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De la lecture à la pratique ...
Comprendre et pratiquer
les nouvelles psychothérapies
Compte-rendu de l'ouvrage
Berghmans, C., Tarquinio, C. (2009).Comprendre et pratiquer les nouvelles psychothérapies. Paris : InterÉditions-Dunod. ISBN 978 2 72 960947 4
Produit par :
Joanne Bartlett
Finissant à la maîtrise en carriérologie, UQÀM
Sous la direction :
Louis Cournoyer, professeur
Université du Québec à Montréal
N.B. Le texte qui suit peut être téléchargé à partir du site Orientaction à l'adresse URL suivante : CLIQUEZ ICI !
1. Pour aider le client dans la prise en charge de sa santé globale
Depuis les
dernières décennies, l’engouement pour les nouvelles approches thérapeutiques
telles que la méditation, la cohérence cardiaque, la relaxation, l’hypnose, le
taï-chi-chuan, etc. est devenu de plus en plus palpable. D’une part, les
scientifiques et les chercheurs en psychologie s’intéressent aux effets bénéfiques
que peuvent avoir ces approches et ces techniques sur la santé des individus.
Et, l’intérêt est aussi marqué pour le client qui désire tout autant que le
praticien obtenir une meilleur prise en charge de maladies s'accompagnant
fréquemment d'anxiété et d'états dépressifs, comme le cancer, le VIH, les
pathologies cardiaques ou encore le diabète. Ces nouvelles approches,
alternatives et complémentaires aux traitements conventionnels, validées
scientifiquement, permettent aujourd'hui non seulement d'apporter des réponses
à la souffrance psychologique des patients mais de les aider dans la prise en
charge de leur santé. Ainsi, l'introduction de ces pratiques, notamment chez
les praticiens de la santé, permet d'élargir leur champ d'intervention. Cette
façon d’intervenir et cette ouverture à l’égard des autres approches thérapeutiques
s’appliquent tout autant aux conseillers d’orientation qu’aux psychothérapeutes.
En effet, en incluant différentes approches dites plus globales où on aide le
client à gérer ses émotions, son stress et ses souffrances psychologiques, on
s’assure non seulement d’intervenir de façon plus complète mais on aide le
client à prendre en charge sa santé psychique et physique. De sorte que les
bénéfices du counseling peuvent se maintenir en dehors du suivi thérapeutique. N’est-ce
pas là un aspect important dans le cadre de la pratique d’un conseiller
d’orientation?
2. Qui sont Claude Berghmans et Cyril
Tarquinio?
M. Claude
Berghmans est docteur en psychologie de l’Université de Metz et directeur des
ressources humaines dans d’une entreprise industrielle nommée Novellis. Il est également consultant en
gestion du stress et de la santé au travail. Il s’intéresse aux thérapies
complémentaires et alternatives et donne aussi des formations sur les MBSR (Mindfulness
Based Stress Reduction ou la réduction du stress basée sur la méditation pleine
conscience) et MBCT (Mindfulness-Based Cognitive Therapy ou la thérapie
cognitive basée sur la pleine conscience). Il a également rédigé une thèse qui
s’intitule La méditation de pleine
conscience en psychothérapie et son impact sur la santé physique et
psychique : vers une prise en charge thérapeutique. Il est l’auteur de
plusieurs autres livres dont La
souffrance au travail : quelle responsabilité de l’entreprise (2012), Soigner par la méditation (2010), Santé et spiritualité : un pont
thérapeutique (2012) et Stress au
travail : des nouveaux outils pour les ressources humaines (2010).
