Voir toutes les publications d'Orientation pour tous !
sur une seule page Facebook !
Cliquez sur ICI !
------------------------------------------------------------------------------------
De la lecture à la pratique ...
Compte-rendu de l'ouvrage
Compte-rendu de l'ouvrage
Barrier G. (2013) Les langages du
corps en relation d’aide – La communication non verbale au-delà des mots-
Éditeur ESF- ISBN : 978-2-7101-2491-7
Produit par :
Fanny Smolsky
Finissante à la maîtrise en carriérologie, UQÀM
Sous la direction :
Louis Cournoyer, professeur
Université du Québec à Montréal
N.B. Le texte qui suit peut être téléchargé à partir du site Orientaction à l'adresse URL suivante : CLIQUEZ ICI !
Bibliographie
Ce que nous révèle la science sur le langage non verbal en relation
d’aide
Ce livre s’adresse à tout professionnel de la relation
d’aide, du médecin, personnel de la santé, psychologue, conseiller
d’orientation, au travailleur social, etc. Il est évident que la formation que
tous ces professionnels entreprennent ne suit pas le même cursus académique et ces
derniers n’accordent pas la même importance ou valeur à la notion d’empathie.
Les conseillers d’orientation portent une attention significative à la notion de
« caring », c’est-à-dire se soucier de l’autre et en prendre soin. Il
n’en demeure pas moins qu’il est important en tant que conseiller d’orientation
d’actualiser ses connaissances concernant le langage non verbal, car les
nombreuses recherches font évoluer la science assez rapidement. Plusieurs informations
erronées circulent à ce sujet et sans une mise à jour régulière de nos
connaissances en ce domaine, nous pouvons demeurer avec de fausses
interprétations. Les informations erronées qui circulent sur le langage non
verbal sont, entres autres, que 70% de la communication est fait par le langage
non verbal, la réaction des yeux (dilatation de la pupille et
clignotement des yeux) lorsqu’une personne ment,
etc. Dans une relation d’aide, les deux personnes en relation s’échangent une
multitude d’informations par leur voix, leur posture, leur regard, leurs
gestes, leurs mots, etc., et tout ceci modifie le sens de la relation.
Sommes-nous conscients de toutes ces subtilités?
L’auteur et chercheur Guy Barrier souhaite nous conscientiser
à l’importance des signes corporels qui modifient le sens de la relation. Selon
lui, il n’est pas toujours
évident d’identifier les émotions subtiles d’autrui et nous avons rarement
conscience de nos propres signes corporels. Pour cette raison, toute une « dimension
cachée » de la communication risque de nous échapper. Cet ouvrage nous sensibilise
à la « métacommunication », encore plus ambigüe que les mots et qui
influence pourtant notre inconscient.
Le langage non verbal est une science complexe
et la lecture de ce livre, vous initiera à toutes les dimensions de celle-ci.
Que ce soit en intervention directe ou à distance, en observant le corps
(gestuelle, regard, posture, voix, poignée de main, écriture, etc.), en
utilisant l’humour, le rire et/ou la musique. Bref, vous pourrez mieux
comprendre vos clients, ainsi que vous-même, et enrichir vos interventions en
relation d’aide. Le langage non verbal est universel donc applicable à toutes
les clientèles. Si vous intervenez avec des personnes immigrantes ou ayant des
problèmes de santé mentale, ce livre vous donnera de bons conseils pour
intervenir avec eux.
Présentation de l’auteur
Guy Barrier est un expert en analyse visuelle et
docteur en sciences de l’information-communication de
l’Université Paris Diderot 7, et il est auteur de quatre ouvrages[i]. Ce présent travail porte sur sa dernière
publication. Guy Barrier a dispensé des formations en psychosociologie et a
enseigné la communication à l’Université de Limoges. Il a contribué à
différents programmes de recherche avec le Centre national de la recherche
scientifique (CNRS). Ses sujets de recherche portent sur la façon dont les gestes,
modalités expressives du corps, sont pris en compte dans la communication
interpersonnelle. Il s’interroge sur la pertinence des signes non verbaux à savoir
dans quelle mesure les gestes, les micro-indices corporels sont perçus et
éventuellement décryptés. De plus, il est le cofondateur du projet APOGESTE, un
groupe de travail soutenu par l’Institut des sciences de la communication du
CNRS. Ses plus récents centres d'intérêt sont la communication corporelle et
l'empathie et la place qu’elles occupent dans la relation thérapeutique et la
relation d’aide. Guy Barrier anime un blogue sur l’actualité scientifique du langage
non verbal : http://gestetparaverbal.blogspot.ca/
Compte rendu commenté de l’ouvrage
L’ouvrage compte 205 pages réparties en 7 chapitres.
