mercredi 4 avril 2012

Quelques résultats de recherches scientifiques en orientation !

Bonjour à vous,

Je vous présente aujourd'hui le contenu d'une chronique que j'ai publié dans le magazine de l'Ordre des conseillers et des conseillères d'orientation du Québec.

Dans le cadre de cette chronique, je vous partage mes toutes dernières trouvailles en matière de recherches scientifiques en orientation, en counseling, en psychologie ou en psychothérapie. Des résultats « tout chaud ! » visant à cultiver chez les conseillers d’orientation l’intérêt pour la recherche. Bonne lecture !


Hormones sexuelles et intérêts professionnels.

Beltz, A., Swanson, J. et Berenbaum (2011). Gendered occupational interests: Prenatal androgen effects on psychological orientation to Things versus People. Hormone and Behavior, 60(4), 313-317.

Récemment, trois chercheures américaine (Betlz, Swanson et Berenbaum, 2011) ont démontré l’influence des hormones sexuelles sur l’intérêt manifeste pour des carrières orientées vers les choses versus les gens. Un total de 125 participants, âgés de 9 à 26 ans, 67 femmes et 58 hommes,  affectés ou non affectés par hyperplasie congénitale des surrénales (production insuffisante de cortisol et une surproduction d’androgènes surrénaliens), mieux connu sous l’acronyme anglophone CAH, se sont vu administré un inventaire d’intérêts professionnels (Occupational Interest Inventory, OII).  Les participants devaient donc indiquer leur intérêt ou leur désintérêt pour 64 emplois et leurs résultats étaient rapportés au regard des six dimensions de la typologie de Holland. Les résultats soutiennent l'hypothèse que les différences de genre sur le plan des intérêts professionnels, plus particulièrement sur l’orientation, sont dues, en partie, à l’influence prénatale androgène. Plus spécifiquement, il a été démontré que plus le l’exposition aux androgènes prénataux était fort chez les femmes, plus ces dernières optaient davantage pour des carrières orientées vers les choses que vers les gens. Les auteurs soulignent d’ailleurs que la majorité des femmes qui poursuivent une carrière en science (et qui sont faiblement exposés aux androgènes prénataux) vont le faire là où le rapport aux gens est présent (ex. : médecine). Au niveau des hommes, l’exposition faible ou prononcée aux androgènes n’a pas eu d’influence significative. Malgré ces résultats, les chercheures sont d’avis que le processus de choix d’une carrière est complexe et ne saurait se résumer à des influences hormonales. Toutefois, ces dernières invitent les professionnels, les décideurs et les chercheurs en développement de carrière à mieux reconnaître le rôle des facteurs biologiques sur l’orientation des hommes et des femmes.


TAG, TOC et capacité de contrôle de l’attention

Armstrong, T., Zald, D. et Olatunji, O. (2011).  Attentional control in OCD and GAD: Specificity and associations with core cognitive symptoms. Behaviour Research and Therapy 49, 756-762

