Vous pouvez consulter tous les articles à partir de la page Facebook du blogue ORIENTATION POUR TOUS (cliquez sur ce lien).
Je rends compte ici de notes de
recherche recueillies par rapport à la question d’impulsivité chez les
personnes en situation de transition ou de changement de vie personnelle. Il ne
s'agit là que de notes éparses et le propos ne se veut aucunement exhaustif
pour être considéré à titre de recension d’écrits. Je propose ici un bref
compte rendu de deux études que j’ai parcouru en lien avec l’impulsivité et ses
effets, puis je tenterai de proposer des pistes de réflexion et d’actions pour
l’intervention en orientation.
Une recherche conduite en 2010 par Julia Hislaire de
l’Université de Genève intitulée Lien
entre processus d'autocontrôle, impulsivité et régulation émotionnelle:
l'implication de l'hypothèse du « Gateway » m’apparaît intéressante
pour aborder quelques outils conceptuels à notre pratique. Entre autres, l’idée
ici est de voir comment les individus peuvent-ils faire face de manière
efficace à une situation nouvelle et quels sont les processus (construction, mise
en place et contrôle de schémas temporaires) ? L’impulsivité se rattache selon
Hislaire (201) à des enjeux d’urgence, de manque de persévérance, de
préméditation et de recherche de sensation. L’urgence renvoie à de fortes
impulsions souvent caractéristiques chez les personnes dépressives, anxieuses,
dépendantes à des substances, personnalités limites, aux prises avec un déficit
d’attention avec ou sans hyperactivité et antisociable. La préméditation
relative à la prise en compte des conséquences de ses actes est plus faible
chez les personnes impulsives. La personne impulsive éprouve également une
faible persévérance pour l’attention, l’engagement et la réalisation de tâches
de la vie quotidienne. Enfin, l’impulsivité s’associe fréquemment au désir de
vivre des expériences à haute teneur d’intensité aux effets immédiats et donc,
d’être plus compulsives dans leurs décisions et leurs actions.
Une autre recherche, qui en
apparence, semble aller dans un autre thème que ce propos Hislaire concerne Une
étude conduite par des chercheurs de la Georgia University suggère un lien
entre personnalité impulsive et dépendance alimentaire. En somme, la
dépendance alimentaire, comme toute autre forme de dépendance, est avant tout
un enjeu d’impulsivité et de contrôle émotionnel.
Les résultats suggèrent que les
comportements impulsifs ne sont pas toujours rattachés à un enjeu de surpoids,
d’indice plus élevé de la masse corporelle (IMC), mais qu’elle s’associe à une
relation de compulsion avec la nourriture, le plus souvent avec des aliments
plus ou moins sains. De la même manière
que pour la dépendance aux drogues, la dépendance à la nourriture s’associe à
une libération significative de dopamine suite à l’injection d’aliments ou de
plats désirés. L’un des chercheurs rattachés
à cette étude, le psychologue clinicien Dr
James MacKillop rappelle que la gestion de la dépendance est avant tout une
question de gestion de ses impulsions. Le professeur Dr Ashley Gearhardt de
Yale University note de son côté que l’impulsivité serait une variable
importante pour mieux comprendre le paradoxe comportemental d’une personne qui
mange impulsivement (ses émotions) malgré la présence concomitante d’une
sincère motivation à perdre du poids. Pour en savoir davantage :
lire son article Vaincre la
dépendance à la nourriture. Là
où cela peut devenir intéressant pour des professionnels de la santé mentale et
des relations humaines, c’est ce à quoi s’associe une telle dépendance. Pour
les chercheurs, la dépendance tant alimentaire, aux drogues qu’à l’alcool
s’accompagne d’une pulsion quotidienne dite « urgence négative » qui
se caractérise par une tendance à se comporter de manière impulsive et par
l’expression d’émotions négatives, lesquelles conduisent à la recherche d’une
consommation immédiate d’alcool, de drogue ou de nourriture. Cette urgence rend
la personne inapte à gérer l’attente à combler ses besoins, ce qui également
s’associe à un autre phénomène, celui de « persévérance faible »,
plus précisément la difficulté à gérer les tâches et les obligations
quotidiennes, particulièrement celles dite « de routine ».