Cyril
Tarquinio est professeur de psychologie de la santé à l’Université Paul
Verlaine de Metz, il est directeur du Master de psychologie de la santé et de
la psychologie clinique et il est également psychothérapeute. Il a développé
ses recherches dans le domaine de la prise en charge psychologique des maladies
chroniques au sein de son laboratoire de recherche. Il est aussi l’auteur de
plusieurs ouvrages tels que le Traité de
psychologie positive; fondement théoriques et implications pratiques (2011),
Psychologie de l’adaptation (2012), Concepts fondamentaux de la psychologie de
la santé (2006), Manuel de
psychothérapies complémentaires : fondements, mis en œuvre, cas cliniques
(2012) et Traumatismes psychiques :
Prise en charge psychologique des victimes (2007)
3. Compte rendu commenté de l’ouvrage
de Berghmans et Tarquinio (2009)
L’ouvrage compte 292 pages répartis en 7 chapitres. Le 1er
chapitre présente les fondements mêmes du livre, soit l’importance d’inclure
les thérapies alternatives et complémentaires dans nos pratiques d’aujourd’hui
en tant que conseiller et psychothérapeute. Le 2e chapitre aborde une
première approche nouvelle en psychothérapie, soit la cohérence cardiaque (ou
variabilité sinusale) qui est en fait un indicateur important de la santé
physique et psychologique d’une personne d’où la pertinence de son utilisation
dans l’évaluation de la santé globale d’un client. Une autre méthode de
psychothérapie relativement nouvelle se trouve au chapitre 3, notamment avec les
techniques de relaxation classiques telles les approches de Schultz et
Jacobson. Les différentes techniques de relaxation y sont démontrées ainsi que
leur utilité dans une démarche thérapeutique. Dans le 4e chapitre,
on parle de la méditation où l’on expose diverses données scientifiques qui
prouvent, contrairement à la croyance populaire, son efficacité dans son
utilisation auprès des malades par exemple.
L’hypnose (selon Érikson) est quant
à elle abordée dans le 5e chapitre. On décrit l’importance de cette
approche pour les psychologues de la santé. Le 6e chapitre expose
cette nouvelle forme thérapeutique qui est l’EMDR. Initialement destinée à la
clientèle souffrant de syndrome post-traumatique, elle est maintenant utilisée
pour d’autres problématiques comme l’anxiété, la dépression, les phobies, etc. Enfin,
le 7e, et dernier chapitre, est consacré à des pratiques issues d’arts
martiaux comme le Taï-chi-chuan et le Qi gong. Les résultats obtenus à la suite
de recherches scientifiques dans ces deux domaines s’avèrent étonnamment
intéressants et doivent être communiqués avec le lecteur. Ces approches se
veulent plutôt pratiques et peut-être moins appropriées dans un cadre thérapeutique
mais elles peuvent être pratiquées autant par le client que par le
thérapeutique en vue d’une meilleure santé globale.
La première partie du livre, intitulée La place des approches
complémentaires et alternatives dans la thérapeutique médicale et psychologique
est composée du chapitre 1. On définit ces approches (ou thérapies)
comme étant, d’une part, complémentaire à la médecine conventionnelle (p. ex.,
la méditation, la relaxation, la gymnastique chinoise, l’hypnose,
l’ostéopathie, le yoga, le Qi gong, etc.). Et, d’autre part, on parle d’approche
alternative lorsqu’elle remplace la médecine conventionnelle, telle que la
phytothérapie, l’homéopathie, etc. Même si les approches de la médecine alternative
et complémentaire (Complementary and Alternative
Medecine ou CAM, p. 10) ne sont pas un phénomène nouveau, c’est depuis
les années ’70 environ que le domaine scientifique médical s’intéresse de plus
en plus aux effets positifs de la CAM sur la santé psychologie ou physique des
individus. En effet, à la suite de recherches scientifiques, on s’est aperçu
que la CAM avait un effet positif sur la santé des gens. Ainsi, au lieu de
traiter la maladie sans tenir compte du malade, on traite désormais de façon
plus globale, intégrative et holistique à l’aide de la CAM. C’est aussi à
partir de ce moment-là qu’on dénote un désir de se prendre en charge comme
malade ce qui pousse l’individu à chercher de nouvelles façons de gérer et de
prendre en charge ses souffrances. Sachant aujourd’hui que la CAM peut aider la
personne à atteindre un meilleur équilibre entre le corps, les émotions et les
pensées de l’individu et, du même coup, permettre à ce dernier une meilleure
prise en charge sur sa santé, il devient très intéressant en tant que conseiller
d’orientation d’inclure ces approches dans le cadre de sa pratique.