Le premier chapitre permet de mieux comprendre les phénomènes de communication dans
l’environnement dans lequel le client est reçu.
De l’accueil du personnel administratif aux caractéristiques des lieux en
passant par la poignée de main jusqu’à la disposition du bureau, toutes ces
facettes communiquent des messages au client. Le deuxième chapitre traite des
émotions à partir d’études expertes de la voix, des gestes, des micromouvements
et indices oculaires. Tous ces éléments sont des clés d’accès aux émotions du
client. Le chapitre 3 aborde la surcharge émotionnelle et la juste
distance thérapeutique dans un rôle de relation d’aide où l’équilibre entre
prendre soin de soi tout en prenant soin de l’autre est recherché, et ce, en
préservant un lien de coopération. Le chapitre 4 aborde la nature de
l’empathie ainsi que son importance dans les relations interpersonnelles et la
vie professionnelle. Avec la venue des technologies, le contexte de relation
d’aide change. Le chapitre 5 nous sensibilise à cet effet à la
téléprésence et au rôle du corps lorsque nous travaillons à distance avec un
client. Le sixième chapitre aborde l’écriture comme étant l’une des modalités
de la communication non verbale. Le geste d’écrire constitue une forme de
mouvement expressif et il partage certaines propriétés communes avec la
gestuelle en général. Enfin le dernier chapitre (7), porte sur l’humour, le
rire, la musique et le rythme qui peuvent aider à réguler le stress, à apaiser
les souffrances et parfois à remettre un peu d’humanité dans des processus de
relation d’aide.
Le
premier chapitre intitulé « L’apparence, la parole et le regard
en entretien » met en lumière plusieurs composantes qui ont un impact sur
la façon dont le client se sentira et les messages qui lui sont envoyés via le
lieu, les gens qui y travaillent, ainsi que le professionnel qui le reçoit
(entrée en matière, types de questions, regard, disposition du bureau, etc.). Évidemment,
les lieux professionnels qui offrent des services en relation d’aide font
souvent face à des clients fragilisés. Certaines personnes faisant partie du personnel
responsable de l’accueil ont une façon d’entrer en contact centrée davantage sur
la tâche à accomplir et elles sont plus expéditives dans l’accueil et le
traitement de la demande. Un style plus relationnel et empathique de la part de
la réceptionniste enverra un tout autre message. La disposition de la salle d’attente
et son ergonomie peuvent également avoir un impact sur la façon dont le
client se sent accueilli.
Lors de l’arrivée du professionnel, le rituel de la
poignée de main est modulé selon des paramètres de durée, de distance et de
force et il permet de passer d’un mode interpersonnel à une relation en dyade. Évidemment,
toutes les sollicitations extérieures à la séance (sonnerie, prise en charge
d’un appel non urgent) génèrent des distractions et peuvent avoir des conséquences lourdes à un moment
crucial du discours de souffrance, et peuvent offenser le client.
La manière de démarrer un entretien en relation d’aide,
de conseil ou de soin varie selon plusieurs modes d’introduction tels que l’entrée
en matière participative (impliquer le client par une question ouverte),
semi-participative (la plus appréciée, car le professionnel prend l’initiative
des premiers instants et fait allusion à la date et au contenu de la dernière
rencontre), ou l’entrée socialisante (le professionnel manifeste un intérêt
pour la personne par la question « Comment ça va? »). Les questions
sont des alliées pour créer une dynamique et jouer un rôle catalyseur d’échanges et de va-et-vient constants entre les partenaires.
Plusieurs types de questions devraient êtres utilisées : rituelles ou
socialisantes, questions relais, question sous forme « pourquoi »,
questions invitant à préciser le sens d’un mot ainsi que les questions au
bénéfice d’une certaine rhétorique. Les questions peuvent alimenter la discussion,
mais elles peuvent également appauvrir le partage ou être perçues comme
inquisitrices, d’où l’importance de choisir le bon moment psychologique.
Le regard est un mode de contact très important. Un
regard chaleureux permet à la personne d’entrevoir l’estime bienveillante qui
lui est portée et est interprété comme un signe d’engagement.
