Valérie
Lavigueur, étudiante à la maîtrise en carriérologie (UQAM)
OBJECTIFS
Objectif général : Modifier les perceptions d’un client aux prises avec
des sentiments intenses de tristesse, de honte ou de culpabilité à la suite
d’un événement perçu comme traumatisant (violence
physique ou verbale, perte d’un collègue, etc.) et pour lequel on identifie
des répercussions au niveau professionnel.
Objectifs spécifiques :
û Mieux
comprendre les facteurs qui sont considérés par le client comme des éléments
responsables de l’événement;
û Aider
le client à remettre en question certaines attributions qui entraînent de la
détresse et à envisager d’autres facteurs qui pourraient aussi avoir joué un
rôle dans l’événement;
û Prendre
conscience de la nouvelle réalité pour favoriser le maintien ou le retour en
emploi;
û Accompagner
le sujet dans le développement de ressources cognitives, conatives et sociales
rattachées au concept de la résilience (Pourtois,
Humbeeck et Desmet, 2012)
MISE EN CONTEXTE ET PROCÉDURE
D’INTERVENTION
*Matériel requis : table,
deux verres en plastique, eau, balance (ou règle et crayon).
Cette activité trouve son
utilité auprès d’une clientèle de tous âges présentant des symptômes
post-traumatiques ainsi que des sentiments d’inexactitude et de remords. On
peut parler entre autres d’une agression sur le lieu de travail, ou encore du
décès d’un collègue à la suite d’un événement tragique, engendrant des craintes
de maintien ou de retour en emploi. Le client présente ainsi une détresse qui
semble découler de son interprétation des facteurs responsables de l’événement
traumatique, l’empêchant par le fait même d’entamer ou de poursuivre son
cheminement professionnel.
La première étape consiste à déposer une balance de Roberval sur une
table entre vous et le client, et y placer séparément les verres en plastique (dans le cas où vous n’avez pas de balance de
ce type, vous pouvez employer la technique illustrée dans l’image ci-dessous).
La deuxième étape consiste à utiliser la balance comme une tarte
d’attributions et d’y schématiser l’importance des divers facteurs causaux qui,
selon le client, pourraient être responsables de l’événement. Autrement dit, le
sujet doit réfléchir aux différentes causes qui, d’après lui, expliquent la
survenue de l’événement. Par exemple, il peut s’agir de son sentiment
d’incompétence, de son impression d’inintelligence ou encore de manque de
rapidité d’exécution. Le client doit ainsi identifier les causes responsables
qui se rattachent à sa personne (facteurs
internes) et aux autres facteurs qui ne relèvent pas de sa personne (facteurs externes).
La troisième étape consiste à ce que le sujet énumère un par un les
facteurs causaux trouvés. Pour chacune de ces causes responsables, le client
doit verser de l’eau dans un des verres, selon s’ils s’agissent de facteurs
internes ou externes, en mesurant bien
la quantité d’eau selon le pourcentage d’attribution de la cause à l’événement
traumatisant. Par exemple, la personne peut percevoir trois principales causes
responsables, soit son sentiment d’incompétence (verser de l’eau jusqu’à la moitié du verre à sa gauche), son
inintelligence (ajouter à ce même verre
1/5 d’eau) ainsi que le contexte économique (verser 1/8 d’eau dans le verre de droite). Il est important ici que
le conseiller pousse la réflexion du client lorsque ce dernier nomme un facteur
causal et qu’il y ait présence d’un échange empathique.
Une fois que le client a
énuméré tous les facteurs, le conseiller peut passer à la quatrième étape, qui vise principalement à amener le sujet à
s’interroger quant à l’importance qu’il accorde aux différentes causes
responsables. Le conseiller pose alors trois questions à la personne :
1.
En
examinant la balance, êtes-vous bien sûr(e) que chacun des éléments a sa part
équitable de responsabilité ? Se pourrait-il que la responsabilité d’un ou de
plusieurs facteurs soit exagérée ? (Brillon, 2013)
2.