Les chapitres 2 à 7 abordent justement quelques-unes de ces
approches thérapeutiques. À titre d’exemple, le chapitre 2 traite de La
cohérence
cardiaque, un indicateur de l’état de bien-être. L’être humain est doté
d’un système sympathique, soit le système nerveux autonome qui correspond à la
mise en état d’alerte de l’organisme (p. 74) et prépare l’organisme à
s’activer (p. ex., lors d’un stress important). Il agit sur les battements
cardiaques, les muscles lisses, les cellules et certains organes grâce à
l’action de la noradrénaline et de l’adrénaline. Lorsqu’une personne est
constamment sous l’emprise du stress ou de fortes émotions, elle arrive
difficilement à mettre son corps au repos, ce qui peut avoir des conséquences désastreuses
sur sa santé physique et mentale. À l’inverse, le système parasympathique (ou
système vagal) amène un ralentissement général des fonctions de l'organisme
afin de conserver son énergie. Il ralentit le système cardiaque et participe à
l’augmentation des sécrétions digestives (p. 74). Ainsi, lorsqu’une
personne pratique des techniques de respiration profonde, de relaxation ou de
méditation, elle intervient sur son système parasympathique dans le but
d’abaisser la fréquence et la pression cardiaques qui laisse place à un état de
bien-être général et de relaxation. La cohérence cardiaque (ou variabilité
sinusale) est donc un indicateur important de la santé physique et psychique de
l’individu et elle s’obtient généralement à l’aide d’un électrocardiogramme où
l’on peut observer les différents types de courbes obtenues en mesurant le
temps des intervalles. Pour améliorer la cohérence cardiaque chez un client, il
suffit de faire appel à de simples techniques de respiration, de relaxation et
de méditation (ou tout autre technique ayant un support respiratoire). Avec ces
techniques, on aide le client à mieux identifier et gérer ses états émotionnels
et ainsi obtenir une meilleure santé globale. En sachant comment repérer ses
états émotionnels et à s’autoréguler, le client est davantage disposé à
l’introspection, à trouver des solutions adaptées à ses besoins et à utiliser
des comportements plus efficaces. Ces techniques mentionnées ci-haut peuvent
être tout aussi bénéfiques pour le conseiller d’orientation puisque pour sa
pratique il se doit être en état pour recevoir la charge émotive de son client.
S’autoréguler comme conseiller d’orientation ou comme psychothérapeute, c’est
de prendre le temps de s’arrêter, de freiner le flux de ses pensées, d’être
dans le « ici et maintenant » pour tout simplement être présent à l’expérience
du moment, être ouvert, disponible et accueillant à l’autre.
Le chapitre 3 aborde La relaxation, les approches de Shultz et
Jacobson au service de la santé. Ces deux chercheurs ont débuté leurs
travaux environ aux mêmes dates, soit aux alentours des années 1908 -1912. H. Shultz,
neuropsychiatre allemand et d’approche psychanalytique, s’intéresse au yoga, au
zen et aux différentes approches orientales. Il va se baser sur les travaux
d’hypnose de Vogt pour créer sa méthode d’autohypnose, qui deviendra le
« training autogène » ou s’entraîner soi-même (p. 81). Trois
mécanismes sont en jeu dans cette technique de relaxation, soit la focalisation
de l’attention, la suggestion générée par le sujet et l’impression d’être ici
et ailleurs en même temps. La séance se définit en 6 étapes (allant de
l’expérience de la chaleur d’une partie du corps à celle du contrôle du cœur). Le
médecin américain, Edmund Jacobson, a plutôt orienté ses recherches sur le
système nerveux involontaire. Il s’est intéressé plus particulièrement aux
réactions de sursauts. Sa technique de « relaxation progressive » est
basée sur une approche neuromusculaire et repose sur le principe de l’influence
du contrôle somatique sur la réponse psychique, le relâchement musculaire
aboutissant à la détente mentale (p. 100). À partir de ces deux
différentes approches de relaxation, le patient apprend à changer son discours
interne, à entretenir un nouveau mode de pensées et à augmenter son emprise sur
différents stimuli. Avec l’aide du conseiller ou du psychothérapeute, il peut
prendre du recul face à ces problèmes pour éventuellement faire place au
changement. L’immense avantage de ces techniques, simples d’usage, est de
fournir aux clients des outils concrets pour les aider à réguler leurs
émotions, notamment dans les cas d’états anxieux. D’où l’importance pour le
conseiller d’orientation d’intégrer ces techniques dans sa pratique afin de
faciliter l’ouverture du client et permettre un processus psychothérapeutique
plus approfondi. Pour que les effets soient constants, il est impératif que la
personne y consacre une pratique quotidienne. Ces techniques de relaxation sont
de toutes évidences des approches complémentaires et elles peuvent être utilisées
de manière additionnelle à une psychothérapie. L’approche par le corps, les sensations
et le vécu subjectif dans une expérience de relaxation constitue donc un moyen
pour parvenir à un travail d’élaboration psychique où le sujet est en écoute intérieure
et prend conscience de certains troubles spécifiques. C’est à ce moment-là que
le psychothérapeute peut faire émerger des symptômes.
