lundi 1 juillet 2013

De la lecture à la pratique ... COMPRENDRE LES NOUVELLES PSYCHOTHÉRAPIES (Joanne Bartlett)

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 De la lecture à la pratique ...
Comprendre et pratiquer 
les nouvelles psychothérapies

Compte-rendu de l'ouvrage 


Berghmans, C., Tarquinio, C. (2009).Comprendre et pratiquer les nouvelles psychothérapies. Paris : InterÉditions-Dunod. ISBN 978 2 72 960947 4

Produit par : 

Joanne Bartlett
Finissant à la maîtrise en carriérologie, UQÀM


Sous la direction : 
Louis Cournoyer, professeur
Université du Québec à Montréal 
N.B. Le texte qui suit peut être téléchargé à partir du site Orientaction à l'adresse URL suivante : CLIQUEZ ICI !


1. Pour aider le client dans la prise en charge de sa santé globale 


Depuis les dernières décennies, l’engouement pour les nouvelles approches thérapeutiques telles que la méditation, la cohérence cardiaque, la relaxation, l’hypnose, le taï-chi-chuan, etc. est devenu de plus en plus palpable. D’une part, les scientifiques et les chercheurs en psychologie s’intéressent aux effets bénéfiques que peuvent avoir ces approches et ces techniques sur la santé des individus. Et, l’intérêt est aussi marqué pour le client qui désire tout autant que le praticien obtenir une meilleur prise en charge de maladies s'accompagnant fréquemment d'anxiété et d'états dépressifs, comme le cancer, le VIH, les pathologies cardiaques ou encore le diabète. Ces nouvelles approches, alternatives et complémentaires aux traitements conventionnels, validées scientifiquement, permettent aujourd'hui non seulement d'apporter des réponses à la souffrance psychologique des patients mais de les aider dans la prise en charge de leur santé. Ainsi, l'introduction de ces pratiques, notamment chez les praticiens de la santé, permet d'élargir leur champ d'intervention. Cette façon d’intervenir et cette ouverture à l’égard des autres approches thérapeutiques s’appliquent tout autant aux conseillers d’orientation qu’aux psychothérapeutes. En effet, en incluant différentes approches dites plus globales où on aide le client à gérer ses émotions, son stress et ses souffrances psychologiques, on s’assure non seulement d’intervenir de façon plus complète mais on aide le client à prendre en charge sa santé psychique et physique. De sorte que les bénéfices du counseling peuvent se maintenir en dehors du suivi thérapeutique. N’est-ce pas là un aspect important dans le cadre de la pratique d’un conseiller d’orientation?  



2. Qui sont Claude Berghmans et Cyril Tarquinio?


M. Claude Berghmans est docteur en psychologie de l’Université de Metz et directeur des ressources humaines dans d’une entreprise industrielle nommée Novellis. Il est également consultant en gestion du stress et de la santé au travail. Il s’intéresse aux thérapies complémentaires et alternatives et donne aussi des formations sur les MBSR (Mindfulness Based Stress Reduction ou la réduction du stress basée sur la méditation pleine conscience) et MBCT (Mindfulness-Based Cognitive Therapy ou la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience). Il a également rédigé une thèse qui s’intitule La méditation de pleine conscience en psychothérapie et son impact sur la santé physique et psychique : vers une prise en charge thérapeutique. Il est l’auteur de plusieurs autres livres dont La souffrance au travail : quelle responsabilité de l’entreprise (2012), Soigner par la méditation (2010), Santé et spiritualité : un pont thérapeutique (2012) et Stress au travail : des nouveaux outils pour les ressources humaines (2010).


