lundi 14 avril 2014

Une course contre la mort (Jennifer Desbiens) - Guide de stratégies d'interventions orientantes, 3ième édition

Le document de cet article est tirée du document suivant : Cournoyer, L. (Dir., 2014). Guide de stratégies d'interventions orientantes - Troisième édition. Document inédit. Montréal: Université du Québec à Montréal. 



UNE COURSE CONTRE LA MORT

Jennifer Desbiens, étudiante à la maîtrise en carriérologie (UQÀM)

OBJECTIFS

Objectif général : Évaluer l’urgence d’une situation de crise afin d’intervenir adéquatement.

Objectifs spécifiques 

  • Reconnaître les signes de dangerosité d’une crise suicidaire
  • Évaluer le degré d’urgence de la crise.
  • Agir conséquemment à l’évaluation de la crise.


MISE EN CONTEXTE ET PROCÉDURE

Contexte :
Marilyne est conseillère d’orientation dans une école secondaire. Elle a tissé beaucoup de liens avec plusieurs étudiants de son école lors de rencontres de groupe et plus particulièrement avec Simon. Simon a 16 ans et il semble plutôt incertain face à son prochain programme d’études. C’est un jeune homme qui a un bon sens de l’humour, enjoué et vivant mais ces derniers temps, il semble plus morose que d’habitude. Marilyne l’invite donc à venir la rencontrer individuellement pour discuter de son choix d’avenir. Au fil de la discussion, elle se rend compte que pour Simon, il est difficile de faire un choix car il ne voit pas à quoi ça va lui servir. Il se dit que de toute façon, il ne terminera possiblement même pas son secondaire. Marilyne l’interroge donc sur ses motivations scolaires mais Simon lui mentionne que ce n’est pas ça. Qu’il aime ses cours, que ça va bien mais que de toute façon, ça ne servira à rien là où il va. Marilyne semble soudainement inquiète. Elle demande à Simon s’il lui arrivait parfois d’avoir des idées suicidaires. Simon baisse les yeux, sur le bord des larmes, et lui avoue que oui.

Procédure :
La tâche de Marilyne à ce moment est d’évaluer l’urgence de la crise suicidaire avec Simon. Pour ce faire, elle peut se fier à une évaluation en quatre étapes afin de vérifier la dangerosité des pensées suicidaires de Simon et se fier à un organigramme d’intervention. (Voir Annexe I)

Étape 1 : Y a-t-il un danger à court terme?

·         Est-ce qu’il a déjà fait une tentative dans le dernier mois?
·         Veut-il vraiment mourir?
·         A-t-il un plan de suicide défini? Sait-il où, quand, comment?

Une seule réponse affirmative à ces questions constitue un facteur de risque élevé et Simon devrait être accompagné le plus rapidement possible vers des services adéquats.

Étape 2 : A-t-il des facteurs de risque importants?

·         Combien de fois y a-t-il pensé récemment?
·         Ressent-il du désespoir?
·         A-t-il des crises d’angoisse?
·         Est-il du genre impulsif ou agressif?
·         Prend-il de l’alcool ou de la drogue?
·         A-t-il vécu un événement personnel traumatisant récemment?
·         A-t-il fait une tentative de suicide voilà plus d’un mois?
·         Y a-t-il des antécédents suicidaires dans la famille?
·         S’isole-t-il?
·         A-t-il des difficultés matérielles?

Le nombre de facteurs de risque de l’étape 2 détermine le degré de dangerosité d’un suicide. 1 ou 2 facteurs, le risque est faible. Marilyne pourrait intervenir auprès de lui sans nécessairement avoir recours à une hospitalisation. 3 ou 4 facteurs, le risque est moyen et Marilyne devrait être très attentive sur la façon dont la détresse pourrait survenir en parlant avec Simon. À 5 facteurs et plus, une intervention rapide est nécessaire car le risque d’une tentative de suicide est élevé.

Étape 3 : Quelle est la situation d’urgence?

Marilyne peut ensuite se renseigner sur le degré d’urgence de la situation. Tout dépendant des réponses de Simon, Marilyne n’agira pas de la même façon. Si Simon tente de trouver des solutions à son problème et cherche à communiquer, le risque de suicide est faible. Il a besoin de parler de ses difficultés mais il ne passera pas à l’acte. Marilyne peut donc intervenir avec lui pour trouver des solutions ensemble. Si Simon est très bouleversé, qu’il ne veut plus souffrir mais qu’il n’a pas de scénario précis en tête, qu’il demande de l’aide ou qu’il veut partager sa douleur, le risque est moyen. Le but de Marilyne serait d’apaiser la crise pour pouvoir mieux lui faire face. Si finalement Simon est au contraire très calme ou très agité, s’il a un plan dans les 48 heures et semble décidé, l’urgence de la situation est très grave et il devrait être emmené vers des services professionnels dans ce domaine.

Étape 4 : A-t-il des ressources pouvant le protéger?

Finalement, Marilyne devrait évaluer les ressources que possède Simon pour s’aider. A-t-il des proches qui peuvent l’aider? Des gens en qui il a confiance pour le faire? Est-il lui-même capable de demander de l’aide quand ça ne va pas? À la lumière de ces réponses, Marilyne sera plus à même d’évaluer s’il est sécuritaire pour Simon de retourner chez lui après la rencontre.

MISE EN GARDE ET AUTRES INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Dans un cas d’aveu suicidaire, il peut être difficile pour un intervenant de bien cerner la dangerosité de la situation. Cependant, il s’agit de son devoir d’intervenir auprès de la personne et sa s’assurer de sa sécurité. En cas de doute, surtout s’il y a eu des précédents de tentatives de suicide, l’intervenant ne doit pas hésiter à accompagner le client vers des ressources professionnelles adéquates. Il vaut mieux s’assurer de la sécurité du client plutôt que de ne pas bien reconnaître l’urgence et de le laisser partir. Cependant, il faut savoir qu’une hospitalisation trop hâtive peut causer davantage de torts que d’aide.

PHASE DU PROCESSUS 

Bien que cette activité puisse arriver à n’importe quel moment dans le processus, il est possible que cela puisse se passer davantage dans la phase compréhension alors que la relation de confiance ait été établie entre le client et le conseiller d’orientation. Ce moment est propice à la confidence puisque dans cette phase, le conseiller d’orientation cherche à comprendre le fonctionnement psychologique derrière les comportements de son client.

MOTS-CLÉS 

·         Action
·         Danger
·         Degré
·         Évaluation
·         Suicide

SOURCES D’INSPIRATIONS ET RÉFÉRENCES


Grille d’évaluation des risques suicidaires : Granier, E. (2006). Idées noires et tentatives de suicide. Réagir et faire face Paris, France : Odile Jacob, (p. 165-166).

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