Le chapitre 4, La méditation, une autre voie pour la prise
en charge de la santé et de la maladie, débute par une définition du
terme « méditation » qui signifie s’exercer, réfléchir, penser, etc.
(p. 102). En termes plus communs, on fait référence à plusieurs
représentations, notamment à un état de concentration, de relaxation et de dissociation
ainsi qu’à des stratégies d’autorégulation qui avec la pratique mène à des
états de conscience différents ou modifiés. Un des attraits de la méditation
est de générer des états mentaux et émotionnels positifs comme le calme, la
joie ou de diminuer des états émotionnels négatifs comme la peur ou la colère.
On distingue 4 types de thérapies, soit la réduction du
stress basée sur la méditation pleine conscience, MBSR (p. 117); la thérapie
cognitive basée sur la pleine conscience, MBCT (p. 118); la thérapie
d’engagement et d’acceptation, ACT (p. 122); et la thérapie béhaviorale
dialectique, DBT (p. 121). Elles sont efficaces pour les troubles affectifs
comme la dépression et l’anxiété, la gestion de la douleur, du stress et aussi
pour les traitements des personnalités borderline. Selon Richard Davidson (2003) et al. et Dr. Alan B. Wallace
(2007), les individus expérimentés en méditation sont meilleurs que le reste de
la population pour identifier les différents stimuli tels que les expressions
faciales et les émotions. En effet, lorsqu’un individu est calme et moins pris
par ses propres pensées, il est plus à l’écoute des stimuli internes et
externes d’où l’importance d’intégrer une pratique quotidienne pour un
conseiller d’orientation. Ainsi, le conseiller repère plus facilement le non
verbal et les émotions du client. Le Dr. Alan B. Wallace (2007) affirme que la
méditation pleine conscience aide à développer de l’empathie et de la
compassion et réduit les états émotionnels pouvant être néfastes pour les autres,
entre autres l’hostilité, la prétention et la dépréciation. La méditation, et
plus particulièrement la pratique de la pleine conscience, aide l’individu à comprendre
ses émotions et celles des autres ainsi qu’à développer des habiletés en
résolution de conflits. Après seulement huit semaines d’entraînement, les
sujets ont mentionné être plus attentifs à leurs émotions, leurs pensées et
leurs réactions face aux autres ce qui leur permettrait de répondre de façon
unique et constructive aux autres. Plusieurs des participants ont mentionné
être plus habiles à interagir avec les autres d’une façon plus compatissante et
qu’ils se sentent davantage protéger par le stress négatif. La technique de méditation, qui se fixe comme objectif de
laisser passer les pensées négatives, positives ou neutres, aide le pratiquant
à ne pas nourrir la pensée : celle-ci apparaît et disparaît spontanément après
un certain temps. À force de pratique, on se distancie des pensées qui
surgissent dans le mental et l'on en vient à ne plus vraiment croire en leur
validité. Cette étape est accompagnée d'un sentiment de soulagement et de calme :
« j'ai des pensées, mais elles ne sont pas forcément vraies! » Cette
pratique a des conséquences positives encore insoupçonnées pour la plupart des troubles
psychiques dont le climat mental est dominé par un monologue intérieur autodestructeur
et de mauvaise estime de soi, par exemple dans la dépression « Je suis
nulle. », la phobie sociale « Ils pensent que je ne suis pas à la
hauteur. », le trouble obsessionnel compulsif « Je suis responsable
de tout mal qui pourrait se produire. », la dépendance affective « Sans
l'autre je ne pourrai pas m'en sortir. » et diverses phobies « Quelque
chose de terrible va m'arriver maintenant. ».
