n’étant pas encadrée par un ordre, quelques associations tant en France qu’au Québec ont vu le jour, afin d’assurer la compétence de ses membres. Au Québec, la formation en art-thérapie s’offre en français à l’UQAT ou en anglais à l’Université Concordia.  Le programme vise notamment, l’acquisition de compétences relationnelles, de connaissances en psychologie et des connaissances pratiques dans la discipline artistique de l’art-thérapeute. Les auteures mentionnent au final, que la profession d’art-thérapeute est un long cheminement et qu’un travail sur soi est important pour éviter de projeter ses problèmes personnels dans une relation thérapeutique.

Le chapitre 2 est intitulé L’art-thérapie, pour qui, pour quoi? Il est question des différents champs de pratique en art-thérapie. Les auteurs présentent tour à tour les bienfaits de l’art-thérapie auprès de différentes clientèles. D’abord,  l’auteur explique comment l’art-thérapie peut aider à bâtir une relation saine entre un parent et son enfant. Il mentionne que, « la création plastique est un mode d’expression qui aide les participants à se redécouvrir, à être en contact avec les besoins, désirs, fantaisies de chacun, bref à entrer dans le monde subjectif de l’un et de l’autre. » (Plante, 2010, p.55) De cette façon, le parent et l’enfant sont plus aptes à communiquer et à se comprendre. Ensuite, l’auteure aborde l’art-thérapie auprès de clientèle victime de violence. Elle explique que dans plusieurs cas, les individus victimes de cette violence subissent des conséquences et peuvent développer des troubles physiques ou psychologiques, comme la dépression ou adopter des comportements nocifs pour leur bien-être (usage de drogue ou d’alcool). Or, l’art-thérapie est un moyen de communication et d’intervention qui permet à la victime de se distancier des émotions vécues, de s’exprimer librement sans crainte et de retrouver confiance en elle. Pensons au harcèlement psychologique subit dans le cadre d’un emploi. Une violence souvent invisible aux yeux de tous et si percutante pour la personne qui la subit. Elle peut devenir très néfaste et dévastatrice à long terme. Par sa forme parfois subtile, la victime se remet souvent en question et peut en arriver à reconsidérer son choix professionnel. Ainsi, l’art-thérapie, permettrait au travailleur de libérer ses émotions, de retrouver confiance en lui et de diminuer son stress. Vient ensuite l’art-thérapie dans un processus de deuil. L’auteur explique que cette situation est rarement vécue sans souffrance. L’art-thérapie est donc un moyen alternatif pour aider l’individu qui vit la mort d’un proche. L’auteur y voit une manière de guérir une profonde et douloureuse blessure. Pour ce faire, il propose l’utilisation de différentes métaphores pour aider la personne endeuillée à mieux vivre et à accepter la disparition de l’autre. Il ajoute que l’apport d’une approche mixte (danse et mouvement) à la création plastique est très bénéfique. Finalement, l’auteur précise qu’un processus d’art-thérapie vécu en groupe permet de briser l’isolement dans lequel la personne est confinée. L’art-thérapeute intervient aussi auprès d’enfant souffrant d’une maladie physique. L’auteure explique les nombreux bienfaits que cette pratique apporte à ces enfants. Notamment, l’art-thérapie est considérée comme soutien à la guérison, comme un espace pour exprimer ses émotions sans contrainte, un endroit pour développer la créativité, favoriser les échanges, accroître l’estime de soi ou simplement pour conserver ou développer le plaisir de rire,  jouer et s’amuser. L’art-thérapeute se voit aussi intervenir auprès d’individu souffrant d’une maladie neurodégénérative. L’auteure explique qu’en favorisant le développement des membres toujours fonctionnels de la personne atteinte, cela permet à cette dernière de conserver son autonomie plus longtemps et de retrouver confiance en ses capacités. Ainsi, l’art-thérapie valorise et favorise la construction d’une image positive chez le malade. Dans un même ordre d’idée, l’art-thérapie est favorable pour les personnes atteintes d’un cancer. Dans de telles circonstances, l’art-thérapie permet au patient d’exprimer ses émotions, de retrouver confiance pour affronter la maladie ou encore de vivre plus sereinement ses derniers moments de vie. Finalement, l’art-thérapie est fort utile pour contrer la dépendance aux drogues ou à l’alcool. Pour l’auteur, l’art-thérapie permettrait à la personne qui est aux prises avec un trouble de dépendance, de reconnaître et de maîtriser les émotions qui l’habitent dans un moment de crise, c'est-à-dire lors d’une envie de consommer. L’art-thérapie permet ainsi de développer un contrôle de ses émotions.
