lundi 12 novembre 2012

QUELQUES STRATÉGIES D'INTERVENTION ORIENTANTES ... AFFRONTER UNE SITUATION PLUTÔT QUE D’ENTRETENIR L’IMMOBILISME

AFFRONTER UNE SITUATION PLUTÔT QUE D’ENTRETENIR L’IMMOBILISME

Caroline Huppé, étudiante à la maîtrise en carriérologie (UQÀM)
Objectif général : Modifier les perceptions d’un client aux prises avec un sentiment d’immobilisme quant à son avenir professionnel.
Objectifs spécifiques :
û  Aider le client à se lancer dans l’action.
û  Formuler les intentions du client aussi concrètement que possible.
La conseillère en orientation travaille en pratique privée. Elle rencontre Sarah, âgée de 30 ans, pour la deuxième fois. Cette dernière lui a confié, la semaine dernière, être de retour au Québec depuis cinq mois après 4 années passées à Edmonton. Son conjoint avait accepté un emploi dans cette ville et elle a décidé de le suivre.
Sarah dit avoir complété une maîtrise en Sciences politiques avant de quitter pour l’Alberta. En arrivant là-bas, elle ne savait pas quel type d’emploi elle pourrait occuper avec son bagage scolaire alors elle s’est présentée dans un Centre d’aide à l’emploi. Ce centre avait justement besoin d’une conseillère en emploi et Sarah a été embauchée dans les jours suivants même si, selon ses dires, ce n’est pas un domaine qui l’intéresse vraiment. Elle est restée à l’emploi du Centre jusqu’à son retour au Québec.
Maintenant qu’elle est de retour au Québec, Sarah dit qu’elle « est au neutre ». Elle ne sait pas dans quel domaine elle désire travailler, rien ne l’intéresse vraiment. Elle a mentionné d’emblée ne pas vouloir retourner à l’école, elle dit avoir passé assez d’années à l’université. Elle dit être tannée d’être à la maison et de se « faire vivre » par son conjoint, mais de l’autre côté, elle dit qu’elle a l’impression de se retrouver dans un cul-de-sac sans issue et qu’elle ne sait pas par où commencer pour trouver un emploi qui la stimulera et qui lui donnera envie de se lever tous les matins.

Sarah : J’ai l’impression d’avoir perdu mon temps depuis 4 ans.
Conseillère : Comment expliques-tu cette impression ?
Sarah : J’ai l’impression de vivre dans le déni. Je ne sais pas ce que je veux faire de ma vie, je ne sais pas où je m’en vais, j’ai l’impression que ma vie, c’est n’importe quoi !
Conseillère : Sarah, j’aimerais te proposer une activité.
La conseillère se lève et va chercher un casse-tête pour les jeunes enfants au contour rigide.
Sarah, imaginons que nous comparons ta vie à ce casse-tête. J’aimerais que tu prennes le casse-tête et que tu le lances dans les airs.
Sarah : Euh…….ok….
Sarah prend donc le casse-tête et le lance dans les airs.
La conseillère récupère le cadre et le remet dans les mains de Sarah. Les morceaux sont sur le sol.
Conseillère : Qu’est-ce que tu as dans les mains présentement ?
Sarah : Le cadre du casse-tête.
Conseillère : Effectivement. Imaginons que ce cadre correspond à ta vie, à ta réalité.
La conseillère récupère les pièces du casse-tête au sol.
Conseillère : Maintenant, si le cadre correspond à ta vie, à ta réalité, à quoi pourraient correspondre toutes les pièces du casse-tête.
Sarah : Hum…. Les pièces pourraient correspondre aux différentes parties de ma vie ?
Conseillère : Effectivement. Et pourrais-tu me donner des exemples ?
Sarah : Bien, par exemple, une partie peut se rapporter à mes études, une autre à mes expériences de travail, une autre à ma famille… est-ce que ça fait du sens ?
Conseillère : Tout à fait. En fait, chacune des parties du casse-tête représente une partie de qui tu es. J’ai le sentiment que pour le moment, les pièces de ta vie, comme celles du casse-tête, sont éparpillées et que tu as de la difficulté à les remettre en place. Est-ce que ça fait du sens pour moi ?
Sarah : Un peu abasourdie…. Oui. Je suis consciente de qui je suis, mais j’ai de la difficulté de faire de l’ordre dans ma tête.
Conseillère : J’ai le sentiment que jusqu’à maintenant, les pièces de ton casse-tête étaient éparpillées un peu partout, un peu comme le casse-tête que nous avons entre les mains. Toutes les pièces sont là, le casse-tête est complet, mais il serait important de faire de l’ordre dans les pièces, de les considérer une à une et de trouver leur place dans le cadre de ta vie. Est-ce que ce que je dis présentement fait du sens pour toi ?
Sarah : Tout à fait. J’ai l’impression que j’ai toutes les pièces entre les mains mais que je suis incapable de les placer dans le cadre du casse-tête.
Conseillère : Je comprends ce que tu me dis. À cet effet, ce que je voudrais te proposer, c’est que nous prenions une à une chacune des pièces du casse-tête de ta vie afin qu’on trouve à quel endroit elles vont et qu’est-ce qu’il serait important de faire afin qu’elles restent au bon endroit. Qu’est-ce que tu en penses ?
Sarah : Je ne pense que c’est une bonne idée. Je ne suis pas certaine d’y arriver seule et je crois que ça m’aiderait de faire cet exercice avec vous.
Conseillère : Je suis heureuse de pouvoir t’accompagner dans cette démarche. Par quelle pièce du casse-tête aimerais-tu commencer ?
Dans le but de s’assurer que la stratégie d’intervention orientante soit optimale au niveau de son efficacité, nous croyons qu’il est essentiel que l’alliance  thérapeutique soit établie avant de proposer ce type d’activité au client. En effet, le conseiller en orientation ne sait pas d’emblée ce qui provoque cette situation d’immobilisme et nous considérons qu’il peut être pertinent d’explorer les causes de l’immobilisme avant de trouver des solutions visant à enrayer la situation d’immobilisme.

« Fuir une situation plutôt que de l’affronter » du livre :
Beaulieu, D. (2002). Techniques d’impact en psychothérapie, relation d’aide et santé mentale. Québec : Éditions Académie Impact.

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