Le chapitre 5, L’hypnose, un allié dans le traitement
psychologique des malades, soutient que cette approche connue (même si
parfois elle est incomprise) est une composante courante des approches
thérapeutiques complémentaires dans le domaine des pathologies somatiques et/ou
psychosomatiques. L’hypnose définie par Érikson (p. 155) est un état
modifié caractérisé par une réceptivité augmentée par la suggestion, par la
capacité de modifier les perceptions et la mémoire ainsi que le contrôle des
fonctions physiologiques habituellement involontaire. L’hypnose est une
technique qui s’apprend et qui permet de soulager la souffrance des patients et
permet de modifier leurs vécus. Avec l’hypnose, on cherche à trouver des
solutions dans les ressources du sujet (contrairement à la psychanalyse où on
cherche le pourquoi de l’inconscient). C’est une approche très créative et
prolifique et elle se veut comme étant une psychothérapie adaptative parce
qu’elle réfère aux ressources de la personne qui permettront d’apprendre, de
réapprendre ou d’adapter ses comportements. L’inconscient est donc accessible
en état hypnotique et ce n’est pas un espace de conflits mais plutôt de
ressources. Il suffit de l’activer, de le laisser s’exprimer. Selon Erikson, il
y a 5 étapes nécessaires pour permettre la transe. La fixation de l’attention,
la dépotentialisation (p. 158) de la conscience et du système de
croyances, la mise en route d’une recherche de l’inconscient, l’activation du
processus inconscient et la réponse hypnotique. Pour y arriver, il est primordial
pour le thérapeute de connaître la voie naturelle d’accès du client. Pour cela,
on va se référer à l’échelle VAKOG (visuel, auditif, kinesthésique, olfactif,
gustatif, p. 159). L’induction hypnotique est la phase d’entrée et permet
d’accéder à l’état hypnotique. Vient ensuite la suggestion hypnotique où l’idée
est d’influencer les pensées du client en vue de corriger une pensée erronée ou
un mauvais comportement. Les indications de l’hypnose dans le domaine de la
santé sont nombreuses, soit dans le domaine médical psychosomatique (asthme,
douleur chronique, etc.) ou psychologique (dépression, anxiété, phobie,
dépendance, etc.).
Le chapitre 6 s’intitule L’EMDR, une psychothérapie pour la
psychologie de la santé. En 1987, la psychologue américaine Francine
Shapiro a découvert par hasard que les mouvements oculaires permettaient, sous
certaines conditions, de diminuer la détresse associée à des souvenirs
perturbateurs. Elle a donc conçu cette méthode de désensibilisation par le
mouvement des yeux (EMD ou Eye Movement Desensitization). Plus tard, cette
méthode a été remplacée par l’EMDR (désensibilisation et retraitement par les
mouvements oculaires) car on a observé que le patient bénéficiait d’une
restructuration de la mémoire et obtenait un meilleur sentiment d’efficacité et
de contrôle. Mme Shapiro a publié en 1989, dans de nombreuses publications (p. 186),
les résultats indiquant que l’EMDR avait permis de traiter avec succès des
victimes de traumatismes. Depuis ce temps, l’EMDR a pris de l’ampleur et s’est peaufiné
si bien qu’aujourd’hui il est constitué de procédures uniques qui intègrent des
éléments de plusieurs approches thérapeutiques. Cette méthode d’intégration neuroémotionnelle
se définit comme étant une nouvelle forme de psychothérapie qui tire son
origine de la psychologie cognitive, l’hypnose et la neuroscience. On a pu
également faire un parallèle entre les phases de sommeil paradoxal (REM) où le
sujet endormi rêve et où on observe un mouvement rapide des yeux et les effets
de la thérapie EMDR. Il semble que le mouvement oculaire qui se passe pendant
cette phase du sommeil aurait un effet réparateur tout comme lors d’une
thérapie d’EMDR. Plus récemment, les applications de l'EMDR se sont étendues à
différents problèmes d'ordre psychique, comme les phobies, l’anxiété reliée à
la performance, les attaques de panique, les troubles de conduites et la
dépression. L'EMDR fonctionnerait mieux avec des patients souffrant d'un seul
traumatisme ou de problème psychique bien précis, plutôt que d’un trouble plus vague.
