lundi 11 août 2014

Le miroir de l'empathie (Marie Dumoulin) - Guide de stratégies d'interventions orientantes, 3ième édition

Le document de cet article est tirée du document suivant : Cournoyer, L. (Dir., 2014). Guide de stratégies d'interventions orientantes - Troisième édition. Document inédit. Montréal: Université du Québec à Montréal. 



LE MIROIR DE L’EMPATHIE

Marie Dumoulin, étudiante à la maîtrise en carriérologie (UQÀM)

OBJECTIFS

Objectif général : Aider la cliente à améliorer sa communication corporelle empathique afin de favoriser l’émergence d’un lien de confiance avec les détenues.
Objectifs spécifiques:
û  Identifier les éléments du comportement à changer et les modifier
û  Développer son authenticité afin de favoriser l’émergence d’une relation de confiance
û  Prendre conscience de la portée du non verbal afin de favoriser des échanges plus positifs

MISE EN CONTEXTE ET PROCÉDURES D’INTERVENTION

Marlaine est finissante en criminologie et vient de terminer ses trois mois de probation dans une prison pour femmes.  Son patron la rencontre pour lui dire que bien qu’elle lui ait prouvé qu’elle possède les connaissances pour travailler dans un tel milieu, elle manque d’empathie avec certaines détenues dans ses interventions individuelles.  Il lui précise que ses interventions verbales sont excellentes, mais qu’il a remarqué qu’elle reste souvent figée physiquement au contact des détenues.  Marlaine avoue se sentir intimidée devant les détenues qui ont un dossier criminel plus lourd que d’autres.  Elle consulte un conseiller d’orientation dans le but d’améliorer sa communication empathique au travail.

Selon Brunel et Cosnier (2012), l’activité corporelle du parleur supporte l’activité relationnelle empathique dans une communication. 

Ainsi, le corps est un instrument essentiel du support de l’activité mentale, mais aussi de l’activité relationnelle empathique avec le monde et avec les autres.”[1]

L’activité proposée ici vise à permettre à Marlaine de prendre conscience de ce que son corps dégage.  Agit-il de manière à supporter ses propos, en jouant le rôle de facilitateur d’empathie, ou bien dégage-t-il inversement une dissonance avec ses propos empathiques?

Dans un premier temps, le conseiller d’orientation propose à Marlaine de faire un jeu de rôles.  Si elle est d’accord, le conseiller jouera le rôle d’une détenue et Marlaine maintiendra son propre rôle.  Le conseiller l’amène à prendre l’attitude et les propos qu’elle aurait avec une détenue devant laquelle elle est mal à l’aise.  Une fois son intervention terminée, le conseiller demande à Marlaine de porter attention à la gestuelle qu’elle a eue dans cette situation.  Le conseiller lui demande maintenant de reproduire exactement la même scène, composée des mêmes propos et gestes, mais cette fois-ci en s’observant dans un miroir (le conseiller pose un grand miroir près d’elle de façon à ce que celle-ci puisse se voir en entier.)  Une fois la scène réalisée, le conseiller amène Marlaine à nommer ses observations par des questions telles que celles-ci: “Qu’avez-vous remarqué par rapport à votre gestuelle?”, “Trouviez-vous que vous aviez l’air détendue et/ou ouverte à la discussion?”, “Trouviez-vous que vos gestes reflétaient bien vos propos?”.  Ensuite, le conseiller lui propose de continuer le jeu de rôles, en laissant le miroir pour qu’elle puisse s’observer.  Le conseiller l’invite à essayer différents gestes pour appuyer ses propos jusqu’à ce qu’elle soit satisfaite de la cohérence entre son attitude corporelle et ses dires. 

Selon Brunel et Cosnier (2012), les rites d’interaction, tout comme les paramètres liés à la personnalité, à la situation et les paramètres socioculturels, modalisent un échange empathique. En ce sens, le conseiller peut proposer à Marlaine d’agir en toute authenticité avec les détenues en leur indiquant, en début de rencontre, qu’il arrive qu’elle ne soit pas très expressive corporellement, mais que ça ne démontre pas son intérêt réel à leur venir en aide.  D’exprimer sa situation pourrait permettre à Marlaine et aux détenues de se détendre et d’être confortables dans la situation, celle-ci étant nommée.

MISE EN GARDE ET AUTRES INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

Pour réaliser un jeu de rôles tel que celui-ci, il est important d’avoir un bon lien de confiance entre le conseiller et le client, et ce, afin que le client soit à l’aise de s’exprimer.  Certains clients peuvent avoir des difficultés à reproduire une scène de manière théâtrale. Il est alors conseillé de simplement laisser le client s’observer durant une rencontre de counseling individuelle avec le conseiller.  Il pourra également prendre conscience de ses agissements.

PHASE DU PROCESSUS 

Cette activité est propice à la phase de compréhension, car elle vise une prise de conscience par la cliente de son fonctionnement psychologique, de la manière dont elle interprète l’information.

MOTS-CLÉS

·         Communication
·         Empathie
·         Interaction corporelle
·         Jeu de rôles
·         Non verbal

SOURCES D’INSPIRATION ET RÉFÉRENCES

Brunel M-L., Cosnier J. (2012). L'empathie. Un sixième sens. Lyon: PUL, ISBN : 978-2-7297-0859-7.





[1] Brunel M-L., Cosnier J. (2012). L'empathie. Un sixième sens. Lyon: PUL, ISBN : 978-2-7297-0859-7.

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