Pour mieux comprendre les
mécanismes sous-jacents à l’impulsivité, il voir cette expression de soi en
tant que perturbation de la capacité à inhiber des réponses automatiques, à
résister à l’interférence proactive de pensées non pertinentes dans l’immédiat
à la réalisation de tâches à réaliser. De manière à organiser cognitivement son
expérience et donner sens à ses actions, « impulsives » va faire
appel à des mécanismes de régulation émotionnelle. Pour Hislaire (2010), les
mécanismes d’autorégulation émotionnelle peuvent être automatiques ou contrôlés,
conscients ou inconscients. Dans tous les cas, ils servent à réduire, à accroître
ou à maintenir plusieurs composantes d’une réponse émotionnelle suite à de mêmes
événements.
1. Blâme
de soi – Se sur-responsabiliser face à des événements en plus ou moins grande
partie hors de notre contrôle;
2. Blâme
d’autrui – Se dé-responsabiliser totalement face à un événement en rendant
autrui, l’extérieur, responsable de sa situation;
3. Rumination - Pensées négatives constantes à l’égard de l’émotion
associée à l’expérience d’un événement négatif.
4. Dramatisation
– Pensées explicites amplifiant les aspects négatifs d’un événement;
5. Acceptation -
Pensées relatives à de l’acceptation et de la résignation face à l’expérience
vécue;
6. Centration
positive - Mobilisation des pensées
autour des aspects positifs de l’expérience et désengagement mental vers celles
d’ordre négatif;
7. Centration
sur l’action – Mobilisation des pensées autour de scénario possible d’action
de manière à gérer une situation négative;
8. Réévaluation
positive – Pensées accordant une signification positive à l’égard de l’expérience
vécue, et ce, dans le cadre élargi de son développement personnel;
9. Mise
en perspective – Pensées qui relativisent l’expérience vécue par
comparaison avec d’autres événements de vie.
Les résultats d’Hislaire (2010)
rendent d’abord compte de la présence d’un « effet de switch » chez
les personnes plus impulsives. En clair, l’auteure constate que les personnes
plus impulsives ont généralement des réponses plus lentes – ils prennent plus
de temps – pour traiter de nouveaux stimulus dans un contexte de transition ou
de changement. De plus, cet effet de switch ou de réponse plus lente et
difficile aux réalités nouvelles chez les personnes impulsives amène le plus
souvent l’adoption de stratégies d’autorégulation de blâme de soi et de
rumination. Sur ce dernier point, Hislaire (2010) constate des liens possibles
à établir quant à la présence de stratégies de rumination et le blocage courant
des personnes dans un style de relation aux autres et à l’environnement centré
limitant la prise en compte de nouvelles informations, ce qui limite le
sentiment de pouvoir sur soi de la personne, ce qui peut conduire
éventuellement à des épisodes dépressifs.
Implication pour les professionnels
de l’orientation professionnelle et du développement de carrière ?
Évaluer le niveau d’impulsivité d’une
personne peut se faire par un examen plus étendu des enjeux d’urgence, de manque de persévérance, de
préméditation et de recherche de sensation qui marquent le parcours de vie
personnelle, scolaire ou professionnelle de la personne;
L’impulsivité
s’associe à des ancrages importants sur le plan de réponses émotives sous forme
de stratégies d’autorégulation. Ces stratégies, ancrées dans des schémas de
vie, sont difficiles à reconnaître et à mobiliser en vue de changements rapides.
À court terme, des interventions d’ordre cognitives et comportementales, misant
sur l’essai de nouvelles façons de pensées ou d’agir dans des situations
spécifiques, puis surtout sur l’analyse individuelle, puis partagée avec son
conseiller, de cette expérience peut permettre à la personne de « rejoindre »
cette expérience émotionnelle bien ancrée.
Ultimement,
en prenant le temps de bien explorer et de chercher à comprendre avec la
personne comment son impulsivité influence le parcours de sa vie, il est alors
possible d’amorcer l’établissement de liens entre ce phénomène et les enjeux de
prise de décision, de choix, d’élaboration de projets, d’adaptation et autres
types d’actions relatives à la carrière.
Une
démarche d’intervention dite « éclairée » ne saurait donc se terminer
par la simple identification d’un choix par « évitement » de
situations à risque d’impulsivité chez la personne, mais bien par la
reconnaissance – sans doute plus importante que le fait de faire un choix – que
le problème potentiel pour la personne n’est pas le choix, mais le maintien de
ce choix. Donc, le plan d’action proposé devrait non pas tenir compte
uniquement de démarches liées à la concrétisation technique et concrète du choix,
mais à l’adoption de nouvelles modalités d’autorégulation de la personne en
contexte de situations à haute teneur d’impulsivité.