Se
pourrait-il que d’autres facteurs aient pu aussi jouer ? Par exemple, avez-vous
considéré le rôle du hasard, du contexte social, de votre environnement, de la
destinée, ou de la personne présente avec vous lors de l’événement, dans votre
évaluation? Pourquoi? (Brillon, 2013)
- Si vous aviez à refaire cet exercice, comment répartiriez-vous
les responsabilités maintenant ? (Brillon, 2013)
Cette étape cherche à
illustrer la présence de certaines distorsions cognitives quant aux facteurs
internes et externes, tout en tentant de permettre au client de penser aux
autres facteurs non considérés.
La dernière étape consiste à accompagner le client vers une
réévaluation de la responsabilité de chacun des facteurs. Partant de ce fait,
le conseiller et le client échangent à propos des preuves appuyant et réfutant
l’interprétation que l’événement aurait pu être empêché, ainsi que des façons
envisagées de considérer les causes responsables de l’incident. Il est
important de demander au client de reconsidérer l’importance de chacun des
facteurs de la façon la plus objective possible et de vérifier si tous les
éléments potentiels ont été envisagés. Par la suite, on considère d’autres
causes qui ne lui semblaient pas pertinentes auparavant. On peut terminer
l’activité en demandant au client de refaire la distribution des causes
responsables en y versant maintenant la bonne quantité d’eau dans chacun des
verres, selon s’ils s’agissent toujours de facteurs internes ou externes.
Si l’on reprend l’approche
de Pourtois, Humbeeck et Desmet (2012), cet exercice permet à l’individu de
développer des ressources rattachées au concept de la résilience, dans le sens
où le sujet consent à faire preuve d’optimisme
et de réalisme, tout en manifestant
une aptitude à la narration de soi.
Le conseiller peut également utiliser l’outil pour mieux comprendre et travailler
les attributions du client face à ses comportements
lors de l’événement, face à ses symptômes
post-traumatiques et/ou face à l’attitude
de son entourage.
MISE EN GARDE ET AUTRES INFORMATIONS
COMPLÉMENTAIRES
Le conseiller doit faire
attention à ne pas tomber dans un discours moralisateur, persuasif ou
autosuggestif. Il s’avère important en
effet de respecter le rythme, les résistances ainsi que le système de valeurs
du client. Cet exercice ne cherche nullement à pousser le sujet à faire quelque
chose ou à convaincre les deux parties que tout va bien; il s’agit plutôt
d’amener le client à comprendre ses craintes et tenter de les remettre
tranquillement en question. L’individu ne doit pas sentir qu’il doit
reconsidérer complètement sa façon de penser, mais bien d’induire un désir
d’examiner plus précisément sa manière d’interpréter les choses. (Brillon,
2013)
Dans le même ordre d’idées,
il est important que le conseiller ne réponde pas aux questions posées au
client, sans quoi il pourrait dicter des réponses non révélatrices pour ce
dernier ou encore implanter des nouvelles pensées plus réalistes. L’individu
doit remettre en question ses propres pensées automatiques anxiogènes, le rôle
du conseiller étant davantage axé au niveau de l’accompagnement à travers sa
démarche et de l’adoption d’une attitude empathique. (Brillon, 2013)
PHASE DU PROCESSUS
Cette stratégie
d’intervention s’applique davantage à la phase de compréhension. En effet, elle permet au client d’avoir des prises
de conscience par rapport à son fonctionnement psychologique, soit plus
précisément à son mode de pensée. La restructuration cognitive permettra par la
suite au sujet de se mobiliser au travers d’une intégration ou une
réintégration en emploi.
MOTS-CLÉS
·
Attributions
dysfonctionnelles
·
Facteurs
causaux
·
Représentation figurée
·
Restructuration
cognitive
·
Sentiment
de culpabilité
SOURCES D’INSPIRATION ET RÉFÉRENCES
BRILLON, Pascale. (2013). Comment
aider les victimes souffrant de stress post-traumatique. Guide à l’intention
des thérapeutes. Québec. Les Éditions Québec-Livres.
POURTOIS,
Jean-Pierre. HUMBEECK, Bruno. DESMET, Huguette. (2012). Les ressources de la résilience, Paris, Presses Universitaires de
France, 347p.
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