Cyril Tarquinio est professeur de psychologie de la santé à l’Université Paul Verlaine de Metz, il est directeur du Master de psychologie de la santé et de la psychologie clinique et il est également psychothérapeute. Il a développé ses recherches dans le domaine de la prise en charge psychologique des maladies chroniques au sein de son laboratoire de recherche. Il est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages tels que le Traité de psychologie positive; fondement théoriques et implications pratiques (2011), Psychologie de l’adaptation (2012), Concepts fondamentaux de la psychologie de la santé (2006), Manuel de psychothérapies complémentaires : fondements, mis en œuvre, cas cliniques (2012) et Traumatismes psychiques : Prise en charge psychologique des victimes (2007)



3. Compte rendu commenté de l’ouvrage de Berghmans et Tarquinio (2009)


L’ouvrage compte 292 pages répartis en 7 chapitres. Le 1er chapitre présente les fondements mêmes du livre, soit l’importance d’inclure les thérapies alternatives et complémentaires dans nos pratiques d’aujourd’hui en tant que conseiller et psychothérapeute. Le 2e chapitre aborde une première approche nouvelle en psychothérapie, soit la cohérence cardiaque (ou variabilité sinusale) qui est en fait un indicateur important de la santé physique et psychologique d’une personne d’où la pertinence de son utilisation dans l’évaluation de la santé globale d’un client. Une autre méthode de psychothérapie relativement nouvelle se trouve au chapitre 3, notamment avec les techniques de relaxation classiques telles les approches de Schultz et Jacobson. Les différentes techniques de relaxation y sont démontrées ainsi que leur utilité dans une démarche thérapeutique. Dans le 4e chapitre, on parle de la méditation où l’on expose diverses données scientifiques qui prouvent, contrairement à la croyance populaire, son efficacité dans son utilisation auprès des malades par exemple. 

L’hypnose (selon Érikson) est quant à elle abordée dans le 5e chapitre. On décrit l’importance de cette approche pour les psychologues de la santé. Le 6e chapitre expose cette nouvelle forme thérapeutique qui est l’EMDR. Initialement destinée à la clientèle souffrant de syndrome post-traumatique, elle est maintenant utilisée pour d’autres problématiques comme l’anxiété, la dépression, les phobies, etc. Enfin, le 7e, et dernier chapitre, est consacré à des pratiques issues d’arts martiaux comme le Taï-chi-chuan et le Qi gong. Les résultats obtenus à la suite de recherches scientifiques dans ces deux domaines s’avèrent étonnamment intéressants et doivent être communiqués avec le lecteur. Ces approches se veulent plutôt pratiques et peut-être moins appropriées dans un cadre thérapeutique mais elles peuvent être pratiquées autant par le client que par le thérapeutique en vue d’une meilleure santé globale.



La première partie du livre, intitulée La place des approches complémentaires et alternatives dans la thérapeutique médicale et psychologique est composée du chapitre 1. On définit ces approches (ou thérapies) comme étant, d’une part, complémentaire à la médecine conventionnelle (p. ex., la méditation, la relaxation, la gymnastique chinoise, l’hypnose, l’ostéopathie, le yoga, le Qi gong, etc.). Et, d’autre part, on parle d’approche alternative lorsqu’elle remplace la médecine conventionnelle, telle que la phytothérapie, l’homéopathie, etc. Même si les approches de la médecine alternative et complémentaire (Complementary and Alternative Medecine ou CAM, p. 10) ne sont pas un phénomène nouveau, c’est depuis les années ’70 environ que le domaine scientifique médical s’intéresse de plus en plus aux effets positifs de la CAM sur la santé psychologie ou physique des individus. En effet, à la suite de recherches scientifiques, on s’est aperçu que la CAM avait un effet positif sur la santé des gens. Ainsi, au lieu de traiter la maladie sans tenir compte du malade, on traite désormais de façon plus globale, intégrative et holistique à l’aide de la CAM. C’est aussi à partir de ce moment-là qu’on dénote un désir de se prendre en charge comme malade ce qui pousse l’individu à chercher de nouvelles façons de gérer et de prendre en charge ses souffrances. Sachant aujourd’hui que la CAM peut aider la personne à atteindre un meilleur équilibre entre le corps, les émotions et les pensées de l’individu et, du même coup, permettre à ce dernier une meilleure prise en charge sur sa santé, il devient très intéressant en tant que conseiller d’orientation d’inclure ces approches dans le cadre de sa pratique.



