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De la lecture à la pratique ...
Compte-rendu de l'ouvrage
Compte-rendu de l'ouvrage
Bouvard, M. (2006). Les
troubles obsessionnels compulsifs : principes, thérapies, applications. Paris :
Elsevier Masson S.A.S ISBN : 2-294-08065-3
Produit par :
LAURIE-MAUDE FRÉCHETTE
Finissante à la maîtrise en carriérologie, UQÀM
Sous la direction :
Louis Cournoyer, professeur
Université du Québec à Montréal
N.B. Le texte qui suit peut être téléchargé à partir du site Orientaction à l'adresse URL suivante : CLIQUEZ ICI !
Vers une
compréhension globale du trouble obsessionnel compulsif : l’importance de
la dynamique personnelle chez le client vivant avec un TOC.
L’orientation
scolaire et professionnelle est aujourd’hui plus que jamais au cœur de notre
société. Le champ de compétence élargie au fil des ans nous amène, en tant que
professionnel, à travailler en collaboration avec des clients provenant de tous
les milieux amenant avec eux jour après jour un bagage unique à considérer.
Dans la formation initiale menant au titre de conseiller d’orientation, nous
effleurons les différents troubles de la personnalité ainsi que les
psychopathologies. Cet ouvrage nous amène à plonger au cœur du fonctionnement
de la pensée et des actions d’une personne aux prises avec un trouble
obsessionnel compulsif. Le TOC est considéré comme une maladie très gênante et
handicapante. Des idées ou images mentales déplaisantes (obsession) apparaissent chez le sujet, par exemple,
l’idée d’avoir oublié de barrer la porte. S’enduit par la suite une pensée dite
automatique, par exemple, si on me vole, ce sera entièrement ma faute. Face à
cette idée, le sujet vit une angoisse qu’il cherche à atténuer par un
comportement (compulsion). Ainsi, le sujet ira vérifier plusieurs fois de
suite, ou dans la journée, pour s’assurer que la porte est bien barrée. Cet
exemple vulgarise le trouble obsessionnel compulsif et bien que le diagnostic soit lourd à porter, il
n’en reste pas moins que bon nombre de personnes vivent activement dans la
société. Plusieurs thérapies sont présentées dans cet ouvrage pour améliorer et
réduire considérablement les symptômes paralysants du trouble. De plus, un
survol des traitements pharmacologiques nous permet de mieux comprendre les
mécanismes neurologiques derrière le trouble.
Pour Martine
Bouvard, le trouble obsessionnel compulsif est une maladie extrêmement
embarrassante où les rémissions subites semblent très rares. Elle insiste sur
le fait que les complications du trouble peuvent amener des conséquences très
graves chez l’individu telles que la dépression, le suicide, l’alcoolisme, les
difficultés conjugales et relationnelles, professionnelles et voir même une
incapacité complète à travailler et à vivre en société sans le soutien d’un
établissement. Puisque le travail constitu le centre d’activité de notre
société capitaliste, savoir reconnaître les traits du trouble obsessionnel et
compulsif lors d’un entretien peut amener le client à prendre en charge sa
condition afin d’éviter l’exclusion, l’isolement et l’institutionnalisation. La lecture de ce livre vous permet de
comprendre le TOC, mais aussi les méthodes d’interventions qui portent fruit à
ce jour. En toute connaissance de cause, il vous sera utile de comprendre les
modes de fonctionnement de la personne au pris avec un TOC afin de l’amener à
cheminer ou à se maintenir en emploi.
1.
Qui est Martine
Bouvard ?
Auteure de près
d’une centaine de publications; ouvrages individuels, ouvrages collectifs,
lettres à l’éditeur, sous presse, depuis 1981, Martine Bouvard est d’abord
professeure de psychologie
clinique à l’Université de Savoie en France. « Psychologue
spécialisée dans les thérapies comportementales et cognitives dans l’unité de
traitement de l’anxiété et comme psychologue clinicienne dans une unité
d’hospitalisation de l’hôpital Neurologique de Lyon. »[1] En 2008, elle crée
la première unité de consultation universitaire. L’Unité de consultation psychologique spécialisée des troubles
émotionnels a pour but premier d’accueillir les gens au pris avec un ou des
troubles émotionnels, et ce, dans l’objectif d'effectuer un bilan psychologique
ou encore une thérapie cognitive comportementale. De plus, cette unité permet
un accès à des sujets souffrants de différents troubles permettant par
conséquent de favoriser la recherche clinique. Le thème de recherche principal
de l’auteur repose sur la psychopathologie cognitive et s’intéresse tout
particulièrement au trouble obsessionnel compulsif. La recherche menant au
livre dont le compte-rendu fait l’objet s’intéresse particulièrement au TOC
résistant, tardif ainsi que ceux débutant dans l’enfance.