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o.
Professeur - Counseling de carrière
Université du Québec à Montréal
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Louis Cournoyer, Ph.D., c.o.
Professeur, counseling de carrière
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Je rends compte ici de notes de recherche recueillies par rapport à la question d’impulsivité chez les personnes en situation de transition ou de changement de vie personnelle. Il ne s'agit là que de notes éparses et le propos ne se veut aucunement exhaustif pour être considéré à titre de recension d’écrits. Je propose ici un bref compte rendu de deux études que j’ai parcouru en lien avec l’impulsivité et ses effets, puis je tenterai de proposer des pistes de réflexion et d’actions pour l’intervention en orientation.
Je rends compte ici de notes de recherche recueillies par rapport à la question d’impulsivité chez les personnes en situation de transition ou de changement de vie personnelle. Il ne s'agit là que de notes éparses et le propos ne se veut aucunement exhaustif pour être considéré à titre de recension d’écrits. Je propose ici un bref compte rendu de deux études que j’ai parcouru en lien avec l’impulsivité et ses effets, puis je tenterai de proposer des pistes de réflexion et d’actions pour l’intervention en orientation.
Une recherche conduite en 2010 par Julia Hislaire de
l’Université de Genève intitulée Lien
entre processus d'autocontrôle, impulsivité et régulation émotionnelle:
l'implication de l'hypothèse du « Gateway » m’apparaît intéressante
pour aborder quelques outils conceptuels à notre pratique. Entre autres, l’idée
ici est de voir comment les individus peuvent-ils faire face de manière
efficace à une situation nouvelle et quels sont les processus (construction, mise
en place et contrôle de schémas temporaires) ? L’impulsivité se rattache selon
Hislaire (201) à des enjeux d’urgence, de manque de persévérance, de
préméditation et de recherche de sensation. L’urgence renvoie à de fortes
impulsions souvent caractéristiques chez les personnes dépressives, anxieuses,
dépendantes à des substances, personnalités limites, aux prises avec un déficit
d’attention avec ou sans hyperactivité et antisociable. La préméditation
relative à la prise en compte des conséquences de ses actes est plus faible
chez les personnes impulsives. La personne impulsive éprouve également une
faible persévérance pour l’attention, l’engagement et la réalisation de tâches
de la vie quotidienne. Enfin, l’impulsivité s’associe fréquemment au désir de
vivre des expériences à haute teneur d’intensité aux effets immédiats et donc,
d’être plus compulsives dans leurs décisions et leurs actions.
Une autre recherche, qui en
apparence, semble aller dans un autre thème que ce propos Hislaire concerne Une
étude conduite par des chercheurs de la Georgia University suggère un lien
entre personnalité impulsive et dépendance alimentaire. En somme, la
dépendance alimentaire, comme toute autre forme de dépendance, est avant tout
un enjeu d’impulsivité et de contrôle émotionnel.
Les résultats suggèrent que les
comportements impulsifs ne sont pas toujours rattachés à un enjeu de surpoids,
d’indice plus élevé de la masse corporelle (IMC), mais qu’elle s’associe à une
relation de compulsion avec la nourriture, le plus souvent avec des aliments
plus ou moins sains. De la même manière
que pour la dépendance aux drogues, la dépendance à la nourriture s’associe à
une libération significative de dopamine suite à l’injection d’aliments ou de
plats désirés. L’un des chercheurs rattachés
à cette étude, le psychologue clinicien Dr
James MacKillop rappelle que la gestion de la dépendance est avant tout une
question de gestion de ses impulsions. Le professeur Dr Ashley Gearhardt de
Yale University note de son côté que l’impulsivité serait une variable
importante pour mieux comprendre le paradoxe comportemental d’une personne qui
mange impulsivement (ses émotions) malgré la présence concomitante d’une
sincère motivation à perdre du poids. Pour en savoir davantage :
lire son article Vaincre la
dépendance à la nourriture. Là
où cela peut devenir intéressant pour des professionnels de la santé mentale et
des relations humaines, c’est ce à quoi s’associe une telle dépendance. Pour
les chercheurs, la dépendance tant alimentaire, aux drogues qu’à l’alcool
s’accompagne d’une pulsion quotidienne dite « urgence négative » qui
se caractérise par une tendance à se comporter de manière impulsive et par
l’expression d’émotions négatives, lesquelles conduisent à la recherche d’une
consommation immédiate d’alcool, de drogue ou de nourriture. Cette urgence rend
la personne inapte à gérer l’attente à combler ses besoins, ce qui également
s’associe à un autre phénomène, celui de « persévérance faible »,
plus précisément la difficulté à gérer les tâches et les obligations
quotidiennes, particulièrement celles dite « de routine ».