Le chapitre 3 intitulé, L’art thérapie : Les approches fondatrices, décrit l’apport des différentes approches dans le domaine de l’art-thérapie. Pour commencer, l’auteure présente l’art-thérapie d’orientation psychanalytique. La pratique de l’art-thérapie dans une perspective psychanalytique considère l’art comme étant un moyen d’accéder à l’inconscient, au psychique d’un individu. Notamment, l’art permet à ce dernier de prendre conscience des émotions qui l’habitent et dont il n’a pas conscience. Pour ce faire, le concept d’image est important en art-thérapie d’origine psychanalytique. L’auteure explique qu’« en art-thérapie psychanalytique, le regard tant du patient que de l’art-thérapeute se porte vers l’image. » (Leclerc, 2010, p.93) L’image, la forme, le motif sont porteurs de sens en soi. L’artiste est donc invité à verbaliser tout ce qui lui vient en tête, tout ce que l’image lui projette. Pour ainsi découvrir le sens, la signification. On parle alors d’association libre. Le travail de l’art-thérapeute est donc d’observer, de guider, d’accompagner, de faire prendre conscience à son patient des éléments refoulés. Un autre aspect important de l’art-thérapie d’origine psychanalytique est amené par l’auteure, le concept de transfert. L’auteure apporte toutefois une précision à ce concept en ce qui a trait à son développement en art-thérapie. Elle mentionne que le transfert s’effectue non seulement entre le patient et son thérapeute, mais aussi envers l’image et l’artiste, puisque ce dernier communique aussi à travers son œuvre. La création plastique en art-thérapie d’origine psychanalytique permet donc de rendre tangibles et observables des images inconscientes et invisibles. Une autre manière de concevoir l’art-thérapie est par une approche analytique. On parle alors de l’art-thérapie d’origine jungienne. Tout comme l’approche vue précédemment, l’art-thérapie d’origine jungienne accorde une place importante à l’inconscient. L’auteure explique que « le rôle principal de l’art-thérapeute jungien est de faciliter une rencontre entre le client et son image et de stimuler son exploration pour y découvrir un sens. » (Lévesque, 2010, p.100).  En art-thérapie d’origine jungienne, le thérapeute va au-delà d’une interprétation de l’inconscient subjectif. Il ajoute l’inconscient collectif, héritage culturel, intégré à l'intérieur de chacun d'entre nous et qui est organisé par des archétypes et des images. Pour cette approche, la signification de ces images amène à une meilleure connaissance de l’artiste de qui elles ont émergé. En démarche thérapeutique, un processus d’individualisation en quatre étapes permettra l’actualisation des archétypes. Ce processus, débute par la première étape nommée La persona, ensuite vient L’ombre et plus tard L’anima-l’animus pour se terminer à la dernière étape, Le soi. L’auteure nomme la finalité de ce processus,  la réalisation de soi. L’art-thérapie a aussi été influencée par l’approche phénoménologique. Ainsi, la pratique de l’art-thérapie se veut axée sur le futur, contrairement à d’autres approches qui mettent l’accent sur le passé dans le but de le reconstruire. L’auteure explique qu’« en art-thérapie humaniste d’origine phénoménologique, il s’agit de focaliser plutôt sur l’expérience sensorielle du patient, sur sa capacité d’actualisation de soi et sur son aptitude à faire un retour sur lui avec justesse et authenticité. » (Plaisant, 2010, p.109) L’art-thérapie amènera ainsi l’artiste à donner un sens aux phénomènes qu’il perçoit. L’auteure précise cependant que ce type d’intervention n’est pas profitable pour tous les types de clientèle. Un bilan neurologique ou neuropsychologique est souhaitable avant d’entreprendre avec une telle démarche en art-thérapie. Enfin, l’auteure présente l’apport de l’approche gestaltiste en art-thérapie. En