3. Compte rendu commenté de
l’ouvrage de Martine Bouvard
Écrit par Martine Bouvard avec la collaboration d’Héloïse
Dupont, Maud Milliery, François Nef, Pierre Philippot et Françoise Riquier,
l’ouvrage de 247 pages contient 10 chapitres en plus d’une annexe. Le premier
chapitre offre une explication détaillée des modèles théoriques explicatifs
classiques et récents qui regroupent plusieurs modèles qui seront mentionnés
plus bas dans ce compte-rendu. Le second chapitre aborde la conceptualisation
du cas et le début de la thérapie, les critères diagnostiques du DSM-IV, les
diagnostics différentiels, en l’occurrence, le TAG et l’hypocondrie puis les
différentes catégories de TOC. Le troisième chapitre traite de la thérapie
comportementale et de ses fondements. Le quatrième chapitre amène la thérapie
cognitive en cinq étapes. Le cinquième chapitre parle des différents
traitements pharmacologiques. Le sixième expose un cas clinique. Le chapitre
sept soulève l’existence des groupes de thérapie cognitive et comportementale.
Les chapitres huit et neuf décrivent les types de TOC collectionneurs et
ruminateurs. Enfin, le dixième et dernier chapitre illustre la démarche
diagnostique auprès des patients TOC résistants. S’ensuit à la toute fin une
annexe composée du Manuel du patient avec des exercices et techniques.
Le chapitre un, écrit par Héloïse Dupont, nous amène vers
la compréhension des Modèles théoriques.
Tout d’abord, l’auteure précise que les manifestations obsessionnelles des TOC
se traduisent par la présence de pensées, d’images, d’impulsions à répétition
et non désirées. Pour leur part, on appelle compulsion l’action atténuante et
bénéfique sur ces pensées. Ainsi, le TOC est soutenu par une conception
émotionnelle. Le processus du trouble se traduit comme suit. L’obsession, qui
comporte les pensées, idées, images mentales, mène vers une détresse, anxiété,
honte ou angoisse. Cette dernière incite aux comportements ou aux pensées
répétitives qui soulagent temporairement la détresse. Parmi les modèles
explicatifs classiques se trouve le modèle de la psychasthénie et des obsessions de Janet. Il est l’un des premiers
à décrire le trouble. Selon lui, la psychasthénie se caractérise par un « état
psychologique et trait de personnalité particulier, un état de tension psychologique »
(H. Dupont, dans M. Bouvard, 2006). Toujours selon Janet, cet état provoque un
sentiment d’imperfection, d’incomplet, d’incertitude qui pousse le sujet à
penser ou à commettre certaines choses. Pour sa part, le modèle psychanalytique de la névrose obsessionnelle
et de la notion d’impulsion de Freud
propose une notion de refoulement et d’inconscient. Pour lui, le sujet tente de repousser une
représentation insupportable en l’associant à de nouvelles représentations
opposées ou anodines. Ainsi, il en découlerait d’un mécanisme de défense émis
par le Moi contre les désirs du Surmoi. Par exemple, le caractère compulsif du
lavage corporel serait relié à un désir inconscient de souiller (pulsion
anale). Les modèles comportementaux ou
explications au maintien des compulsions sont pour leur part issus de la
théorie du conditionnement et de l’apprentissage. En bref, le trouble relie la
pensée intrusive à un stimulus environnemental. Les compulsions seraient donc
liées à une stratégie d’évitement et de soulagement de l’anxiété liée au
stimulus environnemental.
