Finissante à la maîtrise en carriérologie
Université du Québec à Montréal
Sous la direction de Lise Lachance, professeure titulaire (UQÀM)
Diffusion : Louis Cournoyer, professeur (UQÀM)
PROBLÉMATIQUE :
La
réinsertion sociale des contrevenants et la diminution du risque de récidive
sont au cœur de la Loi sur le système correctionnel du Québec (LSCQ), mise en
vigueur en février 2007 (ministère de la Sécurité Publique, 2010). Les coûts
économiques et humains de la récidive et du système correctionnel sont élevés.
Il suffit de rappeler que les coûts quotidiens pour un détenu sont de 164$,
sans compter les coûts humains reliés aux victimes ou aux familles des
contrevenants (ministère de la Sécurité Publique, 2010). Il est difficile
aujourd’hui, voire impossible, de parler de réinsertion sociale sans aborder la
question du travail. Non seulement le travail est-il essentiel pour répondre
aux besoins fondamentaux (se nourrir, se loger, se vêtir, etc.), il s’avère
également efficace pour reconstruire l’estime de soi, adopter un style de vie
sain et donner un sentiment d’appartenance et d’utilité face à la communauté (Visher,
Winterfield et Coggeshall, 2005). Le fait d’obtenir un emploi légal et stable
est démontré par plusieurs études comme étant un excellent prédicteur de succès
dans la réinsertion et un moyen efficace de réduire la récidive et le risque de
retour dans le système correctionnel chez les ex-contrevenants (Visher et al., 2005;
Tripodi, Kim et Bender, 2009; Skardhamar et Telle, 2009).
Non
seulement les ex-contrevenants qui occupent un emploi stable et légal
réussissent davantage leur réinsertion sociale et ont moins de risque de
récidiver, mais ils contribuent également à l’économie du Québec. Dans un
contexte où l’évolution démographique du Québec le conduira dans moins de 20
ans à ne pouvoir compter que sur 2,5 personnes en âge de travailler pour une
personne de 65 ans et plus comparativement à un ratio de 5 pour 1 à l’heure
actuelle (Institut de la statistique du Québec, 2008), la présence sur le
marché du travail des ex-contrevenants est primordiale. En effet, dans un
contexte de vieillissement de la population et de pénurie de main-d'œuvre, la province
ne peut se permettre de se passer de ces travailleurs potentiels que sont les personnes
judiciarisées.
Au
Québec, près de 14% de la population adulte possède un casier judiciaire, ce
qui représente 800 000 personnes (Bernheim, 2010). Selon des données de
2007-2008 de la Direction de la recherche
des services correctionnels (Giroux, 2011), 61% des individus faisant
partie de la population correctionnelle du Québec éprouvaient des difficultés
dans la sphère de l’éducation et de l’emploi. La seule présence d’un casier
judiciaire diminue les chances d’obtenir un emploi d’au moins de moitié et il
arrive que ce pourcentage augmente jusqu’à 80% dans certains domaines d’emploi
(Pager, 2003; Metcalf et al, 2001). Le casier judiciaire représente donc un
obstacle majeur dans la démarche d’obtention d’un emploi pour une personne
judiciarisée (Vennard et Hedderman, 2009).