art-thérapie gestaltiste, la création d’une œuvre permet à son créateur de prendre conscience des besoins non assouvis à l’intérieur de lui, dont il n’a pas toujours conscience et qui cherchent satisfaction. C’est à l’aide des lignes, des formes, des couleurs et des textures de la création artistique que la personne pourra en prendre conscience, et ce, dans le moment présent guider par son thérapeute. Aussi, l’auteure explique que la création d’une œuvre artistique permet de comprendre la manière dont transige un individu avec son environnement, à travers différents mécanismes d’adaptation (projection, introjection, rétroflexion, confluence). La compréhension des mécanismes d’adaptation utilisés par le client, à travers son œuvre artistique, nous permet de mieux saisir la qualité de ses rapports professionnels avec ses collègues. Finalement, l’art-thérapie gestaltiste est une thérapie qui plonge l’individu dans l’action et encourage l’autonomie.

Intitulé Créer pour se (re) créer : les approches mixtes, le chapitre 4 fait mention des  approches mixtes qui sont à la fois basées de l’art visuel, de la musique, de la création d’images, du théâtre et du jeu de sable. L’utilisation de ces différentes approches avec les comportements non verbaux est souvent utilisée lors de traumatismes. Du point de vue de la musique, l’auteur mentionne que lors de la rencontre en art-thérapie, elle peut être utilisée en arrière-plan pour créer une ambiance particulière propice à la création artistique et ce, que ce soit en individuel ou en groupe. Toutefois, la musique doit être choisie en fonction de ce que l’on veut exprimer. Elle permet également de donner parole aux créations produites, en se mettant à l’écoute de ce que l’image veut nous dire. La musique a également des effets sur le système limbique, soit par le contrôle de la température corporelle et de la pression sanguine ainsi que sur le système nerveux, grâce aux émotions que peuvent apporter les images. Le théâtre quant à lui, permet le rappel d’une expérience, d’un souvenir ou d’un rêve. Cette transformation du passé au moment présent apportera une autre façon de voir ce qui s’est produit alors. Finalement, ce chapitre aborde comme dernière approche mixte, le jeu de sable. Cette méthode est une alternative aux médiums les plus connus et utilisés. Créé dans les années 1920 par la pédiatre britannique Margaret Lowenfeld, le jeu de sable permet, à partir d’images miniatures (des personnages, des animaux, des moyens de transport, etc.) de former une histoire autour de laquelle la personne et l’art-thérapeute pourront discuter. En ayant une image visuelle de l’histoire, les personnes peuvent reprendre leur place dans la scène et peuvent s’exprimer librement. Tout de même facile d’utilisation et de compréhension, le bac à sable peut être utilisé avec toutes clientèles. Il permet, selon les auteurs, la facilitation du processus créateur du client, d’élargir son vocabulaire, de jouer et de donner accès à son monde intérieur. « Tout comme l’art, le jeu de sable rend visible l’invisible. » (Tanguay, 2010, p.160)

Tel que souligné dans le 5e chapitre intitulé L’art-thérapie… avec ou sans art-thérapeute, les auteures révèlent que l’art thérapie possède la qualité de pouvoir être utilisée à la fois de façon autonome ou plus encadrée, avec l’accompagnement d’un art-thérapeute. L’art-thérapie a des fonctions à la fois thérapeutique et expressive. En faisant le choix de le pratiquer avec un art-thérapeute, il faut s’assurer de choisir un accompagnateur qui fera soit partie d’une association professionnelle (Québec) ou d’une fédération (France). En tenant compte de ces deux caractéristiques ainsi que de s’être informé sur les méthodes utilisées et les coûts d’une telle démarche, la personne pourra alors débuter un processus porteur de sens pour lui.
