lundi 28 avril 2014

Compréhension des attitudes des employeurs du Québec envers les personnes judiciarisées en contexte de sélection (Judith Laniel)



Finissante à la maîtrise en carriérologie
Université du Québec à Montréal 

Sous la direction de Lise Lachance, professeure titulaire (UQÀM)

Diffusion : Louis Cournoyer, professeur (UQÀM)


PROBLÉMATIQUE :

La réinsertion sociale des contrevenants et la diminution du risque de récidive sont au cœur de la Loi sur le système correctionnel du Québec (LSCQ), mise en vigueur en février 2007 (ministère de la Sécurité Publique, 2010). Les coûts économiques et humains de la récidive et du système correctionnel sont élevés. Il suffit de rappeler que les coûts quotidiens pour un détenu sont de 164$, sans compter les coûts humains reliés aux victimes ou aux familles des contrevenants (ministère de la Sécurité Publique, 2010). Il est difficile aujourd’hui, voire impossible, de parler de réinsertion sociale sans aborder la question du travail. Non seulement le travail est-il essentiel pour répondre aux besoins fondamentaux (se nourrir, se loger, se vêtir, etc.), il s’avère également efficace pour reconstruire l’estime de soi, adopter un style de vie sain et donner un sentiment d’appartenance et d’utilité face à la communauté (Visher, Winterfield et Coggeshall, 2005). Le fait d’obtenir un emploi légal et stable est démontré par plusieurs études comme étant un excellent prédicteur de succès dans la réinsertion et un moyen efficace de réduire la récidive et le risque de retour dans le système correctionnel chez les ex-contrevenants (Visher et al., 2005; Tripodi, Kim et Bender, 2009; Skardhamar et Telle, 2009).

Non seulement les ex-contrevenants qui occupent un emploi stable et légal réussissent davantage leur réinsertion sociale et ont moins de risque de récidiver, mais ils contribuent également à l’économie du Québec. Dans un contexte où l’évolution démographique du Québec le conduira dans moins de 20 ans à ne pouvoir compter que sur 2,5 personnes en âge de travailler pour une personne de 65 ans et plus comparativement à un ratio de 5 pour 1 à l’heure actuelle (Institut de la statistique du Québec, 2008), la présence sur le marché du travail des ex-contrevenants est primordiale. En effet, dans un contexte de vieillissement de la population et de pénurie de main-d'œuvre, la province ne peut se permettre de se passer de ces travailleurs potentiels que sont les personnes judiciarisées.       

Au Québec, près de 14% de la population adulte possède un casier judiciaire, ce qui représente 800 000 personnes (Bernheim, 2010). Selon des données de 2007-2008 de la Direction de la recherche des services correctionnels (Giroux, 2011), 61% des individus faisant partie de la population correctionnelle du Québec éprouvaient des difficultés dans la sphère de l’éducation et de l’emploi. La seule présence d’un casier judiciaire diminue les chances d’obtenir un emploi d’au moins de moitié et il arrive que ce pourcentage augmente jusqu’à 80% dans certains domaines d’emploi (Pager, 2003; Metcalf et al, 2001). Le casier judiciaire représente donc un obstacle majeur dans la démarche d’obtention d’un emploi pour une personne judiciarisée (Vennard et Hedderman, 2009).

En plus de la présence du casier judiciaire, plusieurs facteurs d’employabilité rendent difficile l’insertion en emploi des personnes judiciarisées. Holzer, Raphael et Stoll (2003b) font état dans leur écrit des barrières qui limitent l’employabilité chez les ex-détenus. Ils séparent ces obstacles en deux groupes, soient d’un côté ceux qui concernent l’offre et, de l’autre, ceux qui sont plutôt liés à la demande. Du côté de l’offre, les auteurs parlent du manque d’expériences d’emploi récentes, d’un faible niveau de compétences reliées aux emplois, du faible nombre de contacts, d’une sous-scolarisation, des difficultés de transport ou d’un historique d’abus de substance. Plusieurs programmes et services sont mis en place par le gouvernement du Québec et les Services correctionnels afin d’améliorer le niveau d’employabilité des contrevenants et le succès de leur réinsertion en général. Pour contrer le manque d’expériences d’emploi, tous les établissements provinciaux offrent des activités de travail rémunérées, qui sont généralement des contrats de sous-traitance avec des entreprises privées, et ce depuis février 2003. Afin de contrer la sous-scolarisation, du personnel enseignant est présent dans tous les établissements et les contrevenants ont la possibilité de poursuivre leurs études secondaires. De plus, un conseiller en main-d’œuvre est présent dans chaque établissement afin d’aider les contrevenants dans leurs processus d’employabilité. Plusieurs services et programmes sont également présents dans la communauté.

Toutefois, ces différentes actions n’interviennent pas du côté de la demande dont parlaient Holzer et al. (2003b), c’est-à-dire du côté des barrières à l’emploi qui proviennent de l’employeur. Pourtant, le pouvoir des employeurs sur l’employabilité des ex-contrevenants est indéniable. Au final, ce sont eux qui engagent ou non les personnes judiciarisées. Ces barrières incluent les attitudes des employeurs envers le fait d’engager un ex-contrevenant et la stigmatisation à laquelle ces derniers sont confrontés. Quelques auteurs, dans divers pays, ont étudié les obstacles du côté de la demande. Ils ont établi que les ex-contrevenants font face à une stigmatisation importante de la part de leur société en général et des employeurs potentiels, qu’elle soit ouvertement démontrée ou dissimulée (Pager et Quillian, 2005). Cette stigmatisation contribue à la difficulté d’obtenir et de maintenir un emploi stable et légal (Thompson et Cummings, 2010).


En dépit de la mention du rôle des perceptions sociales envers les ex-contrevenants dans la réussite de leur réinsertion sociale par le gouvernement du Québec dans son plan d’action 2010-2013 (Ministère de la sécurité publique, 2010), les études sur lesquelles il se base sont plus ou moins récentes et ne proviennent pas du Québec. Il est raisonnable de croire que les perceptions ont pu avoir changé au cours des années et qu’elles sont propres à chaque société, donc possiblement différentes au Québec de ce qui peut ressortir aux États-Unis par exemple. La réalité carcérale et judiciaire du Québec est différente de celle aux États-Unis ou en Angleterre. Le Québec prône la réhabilitation, comme le démontre le plan d’action gouvernemental 2010-2013 en matière de réinsertion sociale des contrevenants (Ministère de la sécurité publique, 2010), tandis que les États-Unis sont davantage orientés vers la répression et l’incarcération (DeFina et Hannon, 2013). Entre 1975 et 2005, le taux d’incarcération aux États-Unis a augmenté de 342%, passant de 111 à 491 individus incarcérés pour 100 000 habitants (DeFina et Hannon, 2013). À titre comparatif, le taux d’incarcération canadien était de 117 individus pour 100 000 habitants au Canada en 2012, alors qu’au même moment il était de 730 pour 100 000 habitants aux États-Unis (Dauvergne, 2012). Il semble qu’aucune recherche empirique n’ait tenté de déterminer récemment quelles sont les attitudes des employeurs par rapport aux personnes judiciarisées spécifiquement au Québec.  L’objectif général de cette étude est de comprendre les attitudes des employeurs du Québec envers les personnes judiciarisées en contexte de sélection.  



POUR OBTENIR UNE COPIE PDF DU DOCUMENT, veuillez communiquez avec Louis Cournoyer sur son adresse courriel:  cournoyer.louis@uqam.ca 

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