On retrouve aussi les
modèles explicatifs récents, dont les modèles cognitifs et biologiques. Le
premier basé sur une théorie des schémas de pensées et sur le concept de
surestimation du danger. L’idée centrale repose sur le fait que la pensée
obsessionnelle est un stimulus interne où l’interprétation négative développe
une réponse émotionnelle d’angoisse qui se voit soulagée par un comportement. Par
ailleurs, l’aspect neurobiologique apporte son lot d’hypothèses. Enfin, le modèle intégratif des troubles
psychopathologiques : spectre des troubles apparenté au trouble
obsessionnel compulsif, indique selon certains critères, des traits communs
apparentés tels que le trouble dysmorphophobique, personnalisation, anorexie
mentale, hypocondrie, syndrome Gilles de la Tourette, compulsions , etc. Enfin,
bien que plusieurs modèles d’explication existent afin d’expliquer le TOC, tous
possèdent des outils qui permettent de mieux comprendre et agir pour venir en
aide à la personne. En tant que conseiller et conseillère, la compréhension des
divers facteurs à l’origine du TOC nous permettent de mieux cibler le processus
mental du client et ainsi d’être plus empathique devant ses barrières.
Le chapitre deux, écrit par M. Bouvard, concerne la
conceptualisation du cas et le début de la thérapie. Avec la venue de la
loi 21, les conseillers et conseillères d’orientation membres de leur ordre
pourront poser un diagnostic de santé mentale. Dans le DSM-IV « le
trouble obsessionnel compulsif se définit par la présence d’obsessions et de
compulsions qui doivent créer une grande détresse(…) » Le DSM-IV
considère le TOC comme un trouble anxieux incluant deux types de sujet, ceux
qui le reconnaissent et ceux qui ne remettent pas en question leurs pensées ou
comportements. On pose un diagnostic de TOC chez les personnes qui présentent
un certain nombre de symptômes perdurant sur une période donnée. En d’autres
mots, certaines personnes possèdent des traits de personnalités obsessionnels
compulsifs, mais la situation ne démontre pas assez de gêne pour en venir à un
diagnostic et à un traitement. Aussi, tel que mentionné par l’auteure, « Il est parfois difficile de faire la
différence entre un diagnostic de TOC et un trouble de l’anxiété généralisé. »
(M. Bouvard, 2006) Les idées ruminantes du TAG concernent surtout les activités
quotidiennes, finances, santé, avenir. On peut le confondre aussi avec
l’hypocondrie qui consiste en « une
préoccupation excessive d’être atteint d’une maladie grave ». (M.
Bouvard, 2006).
On
dénombre cinq catégories du TOC. Les sujets ruminateurs ont des pensées obscènes, insensées,
des images de violences sexuelles ou répugnantes telles qu’un bébé mort, ou
encore se perdent dans des questionnements sans réponse. Les sujets laveurs pour
leur part, ont peur d’être contaminés.
Cette peur entraîne un évitement des lieux publics et donc un isolement. Les vérificateurs
ont peur de commettre une erreur, ils représentent des exemples classiques de
la personne qui retourne chez elle plusieurs fois vérifier que le rond de poêle
est bien éteint. Les sujets qui recherchent l’ordre, la symétrie, la
perfection se distinguent par leur désir que tout soit rangé au pouce carré, ordonné, au point de ne
pas pouvoir quitter leur domicile si tout n’est pas parfait. Enfin, les
collectionneurs ou accumulateurs peuvent amasser des tonnes d’objets
répugnants comme des poubelles ou des journaux, réduisant ainsi l’espace de vie
jusqu’à ce qu’il ne représente plus un milieu vivable. Il est bien de savoir
reconnaître les différents types de TOC. Bien que certains types de TOC
occasionnent des comportements indésirables plus discrets, ils n’en constituent
pas moins un élément de souffrance chez l’individu envers qui nous avons un devoir.
La thérapie
comportementale, troisième chapitre écrit par F. Nef et
P. Philippot, explique les trois principes fondamentaux du modèle
comportemental. Le premier consiste à exposer le sujet aux stimuli anxiogènes
en lien avec l’obsession. Puis, lors des expositions, il est primordial que le
sujet ne tente pas d’éviter ou de réduire par un quelconque moyen l’anxiété.