Les chapitres 2 à 7 abordent justement quelques-unes de ces approches thérapeutiques. À titre d’exemple, le chapitre 2 traite de La cohérence cardiaque, un indicateur de l’état de bien-être. L’être humain est doté d’un système sympathique, soit le système nerveux autonome qui correspond à la mise en état d’alerte de l’organisme (p. 74) et prépare l’organisme à s’activer (p. ex., lors d’un stress important). Il agit sur les battements cardiaques, les muscles lisses, les cellules et certains organes grâce à l’action de la noradrénaline et de l’adrénaline. Lorsqu’une personne est constamment sous l’emprise du stress ou de fortes émotions, elle arrive difficilement à mettre son corps au repos, ce qui peut avoir des conséquences désastreuses sur sa santé physique et mentale. À l’inverse, le système parasympathique (ou système vagal) amène un ralentissement général des fonctions de l'organisme afin de conserver son énergie. Il ralentit le système cardiaque et participe à l’augmentation des sécrétions digestives (p. 74). Ainsi, lorsqu’une personne pratique des techniques de respiration profonde, de relaxation ou de méditation, elle intervient sur son système parasympathique dans le but d’abaisser la fréquence et la pression cardiaques qui laisse place à un état de bien-être général et de relaxation. La cohérence cardiaque (ou variabilité sinusale) est donc un indicateur important de la santé physique et psychique de l’individu et elle s’obtient généralement à l’aide d’un électrocardiogramme où l’on peut observer les différents types de courbes obtenues en mesurant le temps des intervalles. Pour améliorer la cohérence cardiaque chez un client, il suffit de faire appel à de simples techniques de respiration, de relaxation et de méditation (ou tout autre technique ayant un support respiratoire). Avec ces techniques, on aide le client à mieux identifier et gérer ses états émotionnels et ainsi obtenir une meilleure santé globale. En sachant comment repérer ses états émotionnels et à s’autoréguler, le client est davantage disposé à l’introspection, à trouver des solutions adaptées à ses besoins et à utiliser des comportements plus efficaces. Ces techniques mentionnées ci-haut peuvent être tout aussi bénéfiques pour le conseiller d’orientation puisque pour sa pratique il se doit être en état pour recevoir la charge émotive de son client. S’autoréguler comme conseiller d’orientation ou comme psychothérapeute, c’est de prendre le temps de s’arrêter, de freiner le flux de ses pensées, d’être dans le « ici et maintenant » pour tout simplement être présent à l’expérience du moment, être ouvert, disponible et accueillant à l’autre.



Le chapitre 3 aborde La relaxation, les approches de Shultz et Jacobson au service de la santé. Ces deux chercheurs ont débuté leurs travaux environ aux mêmes dates, soit aux alentours des années 1908 -1912. H. Shultz, neuropsychiatre allemand et d’approche psychanalytique, s’intéresse au yoga, au zen et aux différentes approches orientales. Il va se baser sur les travaux d’hypnose de Vogt pour créer sa méthode d’autohypnose, qui deviendra le « training autogène » ou s’entraîner soi-même (p. 81). Trois mécanismes sont en jeu dans cette technique de relaxation, soit la focalisation de l’attention, la suggestion générée par le sujet et l’impression d’être ici et ailleurs en même temps. La séance se définit en 6 étapes (allant de l’expérience de la chaleur d’une partie du corps à celle du contrôle du cœur). Le médecin américain, Edmund Jacobson, a plutôt orienté ses recherches sur le système nerveux involontaire. Il s’est intéressé plus particulièrement aux réactions de sursauts. Sa technique de « relaxation progressive » est basée sur une approche neuromusculaire et repose sur le principe de l’influence du contrôle somatique sur la réponse psychique, le relâchement musculaire aboutissant à la détente mentale (p. 100). À partir de ces deux différentes approches de relaxation, le patient apprend à changer son discours interne, à entretenir un nouveau mode de pensées et à augmenter son emprise sur différents stimuli. Avec l’aide du conseiller ou du psychothérapeute, il peut prendre du recul face à ces problèmes pour éventuellement faire place au changement. L’immense avantage de ces techniques, simples d’usage, est de fournir aux clients des outils concrets pour les aider à réguler leurs émotions, notamment dans les cas d’états anxieux. D’où l’importance pour le conseiller d’orientation d’intégrer ces techniques dans sa pratique afin de faciliter l’ouverture du client et permettre un processus psychothérapeutique plus approfondi. Pour que les effets soient constants, il est impératif que la personne y consacre une pratique quotidienne. Ces techniques de relaxation sont de toutes évidences des approches complémentaires et elles peuvent être utilisées de manière additionnelle à une psychothérapie. L’approche par le corps, les sensations et le vécu subjectif dans une expérience de relaxation constitue donc un moyen pour parvenir à un travail d’élaboration psychique où le sujet est en écoute intérieure et prend conscience de certains troubles spécifiques. C’est à ce moment-là que le psychothérapeute peut faire émerger des symptômes.


