Le document de cet article est tirée du document suivant : Cournoyer, L. (Dir., 2014). Guide de stratégies d'interventions orientantes - Troisième édition. Document inédit. Montréal: Université du Québec à Montréal.
UNE
COURSE CONTRE LA MORT
Jennifer
Desbiens, étudiante à la
maîtrise en carriérologie (UQÀM)
OBJECTIFS
Objectif général :
Évaluer l’urgence d’une situation de crise afin d’intervenir adéquatement.
Objectifs spécifiques
- Reconnaître les signes de dangerosité d’une crise suicidaire
- Évaluer le degré d’urgence de la crise.
- Agir conséquemment à l’évaluation de la crise.
MISE EN CONTEXTE ET PROCÉDURE
Contexte :
Marilyne est conseillère
d’orientation dans une école secondaire. Elle a tissé beaucoup de liens avec
plusieurs étudiants de son école lors de rencontres de groupe et plus
particulièrement avec Simon. Simon a 16 ans et il semble plutôt incertain face
à son prochain programme d’études. C’est un jeune homme qui a un bon sens de
l’humour, enjoué et vivant mais ces derniers temps, il semble plus morose que
d’habitude. Marilyne l’invite donc à venir la rencontrer individuellement pour
discuter de son choix d’avenir. Au fil de la discussion, elle se rend compte
que pour Simon, il est difficile de faire un choix car il ne voit pas à quoi ça
va lui servir. Il se dit que de toute façon, il ne terminera possiblement même pas
son secondaire. Marilyne l’interroge donc sur ses motivations scolaires mais
Simon lui mentionne que ce n’est pas ça. Qu’il aime ses cours, que ça va bien
mais que de toute façon, ça ne servira à rien là où il va. Marilyne semble
soudainement inquiète. Elle demande à Simon s’il lui arrivait parfois d’avoir
des idées suicidaires. Simon baisse les yeux, sur le bord des larmes, et lui
avoue que oui.
Procédure :
La tâche de Marilyne à ce
moment est d’évaluer l’urgence de la crise suicidaire avec Simon. Pour ce
faire, elle peut se fier à une évaluation en quatre étapes afin de vérifier la
dangerosité des pensées suicidaires de Simon et se fier à un organigramme
d’intervention. (Voir Annexe I)
Étape 1 : Y a-t-il un
danger à court terme?
·
Est-ce qu’il a déjà fait une tentative
dans le dernier mois?
·
Veut-il vraiment mourir?
·
A-t-il un plan de suicide défini?
Sait-il où, quand, comment?
Une seule réponse
affirmative à ces questions constitue un facteur de risque élevé et Simon
devrait être accompagné le plus rapidement possible vers des services adéquats.
Étape 2 : A-t-il des
facteurs de risque importants?
·
Combien de fois y a-t-il pensé
récemment?
·
Ressent-il du désespoir?
·
A-t-il des crises d’angoisse?
·
Est-il du genre impulsif ou agressif?
·
Prend-il de l’alcool ou de la drogue?
·
A-t-il vécu un événement personnel
traumatisant récemment?
·
A-t-il fait une tentative de suicide
voilà plus d’un mois?
·
Y a-t-il des antécédents suicidaires
dans la famille?
·
S’isole-t-il?
·
A-t-il des difficultés matérielles?
Le nombre de facteurs de
risque de l’étape 2 détermine le degré de dangerosité d’un suicide. 1 ou 2
facteurs, le risque est faible. Marilyne pourrait intervenir auprès de lui sans
nécessairement avoir recours à une hospitalisation. 3 ou 4 facteurs, le risque
est moyen et Marilyne devrait être très attentive sur la façon dont la détresse
pourrait survenir en parlant avec Simon. À 5 facteurs et plus, une intervention
rapide est nécessaire car le risque d’une tentative de suicide est élevé.
Étape 3 : Quelle est la
situation d’urgence?
Marilyne peut ensuite se
renseigner sur le degré d’urgence de la situation. Tout dépendant des réponses
de Simon, Marilyne n’agira pas de la même façon. Si Simon tente de trouver des
solutions à son problème et cherche à communiquer, le risque de suicide est
faible. Il a besoin de parler de ses difficultés mais il ne passera pas à
l’acte. Marilyne peut donc intervenir avec lui pour trouver des solutions
ensemble. Si Simon est très bouleversé, qu’il ne veut plus souffrir mais qu’il
n’a pas de scénario précis en tête, qu’il demande de l’aide ou qu’il veut
partager sa douleur, le risque est moyen. Le but de Marilyne serait d’apaiser
la crise pour pouvoir mieux lui faire face. Si finalement Simon est au
contraire très calme ou très agité, s’il a un plan dans les 48 heures et semble
décidé, l’urgence de la situation est très grave et il devrait être emmené vers
des services professionnels dans ce domaine.
Étape 4 : A-t-il des
ressources pouvant le protéger?
Finalement, Marilyne devrait
évaluer les ressources que possède Simon pour s’aider. A-t-il des proches qui
peuvent l’aider? Des gens en qui il a confiance pour le faire? Est-il lui-même
capable de demander de l’aide quand ça ne va pas? À la lumière de ces réponses,
Marilyne sera plus à même d’évaluer s’il est sécuritaire pour Simon de
retourner chez lui après la rencontre.
MISE EN GARDE ET AUTRES INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Dans un cas d’aveu
suicidaire, il peut être difficile pour un intervenant de bien cerner la
dangerosité de la situation. Cependant, il s’agit de son devoir d’intervenir
auprès de la personne et sa s’assurer de sa sécurité. En cas de doute, surtout
s’il y a eu des précédents de tentatives de suicide, l’intervenant ne doit pas
hésiter à accompagner le client vers des ressources professionnelles adéquates.
Il vaut mieux s’assurer de la sécurité du client plutôt que de ne pas bien
reconnaître l’urgence et de le laisser partir. Cependant, il faut savoir qu’une
hospitalisation trop hâtive peut causer davantage de torts que d’aide.
PHASE DU PROCESSUS
Bien que cette activité
puisse arriver à n’importe quel moment dans le processus, il est possible que
cela puisse se passer davantage dans la phase compréhension alors que la
relation de confiance ait été établie entre le client et le conseiller
d’orientation. Ce moment est propice à la confidence puisque dans cette phase,
le conseiller d’orientation cherche à comprendre le fonctionnement
psychologique derrière les comportements de son client.
MOTS-CLÉS
·
Action
·
Danger
·
Degré
·
Évaluation
·
Suicide
SOURCES D’INSPIRATIONS ET
RÉFÉRENCES
Grille d’évaluation des risques
suicidaires : Granier, E. (2006). Idées
noires et tentatives de suicide. Réagir et faire face Paris, France :
Odile Jacob, (p. 165-166).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.