lundi 4 août 2014

Un point d'attache aux milieu des montagnes russes (Jennifer Desbiens) - Guide de stratégies d'interventions orientantes, 3ième édition



UN POINT D’ATTACHE AU MILIEU DES MONTAGNES RUSSES

Jennifer Desbiens, étudiante à la maîtrise en carriérologie (UQÀM)

 

OBJECTIFS

Objectif général : Accompagner le client dans une recherche de stratégies d’adaptation au marché du travail face à un trouble cyclothymique.

Objectifs spécifiques :
û  Identifier les caractéristiques jumelées aux deux pôles de l’humeur.
û  Accompagner le client dans sa recherche de stratégies adaptées à celui-ci.
û  Créer un point de référence pour se rappeler de ces stratégies.


MISE EN CONTEXTE ET PROCÉDURE D’INTERVENTION

Contexte :

Vincent est un conseiller d’orientation privé dans la région de Montréal qui effectue un processus d’orientation avec Isabelle, une femme de 35 ans. Il en est à ses dernières rencontres avec elle. Ensemble, ils ont exploré son parcours scolaire, son parcours professionnel, ses habiletés, ses intérêts et ensemble, ils ont trouvé des choix intéressants qui conviennent bien à sa cliente.

À travers son exploration, Vincent a pu toutefois remarquer qu’Isabelle avait des périodes où son énergie ne semblait pas la même. Parfois, Isabelle était très motivée, avait plein d’idées, effectuait des recherches, rencontrait des gens et semblait très dynamique. Et parfois, elle ne semblait plus du tout motivée. Elle n’accomplissait pas ses activités de réflexion, elle semblait triste, morose et elle évoquait même des idées noires. Après avoir abordé cette remarque avec elle, Isabelle lui a avoué qu’elle avait été diagnostiquée cyclothymique, c’est-à-dire une forme atténuée de trouble bipolaire. Elle ne souhaite pas prendre de médicaments pour régulariser son humeur. Elle lui a cependant avoué que par le passé, elle a vécu un parcours professionnel difficile. Dans ses épisodes de manie, elle embarquait dans divers projets et se rajoutait du travail supplémentaire. Cependant, rendue à un épisode dépressif, elle se voyait surchargée de choses à effectuer alors qu’elle n’avait plus d’énergie pour les faire. De plus, elle a vécu plusieurs cas de congé de maladie lié à un état dépressif. Elle a peur que cela se reproduise, soit de trop en accepter et se retrouver surchargée ou encore qu’elle finisse par abandonner son nouvel emploi ou son nouveau programme d’études lors d’une période plus difficile.

Procédure :

Vincent sait que le succès du choix de carrière d’Isabelle dépend aussi de sa capacité à gérer son trouble de l’humeur. Il lui propose donc l’activité suivante.

La première étape consiste à remplir ce tableau:

État
Comment je me comporte
Que puis-je faire?
Déprime


Hyperactivité



Il demande de remplir la colonne de gauche du tableau en activité de réflexion pour la prochaine rencontre et de commencer une réflexion sur la colonne de droite.

Dans la colonne intitulée Comment je me comporte, Vincent propose à Isabelle d’indiquer quels sont ses comportements lorsqu’elle vit un épisode dépressif ou un épisode maniaque. Cela servira plus tard à aider sa cliente à reconnaître les signes qui indiquent dans quel état elle se situe lorsqu’elle effectuera son projet d’orientation. Dans la colonne Que puis-je faire?, Isabelle doit amorcer une réflexion sur les habitudes qu’elle a déjà mises en place pour contrer son état. Par exemple, peut-être que pour elle, lorsqu’elle est en état maniaque, elle n’accepte qu’un seul projet pour ne pas se trouver surchargée plus tard. Vincent peut l’accompagner à trouver d’autres idées lors du retour sur l’activité de réflexion.

La deuxième étape consiste à l’activité d’ancrage liée à la programmation neuro-linguistique. Il invite Isabelle à emmener deux objets significatifs pour elle qui représente ses deux états. Pour cet exemple, disons qu’Isabelle a emmené une pierre noire pour représenter son état dépressif et un trombone pour son état maniaque.

Vincent invite alors Isabelle à fermer les yeux pour une activité de visualisation. Il la fait se détendre en comptant de 1 à 10 où chaque chiffre demande une plus grande détente au corps. Une fois sa cliente détendue, il invite Isabelle à se transporter dans un moment où elle se sentait dépressive. En reprenant le tableau, il énumère les caractéristiques de l’état dépressif en lui demandant de ressentir le moment présent. Puis, il lui demande d’ouvrir la main gauche et y glisse la pierre noire. Il lui dit alors de refermer la pierre entre ces mains, de la sentir,  d’imaginer maintenant les solutions trouvées pour combattre son état tel que spécifié dans le tableau et de ressentir un état calme et détendu. Puis, il invite Isabelle à ouvrir la main, à revivre l’état dépressif et à resserrer la main pour ressentir le calme insufflé par les solutions. Il reprend ensuite la pierre, la met de côté et demande à Isabelle d’ouvrir sa main droite et y glisse le trombone pour recommencer les mêmes étapes mais liées davantage à l’état maniaque. À la fin de l’exercice, il termine la visualisation en comptant à rebours de 10 à 1, où chaque chiffre est une partie du corps qui se réveille. À la fin de l’exercice, il lui explique que quand elle se sent dans un état dépressif ou dans un état de manie, elle peut prendre l’objet approprié et se rappeler le tableau qu’elle a fait pour combattre ses difficultés.




MISE EN GARDE ET AUTRES INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

La technique de l’ancrage peut être particulièrement utile puisqu’elle fait appel à la fois aux aspects cognitifs, émotifs et somatiques de la personne. Toutefois, il pourrait être recommandé d’effectuer cet exercice dans un état d’humeur plus stable afin de pouvoir faire vivre les deux expériences plus facilement au client. Il est suggéré également de commencer la visualisation avec l’état dépressif et de finir avec l’état maniaque afin que le client reparte sur une note plus positive. Il faut cependant que le conseiller d’orientation soit prêt à ce que le client vive des émotions très fortes ou à ce que cette activité déclenche l’une ou l’autre des phases du client. Il doit donc se préparer en conséquence et être prêt à assumer les conséquences éventuelles en accompagnant le client dans ce processus.

Le but de cette activité est d’aider à contrôler l’état dépressif du client dans une stratégie d’adaptation au marché du travail et la régularisation du côté maniaque se fait à titre de prévention aux états dépressifs. Il ne s’agit donc pas d’un traitement d’un trouble cyclothymique et elle ne devrait pas être utilisée à cet effet sans avoir une formation nécessaire pour intervenir sur le plan psychothérapeutique grâce à cette technique.

À noter que la première étape pourrait également être effectuée seule.

PHASE DU PROCESSUS 

Cette activité se retrouve davantage dans la phase action d’un processus d’orientation afin d’aider le client à trouver des mécanismes susceptibles de combattre les pièges déjà vécus par le passé lors de la mise en application de son plan d’action.


MOTS-CLÉS 

·         Ancrage        
·         Cyclothymie
·         Gestion         
·         Identification    
·         Solutions

SOURCES D’INSPIRATION ET RÉFÉRENCES

Tiré du vécu personnel
Technique de l’ancrage, Programmation neuro-linguistique

Granier, E. (2006). Idées noires et tentatives de suicide. Réagir et faire face. Paris, France : Odile Jacob, (p. 76-80).

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