 Le chapitre 4, La méditation, une autre voie pour la prise en charge de la santé et de la maladie, débute par une définition du terme « méditation » qui signifie s’exercer, réfléchir, penser, etc. (p. 102). En termes plus communs, on fait référence à plusieurs représentations, notamment à un état de concentration, de relaxation et de dissociation ainsi qu’à des stratégies d’autorégulation qui avec la pratique mène à des états de conscience différents ou modifiés. Un des attraits de la méditation est de générer des états mentaux et émotionnels positifs comme le calme, la joie ou de diminuer des états émotionnels négatifs comme la peur ou la colère.

On distingue 4 types de thérapies, soit la réduction du stress basée sur la méditation pleine conscience, MBSR (p. 117); la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience, MBCT (p. 118); la thérapie d’engagement et d’acceptation, ACT (p. 122); et la thérapie béhaviorale dialectique, DBT (p. 121). Elles sont efficaces pour les troubles affectifs comme la dépression et l’anxiété, la gestion de la douleur, du stress et aussi pour les traitements des personnalités borderline. Selon Richard Davidson (2003) et al. et Dr. Alan B. Wallace (2007), les individus expérimentés en méditation sont meilleurs que le reste de la population pour identifier les différents stimuli tels que les expressions faciales et les émotions. En effet, lorsqu’un individu est calme et moins pris par ses propres pensées, il est plus à l’écoute des stimuli internes et externes d’où l’importance d’intégrer une pratique quotidienne pour un conseiller d’orientation. Ainsi, le conseiller repère plus facilement le non verbal et les émotions du client. Le Dr. Alan B. Wallace (2007) affirme que la méditation pleine conscience aide à développer de l’empathie et de la compassion et réduit les états émotionnels pouvant être néfastes pour les autres, entre autres l’hostilité, la prétention et la dépréciation. La méditation, et plus particulièrement la pratique de la pleine conscience, aide l’individu à comprendre ses émotions et celles des autres ainsi qu’à développer des habiletés en résolution de conflits. Après seulement huit semaines d’entraînement, les sujets ont mentionné être plus attentifs à leurs émotions, leurs pensées et leurs réactions face aux autres ce qui leur permettrait de répondre de façon unique et constructive aux autres. Plusieurs des participants ont mentionné être plus habiles à interagir avec les autres d’une façon plus compatissante et qu’ils se sentent davantage protéger par le stress négatif. La technique de méditation, qui se fixe comme objectif de laisser passer les pensées négatives, positives ou neutres, aide le pratiquant à ne pas nourrir la pensée : celle-ci apparaît et disparaît spontanément après un certain temps. À force de pratique, on se distancie des pensées qui surgissent dans le mental et l'on en vient à ne plus vraiment croire en leur validité. Cette étape est accompagnée d'un sentiment de soulagement et de calme : « j'ai des pensées, mais elles ne sont pas forcément vraies! » Cette pratique a des conséquences positives encore insoupçonnées pour la plupart des troubles psychiques dont le climat mental est dominé par un monologue intérieur autodestructeur et de mauvaise estime de soi, par exemple dans la dépression « Je suis nulle. », la phobie sociale « Ils pensent que je ne suis pas à la hauteur. », le trouble obsessionnel compulsif « Je suis responsable de tout mal qui pourrait se produire. », la dépendance affective « Sans l'autre je ne pourrai pas m'en sortir. » et diverses phobies « Quelque chose de terrible va m'arriver maintenant. ».