La disposition du bureau où l’ordinateur n’est pas
entre le professionnel et le client est plus optimale, car elle ne « bloque »
pas la conversation et évite de détourner l’attention vers l’écran. Lorsque le
professionnel se tourne vers son écran, ceci peut être perçu comme un signe de
désengagement.
Ce premier chapitre est un bon rappel d’éléments
facilement contrôlables qui influenceront positivement l’accueil et le
sentiment de « bien-être » des clients. Ce chapitre nous fait
également prendre conscience de l’importance de maintenir un regard critique
sur son environnement et sa pratique et de faire preuve d’empathie à l’égard du
client afin de ne pas perdre de vue son expérience vécue. Notre environnement
de travail communique des choses à nos clients, en sommes-nous conscients et si
oui, en sommes-nous fiers?
Le chapitre deux intitulé « La
sémiologie du corps dans les interactions » aborde le non verbal de façon plus
intégrale. La reconnaissance des émotions du visage est parmi tous les signes
corporels le domaine qui a été le plus documenté par les travaux de recherche.
L’auteur parle du « Facial Action Coding System (FACS) » de Paul
Ekman qui est une référence universelle où les activités musculaires du visage
(mouvements, contractions, plissements) ont été converties sous forme d’unités minimales.
Il y a trois zones dont la partie supérieure (sourcils, front, mouvement
oculaire) qui est le lieu d’inscription des signes cognitifs, dont l’attention,
la concentration, la réflexion, l’accès à la mémoire, la difficulté de
compréhension, etc. La partie inférieure du visage renseigne davantage en « lecture
rapide » sur certains stimulus affectifs tels que la surprise, la tristesse,
le dégoût, la peur, etc. La troisième zone consiste en l’analyse des unités
faciales qui sont aussi interprétées en fonction de paramètres de durée,
d’intensité et d’asymétrie. Plus de 400 combinaisons possibles sont localisées
dans les parties du visage.
Dans une
perspective psychosociale, les paramètres qualitatifs de la voix (vitesse,
fréquences intonatives, volume, articulation, etc.) permettent d’identifier des
intentions destinées à influencer le récepteur telles que : l’argumentation,
la confidence, le reproche, l’explication, la requête, etc. Parmi l’ensemble
des indices non verbaux, la voix permet d’interpréter avec une grande précision
les affects de l’émetteur.
Un autre
sujet abordé dans ce chapitre concerne le non verbal des personnes
dépressives : la gestuelle est typique et reconnaissable, car la personne
est très inhibée en entrevue au lieu d’être impliquée ou réactive, et avec une
tendance à se tenir en retrait, affaissée sur sa chaise, bras croisés et jambes
repliées. Tous les gestes communicatifs et expansifs sont absents, le regard mutuel
est assez mal accepté et la personne peut même détourner son tronc de quelques
degrés afin de ne pas regarder l’autre en face. Tous ces signes du corps et
plusieurs autres peuvent aider à détecter la dépression.
Les
situations génératrices d’anxiété, de tension ou d’embarras sont typiques dans
tout entretien d’aide et sont communiquées par le corps. En principe, lorsqu’une
personne est embarrassée, elle effectue peu de gestes illustratifs ou expansifs,
sa gestuelle est plutôt réservée.
L’auteur
démontre en exposant plusieurs recherches que la réaction de la pupille de
l’œil (pupille qui grossit lors d’émotion positive et rapetisse dans le cas
inverse) n’est pas tout à fait vraie. Il semble plus juste d’affirmer que c’est
l’intensité de l’émotion ou de la sensation qui gradue cette dilatation, en
dehors du fait qu’il s’agisse de joie, de peur, etc. Pour ce qui est du
clignement des yeux, il se manifeste souvent en anticipation de l’effort
cognitif, puis à nouveau après cet effort, comme mode de récupération. Ces
signes ont été testés parmi la gamme des nombreux indices, corporels et vocaux,
alloués à la détection du mensonge.
Ce chapitre éclaircit
certains mythes par rapport au langage non verbal comme la dilatation des yeux
et le clignotement des yeux. La science du non verbal évolue rapidement et les professionnels
en relation d’aide peuvent grandement bénéficier de ce type de lecture dans
leur carrière afin de suivre les développements et ainsi ne pas demeurer avec
de fausses perceptions. Par contre, il est plutôt difficile de maîtriser tous
les signes de reconnaissance du visage de la théorie du FACS étant donné qu’il
existe plus de 400 combinaisons possibles et qu’il faudrait alors suivre
plusieurs formations afin d’être en mesure de saisir toutes les subtilités que
le corps nous communique.
