mardi 3 juillet 2012

QUELQUES STRATÉGIES D'INTERVENTION ORIENTANTES ... L'auto-tromperie fonctionnelle !

L’AUTO-TROMPERIE FONCTIONNELLE

Joséphine Mukamusoni, étudiante à la maîtrise en carriérologie (UQÀM)
Objectif général : Le but de l’intervention est de travailler sur «  le sentir » et non sur la pensée du client. Le sentir ici n’est pas l’émotion en-soi, mais les sensations. Il s’agit de pouvoir, grâce à une communication non ordinaire et fascinante, amener le patient à découvrir lui-même, à travers ses sensations et perception quelque chose de différent dans sa réalité.
Objectifs spécifiques :
û  Mettre au point des stratagèmes thérapeutiques basés sur des critères de logiques non ordinaires, qui peuvent être reproductibles, transmissibles et aussi prédictibles.
û  Amener le client à ressentir différemment et non à penser différemment. Le changement de perception fera changer successivement les réactions, les comportements puis les cognitions.
Les doubles messages contradictoires et permanents perturbent la communication du client avec son environnement et incitent le client à se replier sur lui-même. Il est coupé avec la réalité et se crée son monde à lui. La mise en place des stratégies d’intervention nécessite d’aller au-delà de la logique ordinaire. Dans la logique ordinaire, pour notre client coupé avec le monde, être en contradiction avec une règle, vivre l’incohérence des idées n’est rien d’exceptionnel. Seule l’application de la logique non ordinaire aura un pouvoir incroyable dans cette constitution des pathologies que dans leur déconstruction.
Le client qui est coupé avec la réalité présente des sensations fondamentales comme la peur, le plaisir, la colère et la douleur. À partir de ces quatre sensations se développent différentes émotions, qui vont par la suite se généraliser rapidement.
Devant quelqu’un qui a une pathologie basée sur la sensation de peur, de plaisir, de colère, de douleur qu’il n’arrive pas à contrôler, la formule générale d’intervention consiste à appliquer :
·         Une logique ordinaire d’abord qui nous conduit à vouloir lui enseigner un mode logique de contrôle de cette sensation suivant notre entendement.
·         Une logique non ordinaire ensuite pour l’amener à changer ses modes de réaction.

D’une façon plus spécifique, à partir des quatre sensations, on procède comme suit :
Catégories de sensation

Logique ordinaire 
Logique non ordinaire 
peur
Tendance à vouloir contrôler la peur

faire en sorte que la personne oriente son attention sur quelque chose d’autre que la tentative de contrôler sa peur.

Le plaisir
Tendance à lui enseigner un mode de contrôle de cette pulsion de plaisir
Essayer d’obtenir un contrôle qui sans cela serait impossible.

La colère
Tendance à réprimer la colère. Plus je la réprime plus elle monte

éviter de la réprimer : je dois l’exprimer, tout en la canalisant.

La douleur
Tendance à vouloir l’éviter. Mais nous la maintenons vivante à force de l’éviter

Affronter la douleur


Illustration :
·         L’intervenant fait nommer la situation de peur, de colère, de douleur, de plaisir.
·         Ils dessinent deux cercles qui illustrent ce que le monde du client et l’entourage du client
·         Il demande au client de se placer dans le cercle et de dire ce qu’il fait lorsque la situation se produit (logique ordinaire)
·         L’intervenant commence par affirmer cette situation puis il annonce alors le contraire
·         Il demande au client s’il veut rester dans ce cercle ou s’il veut chercher une autre façon d’affronter le problème (logique non ordinaire)
·         Si le client accepte, il va dans l’autre cercle et cherche comment affronter la situation de colère, de peur, de plaisir, de douleur.
·         Et ensuite il fait en sorte que la personne assume cette logique de la contradiction.

Exemple : le client arrive en thérapie avec l’idée que l’entourage l’espionne lorsqu’il se déshabille`.Il a tenté de déménager, de construire des murs, mais ils ont aussi changé de stratégies en installant des caméras.
Stratégie de contrôle : aller installer des phares et de les allumer chaque fois avant de se déshabiller. C’est une façon de contrôler la peur : logique ordinaire
Après avoir appliqué cette stratégie, le client se rend compte que les caméras ne sont plus allumées. Il décide de canaliser son attention sur autre chose que sur les caméras des voisins : logique non ordinaire
finalement, il avoue qu’il avait inventé ça et décider de ne plus y croire. Il change de comportement, il demande pardon à l’entourage.
·         Les émotions se développent à partir de quatre sensations fondamentales : la peur, la plaisir, la colère, la douleur. Ce qui produit des réactions
·         La logique de la contradiction : je peux constater et dire au client que lorsqu’il est confronté à une situation qu’il redoute, il tente de l’éviter. Ce faisant, la personne se sent sauvée. Dans un premier temps, elle se sent très bien, mais dans un second temps, cela l’amène à se sentir incapable.
·         Pour réduire les effets secondaires, il faut utiliser les stratégies et tactiques au début et à la fin pour favoriser l’autocorrection
·         Il ne faut pas utiliser une manipulation directe qui augmente la résistance au changement.
·         Il faut utiliser des stratagèmes subtils : un langage persuasif, un langage qui fascine et non pas un langage qui met sous pression, de sorte que le patient arrive à changer comme si cela provenait d’un processus de découverte personnelle et non comme si c’était le résultat d’une pression exercée par la thérapie.
·         En utilisant une logique non ordinaire, la thérapie n’est plus directive comme elle l’était dans les premières formes de thérapie stratégiques.
·         Lorsque, j’utilise une logique non ordinaire, je dois être capable d’induire chez le patient une autotromperie fonctionnelle qui va se substituer à l’autotromperie dysfonctionnelle antérieure.
·         Cette contre-stratégie est utilisée dans l’objectif de pouvoir, grâce à une communication non ordinaire et fascinante, amener le patient à percevoir la réalité. Ceci pour montrer que certains schémas logiques suivis par les patients les poussent à retomber dans les crises désespérées.
Le phénomène d’autotromperie fonctionnelle tiré de l’ouvrage :
Wittezaele, J.-J. et coll. (2008). La double contrainte. L’influence des paradoxes de Bateson en sciences humaines. Bruxelles : de Boeck. p 219-236.

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