Le chapitre 5, L’hypnose, un allié dans le traitement psychologique des malades, soutient que cette approche connue (même si parfois elle est incomprise) est une composante courante des approches thérapeutiques complémentaires dans le domaine des pathologies somatiques et/ou psychosomatiques. L’hypnose définie par Érikson (p. 155) est un état modifié caractérisé par une réceptivité augmentée par la suggestion, par la capacité de modifier les perceptions et la mémoire ainsi que le contrôle des fonctions physiologiques habituellement involontaire. L’hypnose est une technique qui s’apprend et qui permet de soulager la souffrance des patients et permet de modifier leurs vécus. Avec l’hypnose, on cherche à trouver des solutions dans les ressources du sujet (contrairement à la psychanalyse où on cherche le pourquoi de l’inconscient). C’est une approche très créative et prolifique et elle se veut comme étant une psychothérapie adaptative parce qu’elle réfère aux ressources de la personne qui permettront d’apprendre, de réapprendre ou d’adapter ses comportements. L’inconscient est donc accessible en état hypnotique et ce n’est pas un espace de conflits mais plutôt de ressources. Il suffit de l’activer, de le laisser s’exprimer. Selon Erikson, il y a 5 étapes nécessaires pour permettre la transe. La fixation de l’attention, la dépotentialisation (p. 158) de la conscience et du système de croyances, la mise en route d’une recherche de l’inconscient, l’activation du processus inconscient et la réponse hypnotique. Pour y arriver, il est primordial pour le thérapeute de connaître la voie naturelle d’accès du client. Pour cela, on va se référer à l’échelle VAKOG (visuel, auditif, kinesthésique, olfactif, gustatif, p. 159). L’induction hypnotique est la phase d’entrée et permet d’accéder à l’état hypnotique. Vient ensuite la suggestion hypnotique où l’idée est d’influencer les pensées du client en vue de corriger une pensée erronée ou un mauvais comportement. Les indications de l’hypnose dans le domaine de la santé sont nombreuses, soit dans le domaine médical psychosomatique (asthme, douleur chronique, etc.) ou psychologique (dépression, anxiété, phobie, dépendance, etc.). 


Le chapitre 6 s’intitule L’EMDR, une psychothérapie pour la psychologie de la santé. En 1987, la psychologue américaine Francine Shapiro a découvert par hasard que les mouvements oculaires permettaient, sous certaines conditions, de diminuer la détresse associée à des souvenirs perturbateurs. Elle a donc conçu cette méthode de désensibilisation par le mouvement des yeux (EMD ou Eye Movement Desensitization). Plus tard, cette méthode a été remplacée par l’EMDR (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires) car on a observé que le patient bénéficiait d’une restructuration de la mémoire et obtenait un meilleur sentiment d’efficacité et de contrôle. Mme Shapiro a publié en 1989, dans de nombreuses publications (p. 186), les résultats indiquant que l’EMDR avait permis de traiter avec succès des victimes de traumatismes. Depuis ce temps, l’EMDR a pris de l’ampleur et s’est peaufiné si bien qu’aujourd’hui il est constitué de procédures uniques qui intègrent des éléments de plusieurs approches thérapeutiques. Cette méthode d’intégration neuroémotionnelle se définit comme étant une nouvelle forme de psychothérapie qui tire son origine de la psychologie cognitive, l’hypnose et la neuroscience. On a pu également faire un parallèle entre les phases de sommeil paradoxal (REM) où le sujet endormi rêve et où on observe un mouvement rapide des yeux et les effets de la thérapie EMDR. Il semble que le mouvement oculaire qui se passe pendant cette phase du sommeil aurait un effet réparateur tout comme lors d’une thérapie d’EMDR. Plus récemment, les applications de l'EMDR se sont étendues à différents problèmes d'ordre psychique, comme les phobies, l’anxiété reliée à la performance, les attaques de panique, les troubles de conduites et la dépression. L'EMDR fonctionnerait mieux avec des patients souffrant d'un seul traumatisme ou de problème psychique bien précis, plutôt que d’un trouble plus vague. Il se peut que l'EMDR soit plus efficace dans le traitement des troubles liés au stress qui suit une expérience traumatique (par exemple, la phobie des chiens après une morsure), et moins efficace pour ceux dont le point de départ est inconnu (par exemple, la phobie des serpents depuis la naissance), affirme le Dr David Servan-Schreiber (2003). Enfin, l’EMDR vise à faire surgir des sentiments positifs, à faciliter la prise de conscience et à modifier les croyances et les comportements. L’accent est mis à la fois sur les composantes affectives, cognitives et somatiques de l’expérience traumatisante. La technique facilite l’accès à ces composantes, ce qui permet le début d’une prise en charge et d’un processus de changement. Ainsi, l’EMDR peut être utilisé pour renforcer les ressources internes, aidant ainsi le client à atteindre les changements comportementaux et interpersonnels désirés.


