Le document de cet article est tirée du document suivant : Cournoyer, L. (Dir., 2014). Guide de stratégies d'interventions orientantes - Troisième édition. Document inédit. Montréal: Université du Québec à Montréal.
UN POINT
D’ATTACHE AU MILIEU DES MONTAGNES RUSSES
Jennifer Desbiens, étudiante à la
maîtrise en carriérologie (UQÀM)
OBJECTIFS
Objectif général :
Accompagner le client dans une recherche de stratégies d’adaptation au
marché du travail face à un trouble cyclothymique.
Objectifs spécifiques :
û Identifier
les caractéristiques jumelées aux deux pôles de l’humeur.
û Accompagner
le client dans sa recherche de stratégies adaptées à celui-ci.
û Créer
un point de référence pour se rappeler de ces stratégies.
MISE EN CONTEXTE ET PROCÉDURE
D’INTERVENTION
Contexte :
Vincent est un conseiller
d’orientation privé dans la région de Montréal qui effectue un processus
d’orientation avec Isabelle, une femme de 35 ans. Il en est à ses dernières
rencontres avec elle. Ensemble, ils ont exploré son parcours scolaire, son
parcours professionnel, ses habiletés, ses intérêts et ensemble, ils ont trouvé
des choix intéressants qui conviennent bien à sa cliente.
À travers son exploration, Vincent
a pu toutefois remarquer qu’Isabelle avait des périodes où son énergie ne
semblait pas la même. Parfois, Isabelle était très motivée, avait plein
d’idées, effectuait des recherches, rencontrait des gens et semblait très
dynamique. Et parfois, elle ne semblait plus du tout motivée. Elle
n’accomplissait pas ses activités de réflexion, elle semblait triste, morose et
elle évoquait même des idées noires. Après avoir abordé cette remarque avec
elle, Isabelle lui a avoué qu’elle avait été diagnostiquée cyclothymique,
c’est-à-dire une forme atténuée de trouble bipolaire. Elle ne souhaite pas
prendre de médicaments pour régulariser son humeur. Elle lui a cependant avoué
que par le passé, elle a vécu un parcours professionnel difficile. Dans ses
épisodes de manie, elle embarquait dans divers projets et se rajoutait du
travail supplémentaire. Cependant, rendue à un épisode dépressif, elle se
voyait surchargée de choses à effectuer alors qu’elle n’avait plus d’énergie
pour les faire. De plus, elle a vécu plusieurs cas de congé de maladie lié à un
état dépressif. Elle a peur que cela se reproduise, soit de trop en accepter et
se retrouver surchargée ou encore qu’elle finisse par abandonner son nouvel
emploi ou son nouveau programme d’études lors d’une période plus difficile.
Procédure :
Vincent sait que le succès
du choix de carrière d’Isabelle dépend aussi de sa capacité à gérer son trouble
de l’humeur. Il lui propose donc l’activité suivante.
La première étape consiste à
remplir ce tableau:
État
|
Comment je me comporte
|
Que puis-je faire?
|
Déprime
|
||
Hyperactivité
|
Il demande de remplir la
colonne de gauche du tableau en activité de réflexion pour la prochaine
rencontre et de commencer une réflexion sur la colonne de droite.
Dans la colonne intitulée Comment je me comporte, Vincent propose
à Isabelle d’indiquer quels sont ses comportements lorsqu’elle vit un épisode
dépressif ou un épisode maniaque. Cela servira plus tard à aider sa cliente à
reconnaître les signes qui indiquent dans quel état elle se situe lorsqu’elle
effectuera son projet d’orientation. Dans la colonne Que puis-je faire?, Isabelle doit amorcer une réflexion sur les
habitudes qu’elle a déjà mises en place pour contrer son état. Par exemple,
peut-être que pour elle, lorsqu’elle est en état maniaque, elle n’accepte qu’un
seul projet pour ne pas se trouver surchargée plus tard. Vincent peut
l’accompagner à trouver d’autres idées lors du retour sur l’activité de
réflexion.
