lundi 14 juillet 2014

Tais-toi critique intérieure (Chantal Oligny) - Guide de stratégies d'interventions orientantes, 3ième édition


TAIS-TOI CRITIQUE INTÉRIEURE

Chantal Oligny, étudiante à la maîtrise en carriérologie (UQÀM)

OBJECTIFS 

Objectif général : Amener la personne à changer son discours intérieur qui l’empêche d’avancer.
Objectifs spécifiques :
û  Prendre conscience de l’existence de son discours intérieur.
û  Identifier le type de discours intérieur et son impact sur l’estime de soi.
û  Se poser les bonnes questions afin de déjouer le critique intérieur.

MISE EN CONTEXTE ET PROCÉDURE D’INTERVENTION

Vous êtes conseiller d’orientation à l’UQAM et Annie, étudiante au doctorat en littérature, vient vous consulter. Elle n’arrive pas à rédiger sa thèse et change constamment de sujet. Son problème est simple vous dit-elle, «chaque fois que je me mets au travail et que j’écris quelques lignes, je me sens insatisfaite. Mon directeur de thèse a beau me dire que c’est bien et qu’on peut en faire quelque chose, mais une voix intérieure me répète en permanence que ça ne va pas, que ce n’est pas bon. Je m’imagine les membres du jury en train de faire la moue en feuilletant ma thèse. Je suis découragée, épuisée et surtout, j’ai peur de ne pas y arriver. Je n’ai pas fait toutes ces études pour abandonner à la toute fin, c’est insensé !» Annie éprouve donc des difficultés avec ses pensées intérieures qui prennent la forme de critique

L’intervention sera, dans un premier temps, de faire comprendre à Annie que ce qui l’empêche d’avancer c’est sa tendance à agir et à juger son action dans le même instant. De ce fait, ses difficultés ne proviennent pas seulement de la tâche d’écrire sa thèse, mais également de sa faible estime de soi. Voici des exemples de critiques intérieurs et de l’impact sur l’estime de soi :

Le critique intérieur                       Impact sur l’estime de soi
«C’est inutile, à quoi bon ?»              Dissuade d’essayer
«Ça ne marchera pas»                       Inquiétude/perfectionnisme inutile
«C’était nul»                                               Dévalorisation
«Ça n’a servi à rien»                          Dissuade de recommencer
«Ce n’est pas suffisant»                     Insatisfaction

Ensuite, lorsque ces pensées critiques se présentent à l’esprit, il est bon de se poser les bonnes questions afin de limiter les dégâts qu’elles peuvent causer. Voici un exemple de pensée critique et des 4 questions à se poser qui permettront d’y mettre fin.

Pensée critique : «Je n’ai pas été à la hauteur hier soir»
Questions
Réponses
Stratégies
1) Cette pensée est-elle réaliste ?
Je ne sais pas, je n’ai pas d’autre avis que le mien.
Je vais demander à d’autres personnes ce qu’elles en pensent.
2) Est-ce que cette pensée m’aide à me sentir mieux ?
Non, elle m’attriste et m’angoisse.
J’arrête de ruminer, et j’agis : que faire maintenant ?
3) Est-ce que cette pensée m’aide à mieux faire face à la situation actuelle ?
Non, je me replie sur moi.
Je vais essayer de téléphoner tout de suite à un ami.
3) Est-ce que cette pensée m’aidera à mieux faire face à la situation la prochaine fois ?
Non, au contraire elle augmentera mes difficultés : la prochaine fois, je serai encore plus mal à l’aise.
Je vais réfléchir à la prochaine soirée : comment puis-je m’y prendre pour ne pas ressentir à nouveau ce sentiment d’insatisfaction.

Donc, il s’agira d’analyser les pensées critiques d’Annie à travers ces quatre questions. Ces dernières permettront à Annie de relativiser et de réaliser qu’elles sont surtout nuisibles et nourrissent un découragement et une tristesse.

MISES EN GARDE ET AUTRES INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Il est recommandé de faire l’analyse des pensées critiques du client avec lui, tout au moins, une première fois. L’objectivité du conseiller permettra au client d’être honnête envers lui-même lorsqu’il répondra aux questions. Par exemple, le client étant pris dans son tourbillon de pensées critiques ne sera peut-être pas en mesure de répondre lucidement à la première question et ne verra pas que ses pensées ne sont pas réalistes. De plus, le conseiller pourra guider son client dans la réflexion de la stratégie à adopter en fonction de la réponse. Le client pourra se décourager s’il ne sait pas comment s’y prendre autrement.

PHASE DU PROCESSUS 

 Compréhension

MOTS-CLÉS 

·         Critique
·         Discours intérieur
·         Estime de soi
·         Pensée irréaliste
·         Question stratégique


SOURCES D’INSPIRATION ET RÉFÉRENCES


André, C. et Lelord, F. (2008). L’estime de soi : s’aimer pour mieux vivre avec les autres. Odile Jacob

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