Pour mieux comprendre les
mécanismes sous-jacents à l’impulsivité, il voir cette expression de soi en
tant que perturbation de la capacité à inhiber des réponses automatiques, à
résister à l’interférence proactive de pensées non pertinentes dans l’immédiat
à la réalisation de tâches à réaliser. De manière à organiser cognitivement son
expérience et donner sens à ses actions, « impulsives » va faire
appel à des mécanismes de régulation émotionnelle. Pour Hislaire (2010), les
mécanismes d’autorégulation émotionnelle peuvent être automatiques ou contrôlés,
conscients ou inconscients. Dans tous les cas, ils servent à réduire, à accroître
ou à maintenir plusieurs composantes d’une réponse émotionnelle suite à de mêmes
événements.
1. Blâme
de soi – Se sur-responsabiliser face à des événements en plus ou moins grande
partie hors de notre contrôle;
2. Blâme
d’autrui – Se dé-responsabiliser totalement face à un événement en rendant
autrui, l’extérieur, responsable de sa situation;
3. Rumination - Pensées négatives constantes à l’égard de l’émotion
associée à l’expérience d’un événement négatif.
4. Dramatisation
– Pensées explicites amplifiant les aspects négatifs d’un événement;
5. Acceptation -
Pensées relatives à de l’acceptation et de la résignation face à l’expérience
vécue;
6. Centration
positive - Mobilisation des pensées
autour des aspects positifs de l’expérience et désengagement mental vers celles
d’ordre négatif;
7. Centration
sur l’action – Mobilisation des pensées autour de scénario possible d’action
de manière à gérer une situation négative;
8. Réévaluation
positive – Pensées accordant une signification positive à l’égard de l’expérience
vécue, et ce, dans le cadre élargi de son développement personnel;
9. Mise
en perspective – Pensées qui relativisent l’expérience vécue par
comparaison avec d’autres événements de vie.
Les résultats d’Hislaire (2010)
rendent d’abord compte de la présence d’un « effet de switch » chez
les personnes plus impulsives. En clair, l’auteure constate que les personnes
plus impulsives ont généralement des réponses plus lentes – ils prennent plus
de temps – pour traiter de nouveaux stimulus dans un contexte de transition ou
de changement. De plus, cet effet de switch ou de réponse plus lente et
difficile aux réalités nouvelles chez les personnes impulsives amène le plus
souvent l’adoption de stratégies d’autorégulation de blâme de soi et de
rumination. Sur ce dernier point, Hislaire (2010) constate des liens possibles
à établir quant à la présence de stratégies de rumination et le blocage courant
des personnes dans un style de relation aux autres et à l’environnement centré
limitant la prise en compte de nouvelles informations, ce qui limite le
sentiment de pouvoir sur soi de la personne, ce qui peut conduire
éventuellement à des épisodes dépressifs.
Implication pour les professionnels
de l’orientation professionnelle et du développement de carrière ?
Évaluer le niveau d’impulsivité d’une
personne peut se faire par un examen plus étendu des enjeux d’urgence, de manque de persévérance, de
préméditation et de recherche de sensation qui marquent le parcours de vie
personnelle, scolaire ou professionnelle de la personne;
L’impulsivité
s’associe à des ancrages importants sur le plan de réponses émotives sous forme
de stratégies d’autorégulation. Ces stratégies, ancrées dans des schémas de
vie, sont difficiles à reconnaître et à mobiliser en vue de changements rapides.
À court terme, des interventions d’ordre cognitives et comportementales, misant
sur l’essai de nouvelles façons de pensées ou d’agir dans des situations
spécifiques, puis surtout sur l’analyse individuelle, puis partagée avec son
conseiller, de cette expérience peut permettre à la personne de « rejoindre »
cette expérience émotionnelle bien ancrée.
Ultimement,
en prenant le temps de bien explorer et de chercher à comprendre avec la
personne comment son impulsivité influence le parcours de sa vie, il est alors
possible d’amorcer l’établissement de liens entre ce phénomène et les enjeux de
prise de décision, de choix, d’élaboration de projets, d’adaptation et autres
types d’actions relatives à la carrière.
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o.
Professeur - Counseling de carrière
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