Enfin, le chapitre 7 s’intitule Le Taï-chi-chuan et le Qi gong, de nouveaux supports psychothérapeutiques pour la santé? Ce sont toutes les deux des disciplines d’origine chinoise où l’objectif est de rééquilibrer l’énergie physique et psychique par le biais de l’attention sur le mouvement (méditation en mouvement). C’est une sorte de contrôle de l’attention, une observation et un retour vers soi ou vers le corps, bref une approche psychocorporelle. Ces pratiques s’appuient sur la relaxation et la méditation. L’attention du pratiquant est fixée sur l’enchaînement des mouvements et sur les sensations corporelles, le but étant de focaliser sur le moment présent et de vider son esprit de toutes pensées. On parle ici d’autorégulation, soit que les processus mentaux restent sous le contrôle de la volonté tout en étant dirigés sur l’attention et la sensibilisation, Ospina et al., 2006 (p. 264). Tout comme dans l’hypnose, on observe aussi une possibilité d’état modifié de la conscience, d’un frein au niveau du processus de pensées et d’une auto-observation des attitudes comportementales. Ces approches sont fort utiles comme complément thérapeutique tout comme la méditation et la relaxation. Du point de vue physique, la pratique régulière du Qi Gong ou du Taï-chi-chuan est destinée à renforcer et assouplir la structure musculosquelettique du corps et à optimiser les fonctions de l'organisme, dans le but d'entretenir la santé et, dans certains cas, participer à la guérison. Du point de vue psychique, le Taï-chi-chuan et le Qi Gong seraient aussi bénéfiques pour notamment moduler sa réponse émotionnelle, s’adapter au stress, favoriser la mémorisation, l'effort intellectuel, l'imagination et la créativité. Ces pratiques aident aussi à avoir une meilleure ouverture et elles favorisent le développement de certaines qualités comme le calme, la sérénité et le lâcher-prise. Ce sont des pratiques très utiles pour tout individu que ce soit le professionnel, le sportif, l’artiste ou l’étudiant. 



4. Pertinence pratique


Ces nouvelles approches (ou techniques) alternatives et complémentaires peuvent s’avérer très pertinentes en counseling de carrière. La méditation, la relaxation ou les techniques de Taï-chi-chuan et Qi gong sont très compréhensibles et accessibles avec des exercices pratiques et ce, autant pour le client que pour le conseiller d’orientation ou le psychothérapeute. L’EMDR, la cohérence cardiaque et l'hypnothérapie sont un peu plus spécialisés et nécessitent des connaissances plus précises, mais elles restent très intéressantes à intégrer en situation de counseling. En effet, ces approches (des plus simples aux plus complexes) peuvent avoir des effets très positifs autant sur la santé physique (p. ex., en diminuant la pression sanguine et le rythme cardiaque, en stimulant le système immunitaire, en augmentant l'épaisseur de la matière blanche et grise du cerveau) que sur le plan psychique (p. ex., en réduisant l'anxiété et les risques de dépression, en améliorant l'attention et la cognition). En étant plus calme, on économise de l’énergie et on a plus de motivation. Il y a ainsi une autorégulation du corps et de l’esprit. Ces approches protègeraient contre la maladie d'Alzheimer, le cancer, elles diminuent les troubles cardio-vasculaires et le stress. Elles augmenteraient la durée de vie des patients atteints d'un cancer ou du sida et elles agiraient comme un antidouleur dans les maladies infligeant des douleurs chroniques. 