Le chapitre 3 intitulé « Surcharge
émotionnelle et juste distance thérapeutique » nous conscientise au fait
que lorsque l’on prend soin des autres, il est important de prendre soin de soi
également. Toutes les pratiques de la relation d’aide sont exigeantes au point
de vue du niveau d’énergie et de la motivation. Les professionnels sont mis en
présence d’émotions d’une grande intensité et parfois d’une certaine violence.
Les intervenants font face à divers types de clients qui pour certains, ils se doivent
d’être sans faille et toujours disponibles.
L’auteur sensibilise
aux théories de l’esprit communément appelées « l’attribution d’états mentaux »
à autrui. Le récepteur peut interpréter comme volontaire un geste qui ne
l’était pas comme le serait un lapsus. À l’inverse, il peut ressentir comme une
simple manifestation somatique, non préméditée, un signal volontaire tel que
tapoter des doigts, qui est pourtant destiné à instaurer de la distance.
L’émetteur du geste peut être tout à fait inconscient ou au contraire, il peut l’utiliser
délibérément pour contrôler la situation. Plus généralement, une partie des
problèmes de communication, malentendus, attributions d’intentions et
difficultés relationnelles naissent à cause de la subjectivité partagée ou intersubjectivité.
Aucune expression non verbale comme un regard ou une intonation de voix n’est
écrite dans un code et pourtant elle est interprétée (avec plus ou moins
d’adéquation). L’émission du signe peut être volontaire ou involontaire du
point de vue de l’émetteur et la réception peut être consciente ou inconsciente
de point de vue du récepteur.
L’ironie est
un paradoxe du langage qui oblige le destinataire à interpréter les choses au
second degré. Le ton de voix, l’accentuation d’insistance, la pente vocale
ascendante et l’accent tonique font fonctionner la phrase comme une antiphrase.
Le soupir relève ainsi du non-dit et permet d’éviter de dire ce qu’on pense
tout en signifiant tacitement son désaccord, son désintérêt, son désengagement,
voir même son animosité. La multiplication de ces signes contribue à
l’épuisement moral et professionnel et ils ne permettent pas toujours au
destinataire de répliquer sur le même registre.
Ce chapitre
est un bon rappel d’éléments à prendre en considération pour tout professionnel
de la relation d’aide, car il permet de mieux comprendre les attentes que les
clients ont envers nous et les effets que cela peut avoir sur certains d’entre
nous. Il réitère l’importance de prendre soin de soi avant de prendre soin des
autres. Même si en orientation, il y a rarement des cas aussi lourds qu’en
médecine, tels que l’annonce d’une maladie, les attentes de résultats sont
présentes et les clients nous transmettent une multitude de messages par leur non
verbal. Il est important pour notre propre santé mentale de créer une distance,
surtout lorsque l’on est au début de notre carrière étant donné que nous sommes
en construction de notre identité professionnelle, tout en demeurant
empathique.
Le chapitre 4 intitulé « L’empathie
une proximité à distance » définit l’empathie comme étant une continuité
qui oublie le dualisme entre soi-même et autrui, et qui permet de participer à
l’activité interne grâce au mouvement expressif, lequel reflète ses propres
états mentaux. L’empathie est donc en partie liée avec l’intuition, d’une
certaine façon elle est aux affects ce que l’intuition est à la cognition.
L’empathie
est souvent divisée en 4 dimensions : empathie affective (capacité
d’imaginer et de partager les sentiments d’autrui), empathie morale (avoir
toujours à l’esprit le bien de son client), l’empathie cognitive (capacité à reconnaître
et comprendre les émotions) et l’empathie comportementale (savoir transmettre
clairement cette compréhension).
Selon Rogers,
l’empathie consiste à se mettre à la place de l’autre et à tenter de voir le monde tel qu’il le voit, qu’il s’agisse de
ressentis affectifs ou représentations, idées, valeurs, éthiques, etc. Selon
Rogers, « Les personnes ont en elles de vastes ressources pour se
comprendre et changer de manière constructive leur façon d’être et de se
comporter ». Les modèles d’entretien de la relation d’aide sont fortement
marqués par cette philosophie non directive adossée à l’acceptation positive
inconditionnelle et à une culture de l’authenticité, dite congruence.