Un déficit sur le plan du contrôle de l’attention s’associe à des difficultés sur le plan de la concentration, de la vigilance, de l’application ou encore de la capacité de réflexion sur un objet donné, à un temps donné. Ainsi, plus le contrôle de l’attention est grand, plus l’individu peut vaquer à des activités faisant appel à la mémoire et la vitesse de traitement d’informations. Considérant le rôle du traitement de l’information dans la société actuelle, un tel déficit du contrôle de l’attention peut non seulement contraindre la personne sur le plan des études ou de l’emploi, mais également générer des conséquences importantes sur le plan des relations interpersonnelles, de l’estime de soi, du sentiment d’efficacité personnel. Les personnes aux prises avec un trouble obsessif-compulsif (TOC) ou un trouble d’anxiété généralisée (TAG) voient leur capacités attentionnelles envahis par des pensées obsessionnelles, sinon des préoccupations et des inquiétudes récurrentes et persistantes.  Une recherche menée par trois chercheurs américains, Armstrong, Zald et Olatunji (2011), a permis d’approfondir l’examen de relations possibles entre les processus cognitifs négatifs et excessifs des personnes aux prises avec un TOC ou un TAG et leur capacité de contrôle de l’attention. La recension menée par les auteurs au niveau des écrits disponibles sur le sujet a permis de relever l’existence de différentes méthodes et stratégies d’intervention pour ces personnes, soit des  tâches visuo-spatiales répétitives, des exercices de pleine conscience, ainsi que différentes activités de restructuration cognitive. Dans le cadre de la recherche de Armstrong, Zald et Olatunji (2011), un nombre de 88 adultes (TOC = 30 ; TAG = 29 ; groupe contrôle = 29) aux caractéristiques ethniques, scolaires et d’âge semblables ont réalisé un entretien semi-structuré  cliniques utilisées pour le diagnostic de  troubles mentaux tels que définies dans le DSM-IV. Les résultats démontrent que les obsessions et les préoccupations constantes chez les personnes aux prises avec un TOC ou un TAG les amènent à maintenir un tel état d’appréhension que cela en vient à obstruer par des charges importantes et constantes de stress la capacité d’opération fonctionnelle et efficace de la mémoire. Également, les auteurs notent que ces deux groupes peuvent avoir plus tendance que la population générale à surestimer les risques d’agressions sur le plan psychologiques par des personnes ou des situations fondées sur des croyances et des stratégies d’adaptation ancrées à cet effet. De plus, le niveau élevé de tourments observés chez ces deux groupes peut, selon les auteurs, être la conséquence de l’existence préalable d’un trouble de dépression. En terminant, les auteurs spécifient que la manifestation d’un déficit du contrôle de l’attention n’est pas directement liée à celle d’un TOC ou d’un TAG, mais qu’elle se retrouve habituellement présente à titre de symptôme de l’un ou de l’autre de ces troubles.


Authenticité intra et inter personnelles … et bien-être au travail.

Ménard, J., Brunet, L. (2011). Authenticité et bien-être au travail : une invitation à mieux comprendre les rapports entre le soi et son environnement de travail. Pratiques psychologiques, numéro à paraître.

« Être » et « faire » au travail sont deux dimensions essentielles à la bonne conduite individuelle, organisationnelle et sociale. Très largement associé au courant humaniste de la psychologie, l’authenticité est à la fois un fin et un moyen de s’assurer personnellement un meilleur bien être sur les plans personnels, scolaires et professionnels. Mais, est-ce que le bien-être au travail pourrait être tributaire de la capacité d’authenticité des personnes ? Dans le cadre d’une revue de la documentation, deux professeurs-chercheurs du département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal ont cherché à établir l’influence possible de l’authenticité sur le bien être des travailleurs. Pour Ménard et Brunet (2011), l’authenticité est à la fois intra et inter personnelles. L’authenticité  intra personnelle se rapporte au fait d’être fidèle à soi-même, au respect de soi, de ses valeurs et de ses besoins, au sens de l’identité, à l’auto-détermination et à la croissance personnelle. Quant à l’authenticité interpersonnelle, elle se rapporte à l’intégrité, à l’éthique, à la responsabilisation par une saillance de soir par rapport à son rôle, à la démonstration d’une volonté à assumer ses actions et leurs conséquences, ainsi qu’à l’absence de vouloir manipuler autrui. Enfin, le concept de bien-être au travail peut quant à lui être examiné sous l’angle hédoniste, en référence avec le principe de recherche de plaisir et d’évitement de la douleur et de la souffrance, sinon sous l’angle eudémonique, lequel se rapporte à la recherche du plein fonctionnement de l’être humain au-travers d’une perception de soi engagée face à ses défis existentiels et à la quête d’un sens à sa vie. Pour les auteurs, l’authenticité intra personnelle semble s’accorder le mieux avec la conception de bien-être au travail, malgré que Ménard et Brunet (2011) ne puissent en établir de lien clair. Leur position est à l’effet qu’une personne fidèle à elle-même, à ses valeurs, à son essence, agira en concordance avec son vrai soi sur le plan cognitif et comportemental. De plus, il importe selon eux de prendre non seulement en compte les aspects comportementaux et relationnels lorsque vient le moment d’observer l’automanifestation de l’authenticité, mais également l’aspect cognitif responsable de la conscience de soi et du traitement d’information relatives à soi.

Bonne journée.

Louis

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