Sans aucun doute, ces techniques de psychothérapie nouvelles permettent de dissoudre la pollution mentale et engendre une meilleure concentration. Ainsi, elles permettent une meilleure conscience de ce qui se passe en soi et autour de soi. Or, on a une meilleure capacité d’écoute, d’empathie, de disponibilité, ce qui permet un traitement de l’information plus juste du sujet et du milieu, ce qui peut être bénéfique autant pour le client que pour le thérapeute (ou conseiller d’orientation). 


Avec une pratique assidue et quotidienne, ces approches (telles que les techniques de respiration profonde, de méditation, de relaxation ou de Taï-chi-chuan) permettent aussi une réduction du sommeil et des rêves car on n’a pas besoin de se décharger autant (vidange psychique). Elles diminuent la présence des émotions négatives telles que la tristesse et la colère et elles activent des centres du cerveau liés au sentiment de bonheur. Elles aident à éviter des rechutes dans la dépression et elles augmentent l'estime et la confiance en soi.

Il est, en ce sens, probable que la pratique de ces techniques développe l’habileté à modifier ses perceptions et à adopter une souplesse dans le rapport qu’on entretient avec soi-même, les autres et le monde. En effet, lorsque le processus de méditation, de relaxation ou d’hypnose est suffisamment avancé, le client découvre qu'il a des pensées, mais qu'il n'est pas sa pensée, c'est-à-dire qu'il commence à développer une perspective plus souple par rapport à ce qu'il croit. Par exemple, lorsque la pensée suivante « quoique je fasse ça ne sera pas suffisant » surgit, on demande (en tant que conseiller d’orientation) au client de n'y accorder aucune importance, mais de percevoir cette pensée comme une production du mental qu'il peut alors laisser passer. Un autre élément d'une importance capitale est la notion d'estime de soi. Il s'agit de l'amour et de la valeur que le client s’accorde. Cette estime de soi est importante si on veut pouvoir exprimer qui on est librement. Sans estime, on ne peut pas s’autoriser de dire, de penser, de ressentir les émotions et d’exprimer qui on est. Il s’agit d’une véritable expérience de frustration. Les approches telles que la méditation, l’hypnose et la relaxation permettent de voir les pensées défiler sans les juger, quelles qu'elles soient, mais aussi de vivre des émotions comme la peur, la tristesse, sans s'y attacher et y faire intervenir le mental qui juge. Le client peut ainsi peu à peu apprivoiser les sensations dans son corps et ne plus en avoir peur. Il apprend à apprécier ce qui est et qui il est, sans supprimer ou rajouter quoi que ce soit afin de paraître différent ou meilleur. Ceci a comme effet de renforcer l'estime de soi et par conséquent le concept de soi qui est une des causes les plus fréquentes de consultations chez les professionnels tels que les conseillers d’orientation et les psychologues. Toutefois, ces approches ne sont pas la solution à tous les problèmes, comme certains clients voudraient le croire. Elles ne guérissent pas de toutes les souffrances et ne mènent pas rapidement vers un état de paix et de béatitude. Non, ces techniques d’introspection, de relaxation et de méditation demandent une pratique ardue qui requiert de la discipline et elles sont à utiliser comme complément à une psychothérapie ou à un processus de counseling. Mais il est indéniable qu’à travers ces pratiques, ces approches apportent une meilleure estime de soi et aide à s’accepter tel qu’on est. De plus, elles suscitent l’apparition de la joie et diminuent la présence des émotions négatives. Au niveau des facultés de réflexion, elles développent la lucidité et l‘attention au moment présent, augmentant ainsi nos capacités de faire face et de prendre des décisions plus rapidement. Enfin, cet ouvrage est un livre pratique, explicite et facile à comprendre. Même si pour la plupart des individus on a tous entendu parler de ces approches, il demeure néanmoins intéressant de connaître leurs effets thérapeutiques sur la santé. Et, elles sont pour la plupart si simples à utiliser!




BIBLIOGRAPHIE

 


Davidson, Richard, Septembre 2009. Transform Your Mind, Change your Brain. In YouTube, Google Tech Talk.


 


Servan-Schreiber, David, 2003. Guérir, le stress, l’anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse. Éditions Robert Lafond, S.A., Paris.


 


Wallace, B. Alan , Hodel, Brian, 2007. Contemplative Science : Where Buddhism and Neuroscience Converge Columbia University Press New-York.



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