Nul n’a besoin d’être doté d’un talent artistique développé pour pratiquer l’art thérapie. La démarche doit faire en sorte de permettre à la personne de réaliser une « […] recherche d’expression de soi et de résolution de ses difficultés »  (Gérin, 2010, p.166) Certaines personnes peuvent préférer utiliser l’art-thérapie de manière individuelle et sans être encadré par un art-thérapeute. Toutefois, cette façon de travailler ne permettra peut-être pas d’obtenir un processus aussi profond et garant de réussite que si la personne bénéficiait d’une démarche plus structurée. Quelle que soit la méthode choisie, l’art-thérapie apportera aux personnes un moyen supplémentaire de cheminer dans son développement personnel. Que ce soit à l’aide des arts visuels, de l’écriture ou même avec les rêves, l’art-thérapie n’est pas une méthode qui est onéreuse et peut être utilisée facilement. Les auteures considèrent que ce soit avec l’accompagnement ou non d’un art-thérapeute, les arts visuels, l’écriture et les rêves, permettent tous à l’individu de s’exprimer librement. Selon le docteur en psychologie James Pennebaker, les bienfaits thérapeutiques de cette méthode ne sont plus à discuter. On a pu démontrer une corrélation entre l’utilisation de l’écriture et l’amélioration de la santé du point de vue physique et psychologique. Le stress a aussi été réduit et l’autonomie dans la démarche augmentée.

Intitulé De nouvelles perspectives, le chapitre 6 se concentre précisément sur trois aspects de l’art-thérapie : l’art-thérapie dans les organisations, l’art-thérapie somatique et enfin l’art-thérapie et la psychologie positive. Longtemps utilisée et associée avec les traitements psychiatriques, l’art-thérapie s’est diversifiée pour être plus adaptée à des clientèles émergentes et non seulement celle de la santé mentale. Les auteurs nous démontrent dans la  première partie du chapitre que l’art-thérapie peut être pratiquée en entreprise lors de session de groupe sur une période assez longue (plusieurs mois). Des thèmes comme la communication, le coaching d’une équipe, la prévention ou la résolution de conflits y sont abordés. Selon l’auteure, on distingue six facteurs d’efficacité en art-thérapie : le pouvoir de l’image pour faciliter l’abréaction, la connexion avec le cerveau droit, le principe de l’isomorphisme, l’objectivation, la capacité de contenir et la sécurité de l’approche.
L’art thérapie permet de résoudre des problèmes personnels qui peuvent parfois avoir des incidences au travail notamment sur la communication, le stress, le rendement, la qualité de vie au travail, sujets bien connus dans la pratique en orientation. Elle permet d’autant plus de faire des prises de conscience pour amener d’autres manières de travailler et par conséquent un meilleur leadership et une affirmation de soi plus présente. Malgré ces bienfaits, le lieu de travail pour certains n’est pas un endroit où l’on étale ses états d’âme. Les auteurs mentionnent que l’art-thérapie est encore peu développée en entreprise et est parfois vue comme une perte de temps de la part des gestionnaires.