En
plus de la présence du casier judiciaire, plusieurs facteurs d’employabilité
rendent difficile l’insertion en emploi des personnes judiciarisées. Holzer,
Raphael et Stoll (2003b) font état dans leur écrit des barrières qui limitent
l’employabilité chez les ex-détenus. Ils séparent ces obstacles en deux
groupes, soient d’un côté ceux qui concernent l’offre et, de l’autre, ceux qui
sont plutôt liés à la demande. Du côté de l’offre, les auteurs parlent du manque
d’expériences d’emploi récentes, d’un faible niveau de compétences reliées aux
emplois, du faible nombre de contacts, d’une sous-scolarisation, des
difficultés de transport ou d’un historique d’abus de substance. Plusieurs
programmes et services sont mis en place par le gouvernement du Québec et les
Services correctionnels afin d’améliorer le niveau d’employabilité des
contrevenants et le succès de leur réinsertion en général. Pour contrer le
manque d’expériences d’emploi, tous les établissements provinciaux offrent des
activités de travail rémunérées, qui sont généralement des contrats de
sous-traitance avec des entreprises privées, et ce depuis février 2003. Afin de
contrer la sous-scolarisation, du personnel enseignant est présent dans tous
les établissements et les contrevenants ont la possibilité de poursuivre leurs
études secondaires. De plus, un conseiller en main-d’œuvre est présent dans
chaque établissement afin d’aider les contrevenants dans leurs processus
d’employabilité. Plusieurs services et programmes sont également présents dans
la communauté.
Toutefois,
ces différentes actions n’interviennent pas du côté de la demande dont
parlaient Holzer et al. (2003b), c’est-à-dire du côté des barrières à l’emploi
qui proviennent de l’employeur. Pourtant, le pouvoir des employeurs sur
l’employabilité des ex-contrevenants est indéniable. Au final, ce sont eux qui
engagent ou non les personnes judiciarisées. Ces barrières incluent les
attitudes des employeurs envers le fait d’engager un ex-contrevenant et la stigmatisation
à laquelle ces derniers sont confrontés. Quelques auteurs, dans divers pays,
ont étudié les obstacles du côté de la demande. Ils ont établi que les
ex-contrevenants font face à une stigmatisation importante de la part de leur
société en général et des employeurs potentiels, qu’elle soit ouvertement
démontrée ou dissimulée (Pager et Quillian, 2005). Cette stigmatisation
contribue à la difficulté d’obtenir et de maintenir un emploi stable et légal (Thompson
et Cummings, 2010).
En
dépit de la mention du rôle des perceptions sociales envers les
ex-contrevenants dans la réussite de leur réinsertion sociale par le
gouvernement du Québec dans son plan d’action 2010-2013 (Ministère de la
sécurité publique, 2010), les études sur lesquelles il se base sont plus ou
moins récentes et ne proviennent pas du Québec. Il est raisonnable de croire
que les perceptions ont pu avoir changé au cours des années et qu’elles sont
propres à chaque société, donc possiblement différentes au Québec de ce qui
peut ressortir aux États-Unis par exemple. La réalité carcérale et judiciaire
du Québec est différente de celle aux États-Unis ou en Angleterre. Le Québec
prône la réhabilitation, comme le démontre le plan d’action gouvernemental
2010-2013 en matière de réinsertion sociale des contrevenants (Ministère de la
sécurité publique, 2010), tandis que les États-Unis sont davantage orientés
vers la répression et l’incarcération (DeFina et Hannon, 2013). Entre 1975 et
2005, le taux d’incarcération aux États-Unis a augmenté de 342%, passant de 111
à 491 individus incarcérés pour 100 000 habitants (DeFina et Hannon,
2013). À titre comparatif, le taux d’incarcération canadien était de 117
individus pour 100 000 habitants au Canada en 2012, alors qu’au même
moment il était de 730 pour 100 000 habitants aux États-Unis (Dauvergne,
2012). Il semble qu’aucune recherche empirique n’ait tenté de déterminer récemment
quelles sont les attitudes des employeurs par rapport aux personnes judiciarisées
spécifiquement au Québec. L’objectif
général de cette étude est de comprendre les attitudes des employeurs du Québec
envers les personnes judiciarisées en contexte de sélection.
Pour consulter le document entier, cliquez sur le titre : Compréhension des attitudes des employeurs du Québec envers les personnes judiciarisées en contexte de sélection (Judith Laniel)
POUR OBTENIR UNE COPIE PDF DU DOCUMENT, veuillez communiquez avec Louis Cournoyer sur son adresse courriel: cournoyer.louis@uqam.ca
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