lundi 17 juin 2013

Quelques stratégies d'intervention orientantes : Accepter ou bloquer les pensées automatiques (Julien Brault)




Julien Brault, étudiant à la maîtrise en carriérologie (UQÀM)

OBJECTIFS 

Objectif général : S’exercer à être dans le « ici et maintenant » afin de développer l’observation et le détachement du client envers ses pensées qui s’activent automatiquement. 
Objectifs spécifiques:
û  Outiller la personne à savoir comment être dans le « ici et maintenant ».
û  Mettre en lumière l’activation automatique des pensées et des conséquences des tentatives de blocage.
û  Observer l’effet de détachement et d’acceptation sur les pensées.

MISE EN CONTEXTE ET PROCÉDURE D’INTERVENTION 

Mélanie, 35 ans, est présentement dans une phase de turbulence dans sa vie. Célibataire, elle désire fonder une famille. Elle est aussi très absorbée par son travail. Elle est gestionnaire pour une firme de publicité. Elle dit qu’elle se perçoit comme une pieuvre à 12 bras qui fait tout en même temps. Depuis quelques mois, elle a l’impression qu’elle est constamment sur le pilote automatique, elle ne prend plus le temps de juste profiter du moment présent, elle accumule de plus en plus de stress. Elle voit bien que son esprit et constamment en train de régler des problèmes de bureau, même lorsqu’elle tente de relaxer dans son bain. Elle a décidé de consulter, car on lui a offert une promotion où elle travaille. Cependant, elle convoite secrètement un autre poste dans une autre boîte avec moins de responsabilités. Elle dit que ce poste lui permettrait d’avoir plus de temps pour elle, de rencontrer quelqu’un et de fonder une famille. Elle aimerait changer de travail, mais elle se sent responsable et redevable envers son employeur qui lui offre la chance de monter dans l’entreprise. Elle essaie de ne pas penser à son dilemme, mais plus elle chasse cette idée, plus cette idée revient en force et plus son sentiment de culpabilité augmente. Elle arrive au deuxième rendez-vous en étant stressée à cause d’une lourde semaine de travail. Elle dit qu’elle est sur le pilote automatique et qu’elle n’a plus le contrôle de ses pensées, ça tourbillonne dans sa tête.

Mélanie : Je ne sais plus quoi faire pour apaiser mon esprit quelques minutes, je suis toujours en train de penser à quelque chose, j’ai besoin d’avoir les idées claires pour régler mon dilemme.
Conseiller : Mélanie, je constate que tu te bats avec tes pensées et que tu es sur le pilote automatique, je te propose qu’on fasse un petit exercice de présence attentive qui te permettra d’être un peu plus dans le « ici et maintenant ». Qu’en penses-tu?
Mélanie : Oui, je veux bien.
Conseiller : En premier lieu, voici la position de base : fesses sur le bord de la chaise, les bras le long du corps qu’on pose ensuite sur les cuisses, dos droit, tête droite, menton légèrement rentré, les épaules décontractées. Les yeux peuvent être fermés ou ouverts, le regard vers le bas. Pour pratiquer la présence attentive, il suffit de respirer par le ventre et de porter son attention sur celle-ci, en silence. Pourquoi la respiration ? Parce qu’elle se fait toujours au moment présent, dans le « ici et maintenant ». On va faire deux petits exercices de trois minutes, je m’occupe de temps.

Conseiller et Mélanie se placent et commencent l’exercice de respiration.

 Conseiller : (Après trois minutes) Est-ce que tu as noté quelque chose de particulier?
Mélanie : Oui, je m’aperçois qu’il y a beaucoup de pensées qui me traversent l’esprit et j’ai de la misère à me concentrer sur ma respiration, même si j’essaie de bloquer ces pensées, elles reviennent toujours à la charge. 
Conseiller : Il s’agit là d’un phénomène tout à fait normal, plus on tente de contrôler une pensée plus elle aura tendance à revenir plus intensément et fréquemment. Maintenant, je propose de refaire l’activité, mais dans ce cas-ci, au lieu de bloquer ou tenter de contrôler les pensées, il s’agit simplement de les observer sans jugement ni contrôle et ensuite, tout doucement de recentrer votre l’attention vers la respiration.
Conseiller : (Après 3 minutes) Et puis, quelles observations se dégagent de cette deuxième tentative ?
Mélanie : Et bien, je remarque que je suis revenue plusieurs fois à ma respiration, mais que les pensées finissaient par partir. D’autres prenaient leur place. 
Conseiller : En effet, l’esprit est très actif et carbure aux pensées automatiques. Cependant, en se recentrant sur notre respiration sans tentative de blocage, cette activité finit par s’atténuer.

MISE EN GARDE ET AUTRES INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Demande d’avoir une alliance, non recommandée pour la première séance, utiliser une terminologie positive (présence attentive) non associée au bouddhisme, à la religion ou au spiritisme (crainte négative associée au terme méditation ou pleine conscience).

Axer l’activité sur l’utilité terre à terre de l’exercice.

Préférable que le conseiller ait déjà expérimenté la présence attentive et qu’il en comprenne les principes de bases.


SOURCES D’INSPIRATIONS ET RÉFÉRENCES 

ACBS, association for contextual behavioral science, [En ligne], http://contextualpsychology.org/  (Page consultée le 25 novembre 2012).

Cottraux, J., et al. (2007). Thérapie cognitive et émotions : La troisième vague. Elsevier Masson.

Projet Virgule UQAM, Projet Virgule, [En ligne],
http://projetvirgule.weebly.com(Page consultée le 27 novembre 2012).

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