Comme seconde partie du chapitre, les auteurs rapportent que l’art-thérapie a fait des avancements au niveau du traitement de la douleur et des maladies, notamment pour la douleur chronique. L’art-thérapie dite somatique, s’appuient sur des théories humanistes, gestaltistes et jungiennes et est « une approche qui propose l’accès au soma par la représentation, en deux ou trois dimensions (dessin, peinture, argile,…), de la sensation physique ressentie subjectivement. » (Hamel, 2010, p.205) L’emphase est donc mise sur l’exploration de douleurs physiques (aiguës ou chroniques) et les manières de les réduire ou de les enlever complètement. Les états de stress post-traumatiques (ESPT) sont eux aussi reliés à la douleur chronique. L’auteur traite dans la dernière partie du chapitre de la  psychologie positive. Ce type de psychologie « vise à maximiser les sensations et les émotions positives, à optimiser le bien-être et la satisfaction de vie. » (Hamel, 2010, p.213) Ce mouvement qui a débuté dans les années 2000 avec le chercheur et professeur à l’université de Pennsylvanie, Martin Seligman considère que trop d’emphase est mise sur ce qui se passe mal chez l’individu au lieu de porter attention sur ce qui se passe bien. En agissant de la sorte, la personne pourra « accroître sa satisfaction personnelle, augmenter sa joie de vivre et de permettre le bonheur » (Hamel, 2010, p.215) bref tout ce à quoi tend chaque être humain! En orientation, dans de nombreux cas, les individus ont justement ce comportement. Il serait donc intéressant pour les intervenants de mettre l’emphase sur cette façon de faire. En effet, l’auteur mentionne diverses perspectives qui peuvent être mises de l’avant, soit de vivifier le plaisir et la joie, de soutenir l’action et l’engagement, d’expérimenter des émotions positives et de susciter l’espoir.
Le dernier chapitre, L’art-thérapie : d’hier à aujourd’hui, porte sur le passé et l’actualité de l’art-thérapie. De tous les temps, l’individu a dû s’adapter aux changements auxquels il a fait face. L’art-thérapie, telle que définie par les auteurs, « propose un parcours favorisant un meilleur équilibre de vie ». (Gérin et Plante, 2010, p.226) et ce, avec l’utilisation de la créativité. Dans notre société actuelle, les gens ont peur de décevoir les autres et par le fait même, ne laissent pas aller leur propre créativité et cela peut avoir comment conséquence de rendre la vie monotone et prévisible. L’art-thérapie apporte donc aux individus un espace pour prendre le temps nécessaire pour renouer avec soi-même et déconnecter de notre mode de vie.
En terminant, les auteurs soutiennent que l’art tel que l’on le connaît actuellement est en mutation constante. L’utilisateur de l’art-thérapie doit faire face à l’art et à ses propres difficultés. L’œuvre produite par le patient peut-elle être appelée une œuvre d’art? L’art peut être porteur d’espoir et en étant accompagné d’un art-thérapeute, ce dernier peut lui apporter son savoir-faire artistique et lui démontrer que tout comme l’art, son œuvre est perpétuel changement.   

4.    Pertinence pratique


L’ouvrage collectif de Hamel et Labrèche portant sur l’art-thérapie gagne à être connu tant au niveau des lecteurs qui apprécient le sujet du développement personnel que pour les intervenants en orientation et en employabilité. En ce sens, le livre nous dresse un tableau complet de ce qu’est l’art-thérapie, ses modalités d’utilisation ainsi que ses nouvelles perspectives. Cette approche novatrice et dynamique met la personne en action et l’engage dans un processus thérapeutique différent de ce que nous connaissons habituellement dans les pratiques en orientation. Comme dans toute démarche en counseling, l’alliance thérapeutique qui sera créée avec le client, lui permettra de se sentir libre de s’exprimer. Les prises de conscience et les résolutions de problèmes seront les principaux buts de la démarche. Étant donné que l’art-thérapie n’impose pas de limite quant à l’âge des participants, toutes sortes de difficultés qu’un individu peut rencontrer à divers stades de sa vie pourront être explorées. L’art-thérapie apporte aussi une distanciation par rapport à nos émotions, notamment lors de la perte