Il se peut que l'EMDR soit plus efficace dans le traitement des troubles liés
au stress qui suit une expérience traumatique (par exemple, la phobie des
chiens après une morsure), et moins efficace pour ceux dont le point de départ
est inconnu (par exemple, la phobie des serpents depuis la naissance), affirme le
Dr David Servan-Schreiber (2003). Enfin, l’EMDR vise à faire surgir des
sentiments positifs, à faciliter la prise de conscience et à modifier les
croyances et les comportements. L’accent est mis à la fois sur les composantes
affectives, cognitives et somatiques de l’expérience traumatisante. La
technique facilite l’accès à ces composantes, ce qui permet le début d’une
prise en charge et d’un processus de changement. Ainsi, l’EMDR peut être
utilisé pour renforcer les ressources internes, aidant ainsi le client à
atteindre les changements comportementaux et interpersonnels désirés.
Enfin, le chapitre 7 s’intitule Le Taï-chi-chuan et le Qi gong,
de nouveaux supports psychothérapeutiques pour la santé? Ce sont toutes
les deux des disciplines d’origine chinoise où l’objectif est de rééquilibrer
l’énergie physique et psychique par le biais de l’attention sur le mouvement (méditation
en mouvement). C’est une sorte de contrôle de l’attention, une observation et un
retour vers soi ou vers le corps, bref une approche psychocorporelle. Ces
pratiques s’appuient sur la relaxation et la méditation. L’attention du
pratiquant est fixée sur l’enchaînement des mouvements et sur les sensations
corporelles, le but étant de focaliser sur le moment présent et de vider son
esprit de toutes pensées. On parle ici d’autorégulation, soit que les processus
mentaux restent sous le contrôle de la volonté tout en étant dirigés sur
l’attention et la sensibilisation, Ospina et al., 2006 (p. 264). Tout
comme dans l’hypnose, on observe aussi une possibilité d’état modifié de la
conscience, d’un frein au niveau du processus de pensées et d’une auto-observation
des attitudes comportementales. Ces approches sont fort utiles comme complément
thérapeutique tout comme la méditation et la relaxation. Du point de vue
physique, la pratique régulière du Qi Gong ou du Taï-chi-chuan est
destinée à renforcer et assouplir la structure musculosquelettique du corps et
à optimiser les fonctions de l'organisme, dans le but d'entretenir la santé et,
dans certains cas, participer à la guérison. Du point de vue psychique, le Taï-chi-chuan
et le Qi Gong seraient aussi bénéfiques pour notamment moduler sa réponse
émotionnelle, s’adapter au stress, favoriser la mémorisation, l'effort
intellectuel, l'imagination et la créativité. Ces pratiques aident aussi à
avoir une meilleure ouverture et elles favorisent le développement de certaines
qualités comme le calme, la sérénité et le lâcher-prise. Ce sont des pratiques
très utiles pour tout individu que ce soit le professionnel, le sportif,
l’artiste ou l’étudiant.
4. Pertinence pratique
Ces nouvelles approches (ou techniques) alternatives et
complémentaires peuvent s’avérer très pertinentes en counseling de carrière. La
méditation, la relaxation ou les techniques de Taï-chi-chuan et Qi gong sont très
compréhensibles et accessibles avec des exercices pratiques et ce, autant pour
le client que pour le conseiller d’orientation ou le psychothérapeute. L’EMDR,
la cohérence cardiaque et l'hypnothérapie sont un peu plus spécialisés et
nécessitent des connaissances plus précises, mais elles restent très
intéressantes à intégrer en situation de counseling. En effet, ces approches (des
plus simples aux plus complexes) peuvent avoir des effets très positifs autant sur
la santé physique (p. ex., en diminuant la pression sanguine et le rythme
cardiaque, en stimulant le système immunitaire, en augmentant l'épaisseur de la
matière blanche et grise du cerveau) que sur le plan psychique (p. ex., en
réduisant l'anxiété et les risques de dépression, en améliorant l'attention et
la cognition). En étant plus calme, on économise de l’énergie et on a plus de
motivation. Il y a ainsi une autorégulation du corps et de l’esprit. Ces approches
protègeraient contre la maladie d'Alzheimer, le cancer, elles diminuent les
troubles cardio-vasculaires et le stress. Elles augmenteraient la durée de vie
des patients atteints d'un cancer ou du sida et elles agiraient comme un
antidouleur dans les maladies infligeant des douleurs chroniques.