Enfin, le patient doit apprivoiser l’anxiété et ses émotions en liens avec les
obsessions. Il faut comprendre que la simple exposition au phénomène angoissant
ne suffit pas à déconstruire les mécanismes d’évitement et d’apaisement. En
effet, il s’agirait plutôt de développer le sentiment d’efficacité personnelle dans
sa capacité à gérer sa détresse. L’objectif consiste donc à procurer un sentiment
de contrôle et de maîtrise. Il est à noter que «seuls les traitements combinant l’exposition aux obsessions et la
prévention des compulsions sont parvenus à réduire sensiblement les
obsessions-compulsions.» (F. Nef et P. Philippot, 2006) Bien qu’efficace, la thérapie comportementale
demeure exigeante pour le patient et exige de lui une pleine implication pour
l’obtention des résultats. La motivation au changement doit donc être très
forte. Plus loin dans le chapitre, on y démontre comment évolue la thérapie
comportementale pas-à-pas, les actions de la thérapeute et celles du client
jusqu’à l’obtention d’un résultat.
Le
quatrième chapitre, écrit par Mme Bouvard traite de la thérapie cognitive. Elle y explique que l’homme est perturbé par
l’interprétation qu’il se fait d’un évènement davantage que par l’évènement en
soi. En ce qui concerne le TOC, la personne se représente inconsciemment des
schémas de danger qui, situés dans la mémoire à long terme, s’activent
automatiquement. On parle alors de pensées automatiques. Ainsi, la thérapie
cognitive, qui se définit en cinq étapes, souhaite en premier lieu démontrer au
patient ses mécanismes de pensées internes afin qu’il puisse en second lieu
différencier les pensées intrusives, automatiques et neutralisantes. Ensuite le
thérapeute et le client discutent des pensées automatiques afin de les remplacer
par une pensée rationnelle. À l’aide de tableaux l’auteure nous amène à
comprendre comment le thérapeute s’y prend pour remettre en question les
pensées automatiques du client sans imposer son opinion. Par exemple, la technique
du double standard consiste, pour le client, à transposer la situation à
quelqu’un de son entourage afin de rétablir une perception juste des
conséquences possibles liées aux pensées automatiques. Le calcul des
probabilités étape par étape permet aussi de visualiser concrètement le risque
que les pensées se produisent réellement. Puis, en cinquième lieu, le
thérapeute remet en question les schémas par des expériences comportementales
ou encore des tests d’arguments, par exemple dans le premier cas, noter la
crainte qu’un proche subisse un accident de voiture et voir si cela s’est
réalisé ou non.
On
dénombre six schémas spécifiques
chez les sujets possédant un TOC. La responsabilité; le fait de croire
en un pouvoir de prévenir ou provoquer les évènements. L’importance excessive de la pensée; implique que le seul
fait d’avoir cette pensée indique qu’elle a de l’importance, vouloir à tout
prix que cette pensée se réalise. Le besoin de contrôle sur ses pensées;
croyance surestimée que le sujet peut et doit contrôler ses pensées, et qu’en
cas d’échec, des conséquences négatives s’appliquent. L’estimation de la
menace; une exagération du risque ou de la gravité des résultats. L’intolérance
à l’incertitude; l’importance d’être certain, croyance de ne pas parvenir à
faire face au changement imprévu, incapacité de fonctionner en situation
ambiguë. Le perfectionnisme; être convaincu qu’il existe une solution
parfaite et que celle-ci demeure nécessaire.