La deuxième étape consiste à
l’activité d’ancrage liée à la programmation neuro-linguistique. Il invite
Isabelle à emmener deux objets significatifs pour elle qui représente ses deux
états. Pour cet exemple, disons qu’Isabelle a emmené une pierre noire pour
représenter son état dépressif et un trombone pour son état maniaque.
Vincent invite alors
Isabelle à fermer les yeux pour une activité de visualisation. Il la fait se
détendre en comptant de 1 à 10 où chaque chiffre demande une plus grande
détente au corps. Une fois sa cliente détendue, il invite Isabelle à se
transporter dans un moment où elle se sentait dépressive. En reprenant le
tableau, il énumère les caractéristiques de l’état dépressif en lui demandant
de ressentir le moment présent. Puis, il lui demande d’ouvrir la main gauche et
y glisse la pierre noire. Il lui dit alors de refermer la pierre entre ces
mains, de la sentir, d’imaginer
maintenant les solutions trouvées pour combattre son état tel que spécifié dans
le tableau et de ressentir un état calme et détendu. Puis, il invite Isabelle à
ouvrir la main, à revivre l’état dépressif et à resserrer la main pour
ressentir le calme insufflé par les solutions. Il reprend ensuite la pierre, la
met de côté et demande à Isabelle d’ouvrir sa main droite et y glisse le
trombone pour recommencer les mêmes étapes mais liées davantage à l’état
maniaque. À la fin de l’exercice, il termine la visualisation en comptant à
rebours de 10 à 1, où chaque chiffre est une partie du corps qui se réveille. À
la fin de l’exercice, il lui explique que quand elle se sent dans un état
dépressif ou dans un état de manie, elle peut prendre l’objet approprié et se
rappeler le tableau qu’elle a fait pour combattre ses difficultés.
MISE EN GARDE ET AUTRES INFORMATIONS
COMPLÉMENTAIRES
La technique de l’ancrage
peut être particulièrement utile puisqu’elle fait appel à la fois aux aspects
cognitifs, émotifs et somatiques de la personne. Toutefois, il pourrait être
recommandé d’effectuer cet exercice dans un état d’humeur plus stable afin de
pouvoir faire vivre les deux expériences plus facilement au client. Il est
suggéré également de commencer la visualisation avec l’état dépressif et de
finir avec l’état maniaque afin que le client reparte sur une note plus
positive. Il faut cependant que le conseiller d’orientation soit prêt à ce que
le client vive des émotions très fortes ou à ce que cette activité déclenche
l’une ou l’autre des phases du client. Il doit donc se préparer en conséquence
et être prêt à assumer les conséquences éventuelles en accompagnant le client
dans ce processus.
Le but de cette activité est
d’aider à contrôler l’état dépressif du client dans une stratégie d’adaptation
au marché du travail et la régularisation du côté maniaque se fait à titre de
prévention aux états dépressifs. Il ne s’agit donc pas d’un traitement d’un
trouble cyclothymique et elle ne devrait pas être utilisée à cet effet sans
avoir une formation nécessaire pour intervenir sur le plan psychothérapeutique
grâce à cette technique.
À noter que la première
étape pourrait également être effectuée seule.
PHASE DU PROCESSUS
Cette activité se retrouve
davantage dans la phase action d’un processus d’orientation afin d’aider le
client à trouver des mécanismes susceptibles de combattre les pièges déjà vécus
par le passé lors de la mise en application de son plan d’action.
MOTS-CLÉS
·
Ancrage
·
Cyclothymie
·
Gestion
·
Identification
·
Solutions
SOURCES D’INSPIRATION ET RÉFÉRENCES
Tiré du vécu
personnel
Technique de
l’ancrage, Programmation neuro-linguistique
Granier, E. (2006). Idées noires et tentatives de suicide. Réagir et faire face. Paris,
France : Odile Jacob, (p. 76-80).
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