lundi 2 avril 2012

QUELQUES STRATÉGIES ORIENTANTES : Le jeu de la bascule !

Marjorie Morin, étudiante à la maîtrise en carriérologie (UQÀM)

Objectif général : Aider la personne à mieux gérer sa dépendance à travers les obstacles qu’elle rencontre.
Objectifs spécifiques :
·      Amener la personne à réfléchir sur son vécu personnel, professionnel et social;
·      Explorer les intentions et les désirs de la personne;
·      Susciter la motivation au changement.

Un jeune homme s’est retrouvé en détention pendant un certain temps par rapport à sa consommation de drogue. Durant ce séjour, plusieurs tentatives pour une réhabilitation ont échoué puisqu’il refusait l’aide de professionnels et s’obstinait à persister dans sa dépendance aux substances.
C’est une personne qui est peu scolarisée, qui n’a pas d’expérience de travail significative et qui provient d’un milieu fortement défavorisé. D’ailleurs, il a intégré le milieu de la drogue à un jeune âge et pour lui, cette réalité fait partie de son quotidien. Il est donc peu enclin à changer son mode de vie. En effet, il est réfractaire à l’idée de changer de comportement, malgré les recommandations des membres de sa famille et de certains professionnels qu’il a consultés. De même, il démontre une difficulté à composer avec l’autorité puis à transiger de façon autonome et efficace avec les structures mises en place. Il y a donc des lacunes au niveau des relations interpersonnelles qu’il entretient avec son entourage immédiat.
La sortie de détention de cette personne est prévue dans quelques semaines toutefois, certains problèmes au niveau de son comportement font obstacles à sa réinsertion socioprofessionnelle. Une fois en liberté, il souhaite se trouver un emploi et envisage même la possibilité d’un retour aux études. Il manifeste tout de même l’importance de changer de comportement afin de favoriser sa réintégration sur le marché du travail puis se sent confiant dans la poursuite de ce processus avec l’aide d’un professionnel suite à sa mise en liberté du milieu carcéral. Toutefois, la souffrance qu’implique le sevrage l’inquiète et il éprouve une certaine réticence face à cette situation.

À cette étape, le client doit désirer et se sentir capable de changer. Son ambivalence n’est pas tout à fait résolue et sa motivation est nettement insuffisante pour effectuer un changement. L’intention du conseiller d’orientation est d’aider le client à construire sa motivation intrinsèque au changement. Pour ce faire, une des stratégies est de susciter le discours-changement chez le client, de façon consciemment directive, afin de favoriser les propos de celui-ci en faveur d’une modification de comportement et ainsi résoudre l’ambivalence. Certaines méthodes induisent au discours changement. Dans cette optique, le conseiller d’orientation doit solliciter les propos du client par des questions ouvertes, ce qui permet d’explorer les perceptions chez la personne. Ensuite, il doit déterminer quelle importance le client accorde au changement de comportement puis c’est en explorant la balance décisionnelle que le client évoquera les avantages et inconvénients du maintien de son comportement actuel ainsi que d’élaborer davantage sur sa motivation de changer. Également, le conseiller d’orientation doit offrir au client la possibilité de comparer son passé, époque avant l’émergence des difficultés, et la situation actuelle. De plus, à l’aide de questions extrêmes, il doit faire surgir les plus grandes inquiétudes chez le client et lui permettre de se projeter dans l’avenir afin d’imaginer un futur meilleur, une fois le changement effectué. Enfin, il doit demander au client ce qu’il a de plus important dans sa vie et quelles sont ses aspirations.

Tout au long de ce processus, d’autres stratégies doivent être sollicitées par le conseiller d’orientation pour favoriser le discours-changement tel que : l’émergence des préoccupations du client par des questions ouvertes; l’écoute réflective qui permet au client de verbaliser de façon plus explicite ce qu’il ressent; la valorisation qui lui permet de soutenir le client sous la forme de déclaration d’appréciation ou de compréhension; et les résumés qui font les liens entre certaines parties du discours-changement.

En principe, la phase I permet au client de reconnaître les inconvénients du statu quo, d’imaginer les avantages du changement, de démontrer un optimisme face au changement puis de faire part de son intention de changer.

Bien évidemment, le conseiller d’orientation doit tenir compte des quatre principes de l’entretien motivationnel durant l’intervention soit: exprimer de l’empathie, développer la divergence, rouler avec la résistance et renforcer le sentiment d’efficacité personnelle. De même, certains pièges sont à éviter : l’utilisation de questions fermées, le jugement, la focalisation prématurée sur le problème, la confrontation puis agir en tant qu’expert ou donner un diagnostic.

Selon le modèle des étapes de changement de Prochaska et Di Clemente. Le client est au stade intention et il est fort possible que le conseiller soit confronté à la résistance au changement de celui-ci au cours de l’intervention en lien par exemple, avec des préjugés sociaux ou la pensée magique. D’ailleurs, c’est à ce moment qu’il doit éviter toute confrontation et plutôt travailler dans un esprit de collaboration selon son auto-détermination, ses attributions et le locus de contrôle (rouler avec la résistance).

Miller, W. et Rollnick, S. (2006). L’entretien motivationnel. Aider la personne à engager le changement. Paris : Interéditions.

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