Le
cinquième chapitre de F. Riquier concerne les traitements pharmacologiques utilisés à ce jour pour les troubles
obsessionnels compulsifs en lien avec les différentes hypothèses
physiopathologiques. La première hypothèse repose sur la génétique et stipule
que de nombreuses recherches ont démontré qu’il y avait une concordance
supérieure à 80% chez les jumeaux homozygotes et plus de 50% chez les jumeaux
hétérozygotes. D’autres études ont confirmé la composante familiale du TOC et
soutiennent l’hypothèse génétique chez le TOC précoce. L’hypothèse infectieuse
démontre que chez certains enfants le TOC serait lié à une infection appelée
chorée de Syndenham qui résulte d’une complication d’un streptocoque. Celle-ci
mène à une comorbidité importante avec troubles neuropsychiatriques (TOC, tics,
TDAH). L’hypothèse neurobiologique touche le système sérotoninergique et
dopaminergique. Dans le premier cas les inhibiteurs de recapture de la
sérotonine (IRS) joue un rôle majeur dans la diminution des symptômes. Le second
cas démontre qu’un dysfonctionnement dopaminergique ou la prise de
stimulants (amphétamine, cocaïne)
augmente les symptômes du TOC. En ce qui concerne le traitement pharmacologique,
il est prouvé que les sujets touchés par le TOC sans vivre de comorbidité de
dépression bénéficient tout autant des antidépresseurs pour autant qu’ils
contiennent des IRS. Ce traitement est à ce jour le plus privilégié. Parmi les
médicaments les plus efficaces, on retrouve le Celexa, l’Anafranil, le Prozac,
le Paxil, le Zoloft. Ces médicaments sont tous de la classe des IRS avec
inhibiteur de dopamine, en d’autres mots, ils représentent des stabilisateurs
de l’humeur avec un effet de diminution de l’anxiété. Bien que nous ne soyons
pas médecins, il est fréquent dans notre milieu de travailler avec des gens
vivant avec un problème de santé mentale, ainsi, il est intéressant de
connaître le rôle des médicaments dans le trouble obsessionnel compulsif. Par
exemple, un client chez qui vous observez un changement de comportement pourra
l’expliquer par l’arrêt de prise de son Prozac. Ce chapitre nous explique donc comment
agit la médication et quels symptômes elle atténue.
Le
chapitre 6 écrit par M. Milliery nous présente un cas clinique en commençant par l’historique de la maladie, les
traitements, les thérapies, les facteurs de maintien, etc. En quelques pages,
le chapitre nous permet de reconnaître les éléments lus dans les chapitres précédents
de manière concrète.
Le
7e chapitre de M. Bouvard et M. Milliery, traite de la thérapie cognitive et comportementale en groupe. L’objectif premier
des groupes de soutien est d’offrir au patient ainsi qu’à leurs proches
un milieu d’accès à de l’information sur le TOC ainsi qu’aux différents
traitements disponibles. Ces rencontres favorisent l’expression libre des
participants et personne n’est tenu de partager s’il n’en ressent pas le besoin
ou l’envie. Les groupes de soutien sont d’une durée générale de 5 semaines à
raison d’une fois par semaine pendant près d’une heure. On retrouve ensuite des
groupes de maintien des gains thérapeutiques où l’on retrouve des
patients avec des historiques de maladie très longs. Leur objectif est de
pratiquer régulièrement l’EPR. L’EPR est « la technique dite d’Exposition avec Prévention de la Réponse (EPR).
Cette technique consiste à exposer le patient au stimulus ou bien à la
situation qu’il redoute, tout en l’encourageant à différer voire à supprimer la
réponse ritualisée. » [2] Les groupes se rencontrent une fois par mois
et les membres s’y présentent à leur guise. Ces groupes favorisent grandement les
résultats et ce, à faible coût. Il
existe aussi des groupes complémentaires au traitement qui se caractérisent
par l’éducation, l’information et le soutien moral aux sujets ainsi qu’à leur
conjoint et famille et ce par l’enseignement et les pratiques techniques
comportementales. Enfin on retrouve des groupes de traitement qui sont pour leur part spécialisés dans le
traitement des TOC par la thérapie cognitive comportementale. Ce traitement
groupal est toutefois rare pour le moment, les sujets expérimentant davantage
cette thérapie de manière individuelle avec un thérapeute. À la lumière de ce
chapitre, nous sommes en mesure de constater qu’il existe plusieurs types de
groupe afin d’aider le client à améliorer sa qualité de vie, en incluant ou non
la participation de la famille et que ces rencontres sont éprouvées comme étant
aussi efficace qu’une thérapie individuelle.
Comme
vu dans le premier chapitre, les chapitres 8 et 9 de Martine Bouvard traitent des types collectionneurs et ruminateurs.