Sans aucun doute, ces techniques de psychothérapie nouvelles
permettent de dissoudre la pollution mentale et engendre une meilleure
concentration. Ainsi, elles permettent une meilleure conscience de ce qui se
passe en soi et autour de soi. Or, on a une meilleure capacité d’écoute,
d’empathie, de disponibilité, ce qui permet un traitement de l’information plus
juste du sujet et du milieu, ce qui peut être bénéfique autant pour le client
que pour le thérapeute (ou conseiller d’orientation).
Avec une pratique assidue et quotidienne, ces approches (telles
que les techniques de respiration profonde, de méditation, de relaxation ou de
Taï-chi-chuan) permettent aussi une réduction du sommeil et des rêves car on
n’a pas besoin de se décharger autant (vidange psychique). Elles diminuent la
présence des émotions négatives telles que la tristesse et la colère et elles
activent des centres du cerveau liés au sentiment de bonheur. Elles aident à
éviter des rechutes dans la dépression et elles augmentent l'estime et la
confiance en soi.
Il est, en ce sens, probable que la pratique de ces
techniques développe l’habileté à modifier ses perceptions et à adopter une
souplesse dans le rapport qu’on entretient avec soi-même, les autres et le
monde. En effet, lorsque le processus de méditation, de relaxation ou d’hypnose
est suffisamment avancé, le client découvre qu'il a des pensées, mais qu'il
n'est pas sa pensée, c'est-à-dire qu'il commence à développer une perspective
plus souple par rapport à ce qu'il croit. Par exemple, lorsque la pensée
suivante « quoique je fasse ça ne sera pas suffisant » surgit, on
demande (en tant que conseiller d’orientation) au client de n'y accorder aucune
importance, mais de percevoir cette pensée comme une production du mental qu'il
peut alors laisser passer. Un autre élément d'une importance capitale est la
notion d'estime de soi. Il s'agit de l'amour et de la valeur que le client
s’accorde. Cette estime de soi est importante si on veut pouvoir exprimer qui
on est librement. Sans estime, on ne peut pas s’autoriser de dire, de penser,
de ressentir les émotions et d’exprimer qui on est. Il s’agit d’une véritable
expérience de frustration. Les approches telles que la méditation, l’hypnose et
la relaxation permettent de voir les pensées défiler sans les juger, quelles
qu'elles soient, mais aussi de vivre des émotions comme la peur, la tristesse,
sans s'y attacher et y faire intervenir le mental qui juge. Le client peut ainsi
peu à peu apprivoiser les sensations dans son corps et ne plus en avoir peur.
Il apprend à apprécier ce qui est et qui il est, sans supprimer ou rajouter
quoi que ce soit afin de paraître différent ou meilleur. Ceci a comme effet de
renforcer l'estime de soi et par conséquent le concept de soi qui est une des
causes les plus fréquentes de consultations chez les professionnels tels que
les conseillers d’orientation et les psychologues. Toutefois, ces approches ne
sont pas la solution à tous les problèmes, comme certains clients voudraient le
croire. Elles ne guérissent pas de toutes les souffrances et ne mènent pas
rapidement vers un état de paix et de béatitude. Non, ces techniques
d’introspection, de relaxation et de méditation demandent une pratique ardue
qui requiert de la discipline et elles sont à utiliser comme complément à une
psychothérapie ou à un processus de counseling. Mais il est indéniable qu’à
travers ces pratiques, ces approches apportent une meilleure estime de soi et
aide à s’accepter tel qu’on est. De plus, elles suscitent l’apparition de la
joie et diminuent la présence des émotions négatives. Au niveau des facultés de
réflexion, elles développent la lucidité et l‘attention au moment présent,
augmentant ainsi nos capacités de faire face et de prendre des décisions plus rapidement.
Enfin, cet ouvrage est un livre pratique, explicite et facile à comprendre. Même
si pour la plupart des individus on a tous entendu parler de ces approches, il
demeure néanmoins intéressant de connaître leurs effets thérapeutiques sur la
santé. Et, elles sont pour la plupart si simples à utiliser!
BIBLIOGRAPHIE
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