d’un emploi ou d’une réorientation involontaire. Bien connue et utilisée dans le domaine de la santé, l’art-thérapie pourrait être une méthode précieuse pour les intervenants en orientation dans les milieux de la réadaptation et qui travaillent notamment avec des clientèles qui peuvent avoir perdu un membre suite à un accident de travail ou lorsqu’une personne souffre d’aphasie suite à un accident vasculaire cérébral (AVC). De plus, les personnes issues de cultures différentes et qui ont une problématique à communiquer ou encore des personnes qui souffrent de déficience intellectuelle ou de stress post-traumatique pourraient être gagnants de l’utilisation d’une telle méthode. Par exemple, la création artistique facilite la communication entre ces personnes et le conseiller, puisque la démarche d’orientation n’est pas uniquement axée sur la communication verbale. L’image permet de mieux saisir le message exprimé difficilement par le client. Aussi, comme le mentionnent les auteurs, l’art thérapie est une méthode qui permet, grâce aux différents médiums utilisés, de donner un espace à l’individu afin qu’il puisse s’exprimer sans crainte du jugement. Ainsi, chacun s’approprie sa création et lui donne un sens personnel. Au final, une personne ayant des difficultés à communiquer  peut s’exprimer librement, à son rythme, ce qui lui permet de préserver une meilleure estime de soi. Par ailleurs, l’art-thérapie gagne encore à être mieux connue, notamment dans les milieux organisationnels. Très souvent perçue comme une perte de temps de la part des gestionnaires, cette méthode récente est mise de côté. Toutefois, nous croyons que par la mise en place d’ateliers d’art-thérapie, cette approche pourrait bénéficier et apporter de nombreux avantages tant aux travailleurs qu’aux dirigeants d’entreprises. D’ailleurs, les auteurs mentionnent certains facteurs d’efficacité de l’art-thérapie en entreprise. Notamment, le pouvoir de l’image pour faciliter l’abréaction, ainsi la création d’une œuvre favoriserait l’apparition d’émotions pour en arriver à une meilleure conception de la situation conflictuelle vécue dans le milieu de travail. Ensuite, la connexion au cerveau droit, qui permettrait, par association entre la communication verbale (cerveau gauche) et la création artistique (cerveau droit), une compréhension plus approfondie des tensions vécues dans l’organisation. L’art-thérapie permettrait aussi, la mise à distance des émotions, le médium devenant ainsi le conteneur de l’émotion. Le travailleur peut se libérer de son ressenti librement et l’exprimer avec douceur. Finalement, les auteurs expliquent que l’art-thérapie de groupe en entreprise serait un lieu favorable à l’amélioration des relations et de la communication entre travailleurs. Elle aurait des répercussions positives sur le travail d’équipe, la motivation et la responsabilisation. Tout compte fait, l’art-thérapie redonne confiance à la personne, en augmentant la confiance et l’estime de soi ainsi qu’en réduisant le stress vécu au travail. Les entreprises pourraient sans aucun doute avoir des employés en meilleure santé psychologique. Cela aurait de plus des répercussions sur l’absentéisme au travail et sur les conflits interpersonnels. En définitive, l’art-thérapie a évolué depuis sa création et s’est spécialisée dans divers domaines de pratique.  Comme vue tout au long de l’ouvrage, l’art-thérapie n’en demeure pas moins une méthode qui a fait ses preuves et qui demande seulement à être plus utilisée afin d’apporter ses bénéfices à une plus grande population.  En orientation, l’art-thérapie est une approche alternative qui favorise l’expression et l’exploration de soi.




[1] Pour en connaître davantage au sujet des dix-neuf auteurs qui ont contribué à la réalisation de ce livre, le lecteur est invité à consulter la section intitulée, auteurs, à l’intérieur même de l’ouvrage.

[2] Étant donné la contribution de nombreux auteurs à cet ouvrage, l’utilisation du terme, auteur, sera utilisée dans ce texte. Le lecteur est invité à consulter la table des matières du livre pour connaître l’identité des auteurs qui ont participé aux différents chapitres.

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