Les collectionneurs sont deux fois plus présents chez l’homme que chez la
femme. Les sujets ayant ce type de TOC n’ont pas une bonne réponse au
traitement par IRS et les recherches démontrent la pertinence et l’efficacité
de la thérapie comportementale pour ces types en particulier. Cependant, ils se retrouvent souvent en
thérapie sous la pression de l’entourage et ne reconnaissent pas la
problématique ou en minimisent la sévérité. Très attachés à leur possession, bien
qu’ils soient en mesure de reconnaître l’excessivité de leur accumulation, ils
ne parviennent pas à les remettre en question avec les techniques classiques
vues au début de ce compte rendu. On retrouve le plus souvent l’accumulation de
journaux ou papiers contenant de l’information, facture, relevé bancaire, note,
liste ou encore nourriture, vêtement, etc. Le chapitre offre une description
clinique de ce type de TOC. L’un des traits du comportement de l’accumulateur
consiste en l’attachement émotionnel à l’excès envers les objets, en d’autres
mots, pour l’individu tout objet a une
valeur sentimentale en parallèle à un individu qui n’a pas de TOC et qui
porterait par exemple un attachement émotionnel pour l’objet appartenant à une
personne chère qui serait décédée. On retrouve aussi des pièces excessivement
remplies empêchant ainsi l’exécution d’activité prévue dans cet espace. Ce
comportement serait lié, selon le modèle de Frost et Hartl, à quatre composantes
déficitaires. La première serait liée au déficit dans le traitement de
l’information, par exemple en surestimant la gravité des conséquences d’un
objet qui serait jeté. Ou encore, qu’un objet peut acquérir de la valeur avec
le temps. Dans un contexte de collection extrême, chaque objet devient irremplaçable
de par son unicité. Le fait de penser à toutes les conséquences que le sujet
peut encourir à jeter un objet devient tellement interminable qu’il apparait
beaucoup plus simple de garder cette chose. L’attachement excessif aux biens
s’explique pour sa part par le fait que chaque bout de papier représente une
partie de l’identité du sujet. S’en débarrasser résulte donc à se dégager d’une
partie de lui-même, en d’autres mots, leurs possessions deviennent des
extensions d’eux-mêmes, ce qui explique l’aspect sécurisant de l’accumulation. La
croyance dysfonctionnelle concernant la possession est pour sa part liée à
la perfection, donc à l’impossibilité de jeter quelque chose par erreur, ou
encore concernant la responsabilité, l’individu, en protégeant à outrance ses
possessions, se protège lui-même. Enfin, l’évitement se traduit par le
fait de ne pas prendre de décision face à l’objet.
En
ce qui concerne les ruminateurs chez qui les pensées intrusives se
présentent avec des sujets tels
que : sexualité, contamination, santé, perte de contrôle, accidents,
paroles blessantes, expériences humiliantes, etc., les techniques cognitives
utilisent l’exposition avec prévention de la réponse afin d’empêcher par le
patient la neutralisation des idées obsédantes par un comportement x. Dans les
deux cas, le client qui consulte un conseiller d’orientation ne démontrera pas
par des actions évidentes son problème obsessif, il n’en demeure pas moins
qu’au fil des entretiens, en sachant repérer dans le discours ou dans les gestes
du client, nous pouvons amener le client à discuter de nos observations et de
s’assurer qu’il y a un suivi adapté à sa condition.
Le
dixième et dernier chapitre écrit par M. Bouvard et M. Milliery traite des TOC résistants. Les chapitres précédant
ont démontré que la prise d’IRS contribue fortement à la diminution ou
neutralisation des symptômes de la plupart des TOC. Cependant il reste des individus pour
qui ni la prise d’IRS ni la thérapie cognitive et comportementale n’obtiennent
les effets désirés. On parle alors de TOC résistant. Dans ce cas, les auteurs
se penchent en premier lieu sur les diagnostics différentiels. S’agit-il de
conditions métaboliques ou encore toxiques?
Il existe aussi un lien étroit entre le TOC, le tic et le syndrome
Gilles de la Tourette. On peut aussi retrouver les tocs dans la démence, par
exemple, établir des listes de choses à accomplir de manière excessive dans les
débuts de la démence. La mutilation ou automutilation se retrouve chez des
personnes vivant avec un retard mental, mais ne présentant pas de TOC. Il faut
aussi considérer les comorbidités. Par exemple, un patient avec un trouble
dépressif en plus du TOC trouvera très peu de résultats positifs lors de la
thérapie cognitive et comportementale.
