jeudi 23 juin 2011

Au coeur de l’adéquation formation-emploi ... Un Ordre qui se positionne !

En juin dernier, l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec présentait aux ministres de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) et de l'Emploi et de la Solidarité sociale (MESS) un mémoire intitulé Au coeur de l’adéquation formation-emploi : la personne. Cette démarche fut réalisée à l'occasion d'une consultation gouvernementale sur l'adéquation entre la formation et l'emploi. 

Un passage clé que j'ai relevé des conclusions du mémoire est celui-ci:
 
L’adéquation entre la formation et l'emploi ne dépend pas seulement de l’éclairage et de la signalisation de la route qui les relie, mais des capacités et des aspirations de ceux et celles qui l’entreprennent. Pour choisir, il ne suffit pas d’être informé. Il faut avoir une bonne idée de qui l’on est et ce qui nous convient, avoir l’impression que le projet choisi apportera une réponse à nos besoins et avoir confiance dans notre capacité de réussir. Les besoins d’orientation constituent un continuum qui va du plus simple au plus complexe. Pour plusieurs, un accompagnement professionnel est nécessaire. Parfois même, pour certains, c’est d’une évaluation plus poussée des difficultés dont ils ont d’abord besoin, une intervention si délicate que le législateur y met ses exigences.

Les besoins d'orientation sont à mon avis au coeur de l'intervention orientante, plus particulièrement au niveau de l'ordre d'enseignement secondaire. S'il est intéressant de s'attarder aux intérêts et aux aptitudes de personnes dans l'établissement d'un choix ou d'un projet scolaire ou professionnel, il demeure à l'image de la chanson de Zachary Richard L'arbre est dans ses feuilles que l'intérêt et l'aptitude se construit dans les événements et les transitions de par les valeurs de la personne, mais que ces valeurs sont elles-mêmes construites sur la base des besoins ! Dans mon enseignement, j'utilise souvent l'analogie de l'arbre et du vent. Pour moi, les intérêts et les aptitudes sont les feuilles d'un arbre. Sans coup de vent, ou sans changement dans la vie de la personne, ils peuvent se maintenir, voire même croître et devenir plus solides, mais avec un bon coup de vent, ils sont fragiles. Par contre, les valeurs à l'image du tronc sont plus solides. Ils résistent, même au prix d'en perdre ses feuilles, aux coups de vent plus sérieux. MAIS, ni le tronc (valeur), ni les feuilles (intérêts et aptitudes) ne sauraient se montrer solides, se maintenir, croître et le faire de façon saine sans que les racines - les besoins - puissent les aider à grandir sainement. Et bien sûr, ces racines, pour être solides, en santé, fortes, doivent pouvoir compter sur un sol riche, non contaminé par des agents destructeurs, bref comme l'environnement institutionnel, scolaire et pédagogique de l'élève.

Dans son mémoire, l'Ordre rappelle le modèle proposé en 2010 sur les trois grandes catégories de besoins d'orientation. À la page 12 du document avec hyperlien ci-dessous, il est question de :

1. Les besoins généraux. Ces besoins, présents chez tous les élèves, concernent l'aide à la prise de décision par le biais d'information et d'outils accessibles et disponibles pour tous: centres de documentation, ressources web, documents d'information, tournée des classes, etc.

2. Les besoins distinctifs. Ces besoins sont présents chez plusieurs élèves, à un moment spécifique de leur parcours, où ces derniers nécessitent un accompagnement pour les aider à réfléchir, à examiner ou à combattre leurs doutes, leurs craintes, leurs croyances (parfois erronées) relativement à leur avenir. Ces besoins ne peuvent être répondus par plus et plus encore d'information. AU CONTRAIRE !!!! Le risque de surcharge d'information ne peut qu'alimenter ces doutes, ces craintes, parfois jusqu'à nourrir agressivement l'anxiété de performance. Pour l'Ordre, il s'agit ici de besoins en termes d'accompagnement par une ressource dûment qualifiée tel qu'un conseiller d'orientation, avec la participation au besoin d'autres acteurs, dont les parents.

3. Les besoins particuliers. Ces besoins sont plus particulièrement présents chez les élèves plus vulnérables sur le plan de l'indécision chronique, de l'anxiété liée au choix, à des problèmes d'identité, mais aussi à des enjeux de santé psychologique relativement à l'anxiété (généralisée, sociale, spécifique), la dépression, les troubles de personnalité évaluée préalablement par un professionnel reconnu à cet égard, les problèmes d'adaptation, d'hyperactivité, etc. Comme tous les jeunes, ces derniers ont également la question de choix d'avenir comme point central à leur existence et c'est en ce sens que des interventions cliniques, des évaluations particulières et adaptées, des actions menées par des professionnels qualifiées ... EN ORIENTATION doivent être prises en compte.

Pour en savoir plus, notamment sur les pistes d'action proposées par l'Ordre aux ministres concernés, je vous invite fortement à prendre connaissance du contenu de ce mémoire. Non seulement vous éclairera-t-il sur ce propos, mais il vous permet de renouer avec certaines notions et conceptions fondamentales des pratiques professionnelles de conseillers d'orientation.

Bonne journée.

Louis


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