Ou encore TOC et état de stress post-traumatique, ainsi des évènements
traumatisants (viol, accident de voiture, guerre, etc.) peuvent déclencher
aussi un TOC. De plus, au moins 30% des
individus vivant avec un TOC présentent un trouble de la personnalité dont : personnalité évitante, dépendante, histrionique,
schizotypique et obsessionnelle compulsive. Enfin il faut se souvenir que les
troubles de la personnalité sont en soi un facteur de résistance aux
traitements.
4. Pertinence pratique
L’ouvrage de
Martine Bouvard est un outil pratique pour tout professionnel travaillant avec
une clientèle présentant un ou des problèmes de santé mentale. En effet, le
milieu de l’orientation scolaire et professionnelle n’est pas exclu de cette
clientèle. Puisque le client présente une réalité, il est de notre devoir de
comprendre cette réalité et de travailler en fonction de celle-ci pour le
client. Bien que nous ne soyons pas psychiatres, il est plus qu’utile de savoir
reconnaître les traits et comportements d’une personne présentant un trouble
obsessionnel compulsif. En effet, cette dimension de l’individu est fortement à
considérer dans un choix de carrière ou de formation. Le conseiller
d’orientation n’aura pas à faire avec le client de la thérapie cognitive et
comportementale bien qu’une formation en psychothérapie pourrait l’amener vers
cet exercice. Il n’en demeure pas moins qu’une bonne connaissance des troubles
obsessionnels et compulsifs permet de faire avancer le client vers un objectif
réaliste en lui apportant des stratégies d’intervention appropriées à son
fonctionnement. Le livre inclut en annexe un manuel du patient qui permet au
client de mieux reconnaitre les TOC à l’aide d’exercices et d’observations.
Cette partie du livre peut s’avérer fort utile pour un premier regard par le
client sur sa problématique. Par contre, puisque le livre est écrit par une
auteure française, les références pour le patient sont européennes, il est donc
pertinent de trouver les ressources dans la région de pratique. De plus, le
conseiller d’orientation travaille régulièrement avec des gens présentant des
pensées erronées, des croyances irrationnelles, des idées préconçues, etc. Ainsi,
on retirera des outils afin d’amener les clients à reconnaître ces pensées et à
déconstruire les schémas qui leur sont reliés. En effet, le chapitre sur la
thérapie cognitive est fort intéressant et applicable à d’autres sujets en ce
qui concerne le processus de la pensée intrusive, automatique et neutralisante.
Par exemple, face à un projet de retour aux études, le client a une idée
pénible qu’il sera rejeté par ses collègues. La pensée automatique reliée se
traduit par l'idée qu’il souffrira et regrettera de s’être inscrit. Ainsi, il
aura une pensée neutralisante qui pourrait se traduire par penser rapidement au
fait que l’école ne l’intéresse pas du tout. En écoutant le premier niveau du
client, nous comprendrons que l’école ne l’intéresse pas, alors que derrière se
cache une pensée intrusive. Enfin, l’ouvrage de M. Bouvard nous amène à voir
au-delà des mots, ce qui reste indispensable dans notre profession.
Bibliographie
Bouvard,
M. (2006). Les troubles obsessionnels
compulsifs : principes, thérapies, applications. Paris : Elsevier
Masson S.A.S ISBN : 2-294-08065-3
Annales Médico Psychologiques 162 (2004)
411–417. DOSSIER : le trouble obsessionnel compulsif. B.Millet, N.Jaafari, http://www.amdpifrance.com/journal/IMG/pdf/TOCmilletjaafari.pdf
consulté le 17 octobre 2013
Centre national de la recherche
scientifique, site du Laboratoire de Psychologie et NeuroCognition UMR5105, http://web.upmf-grenoble.fr/lpnc/membre_martine_bouvard,
consulté le 23 septembre 2013
[1] Centre national de la recherche scientifique, site du Laboratoire
de Psychologie et NeuroCognition UMR5105, http://web.upmf-grenoble.fr/lpnc/membre_martine_bouvard,
consulté le 23 septembre 2013
[2] Annales Médico Psychologiques 162 (2004)
411–417. DOSSIER : LE TROUBLE OBSESSIONNEL COMPULSIF. B. Millet , N. Jaafari, http://www.amdpifrance.com/journal/IMG/pdf/TOCmilletjaafari.pdf , consulté le 17 octobre 2013
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