Congruence entre les paroles adressées au client et le ressenti qui les
accompagne. Celui qui aide installe une modalité particulière d’écoute
impliquant une qualité de présence, couplée à des silences attentifs où
l’observation l’amène à faire des reflets et des relances. Il s’agit d’une
manière sensitive de formuler des invitations à reprendre la parole et à
poursuivre à l’aide de questions ouvertes, encouragements, onomatopées
d’acquiescements, paraphrases en miroir. L’art de cette pratique est d’éviter
l’interprétation hâtive en amplifiant ou éliminant certains faits. Ceci permet
de comprendre le client non pas depuis son propre cadre de référence, mais plutôt
depuis celui de son client. Il démontre qu’il se représente ce que le client ressent ou pense et qu’il comprend son point de vue
sans le critiquer ni forcément l’approuver explicitement. Le modèle de Rogers
met l’emphase sur le fait que les pensées, sentiments ou difficultés ne deviennent
pas les nôtres.
Un autre
sujet abordé dans ce chapitre est celui de l’alliance thérapeutique qui est un
processus par lequel le client et le thérapeute expriment cognitivement,
affectivement et au niveau comportemental, leurs accords et désaccords quant aux
buts de la thérapie et quant à son déroulement. Elle suppose de ce fait un certain
partage des décisions, voire même de certaines connaissances et
responsabilités.
La synchronie
interactionnelle qui est une tendance naturelle à modéliser inconsciemment les
attitudes corporelles d’autrui dans le dialogue a une valeur ajoutée en séance.
Chaque initiative corporelle d’un acteur induit des ajustements de son
interlocuteur, tels que des synchronisations ou des jeux d’opposition. L’intervenant
va modifier son comportement en adéquation avec son client : la voix
s’accorde en intensité et vitesse, le répertoire mimique, le tonus, la posture
peuvent s’accorder inconsciemment. L’école de Palo Alto parle de la
synchronisation croisée qui dit que si l’interlocuteur croise les bras, croisez
les bras. Ces stratégies ont pour but, en modélisant la respiration, les
rythmes et postures d’autrui, de partager un sentiment de ressemblance proche
de l’empathie et d’exercer une certaine influence sur lui au-delà des mots. La
personne mimée par le communicateur expert ressent en face d’elle une sorte d’alter
ego qui donne confiance.
Je crois que
ce chapitre est plus intéressant pour les professionnels en relations d’aide où
les notions d’empathie ne font pas partie de leur cursus académique. Par
contre, il est toujours intéressant de comprendre comment le concept de
l’empathie a évolué au fil des ans et de sa place dans la notion de prendre
soin de l’autre.
Le chapitre 5 intitulé « Téléprésence
et rôle du corps » aborde le sujet de la téléprésence, la venue des
nouvelles technologies qui impacte l’intervention, car elle peut se faire à
distance. La relation médecin-patient a évolué depuis quelques décennies avec
l’éthique et le droit du malade, car ce dernier aspire à être reconnu. Même si
du chemin a été parcouru, il n’en demeure pas moins qu’il est parfois difficile
pour de nombreux médecins de se mettre à la place du patient, bref de gérer
leurs angoisses. Bien qu’il soit impliqué par sa mission dans une relation
d’aide, le médecin (non psychiatre) est généralement plus à l’aise devant une
information qui porte sur des données objectives, donc une parole d’expert
centrée sur des faits empiriques et moins en ce qui touche les préoccupations
subjectives de nature psychologique : risque, image de soi, angoisse, etc.
Donc, dans un contexte où l’empathie a déjà du mal à s’enraciner, la
téléconsultation médicale implique encore davantage de compétences en communication.
Pour
faciliter la communication verbale et non verbale, l’auteur nous rappelle
l’importance des contingences techniques telles que la qualité de l’imagerie et
de débit, l’angle de la perception, le modèle de cadrage, le contraste, la
résolution et la qualité acoustique pour favoriser la communication entre deux
personnes à distance. En effet, un problème technique de quelques secondes peut
avoir un impact quant à la compréhension de ce qui est transmis au
professionnel.
Une section
du chapitre est consacrée à l’importance des gestes, car certains mots sont
polyvalents ou ambigus donc les signes (ou gestuelle) permettent à la personne
de compléter ou contextualiser le sens de ce que l’autre exprime. Pour que le
récepteur lui attribue une présomption de pertinence, le geste doit se détacher
du flux comportemental et répondre à un critère de visibilité. Cette visibilité
sera généralement liée à la force de son intention, à sa durée, son intensité,
sa soudaineté, son amplitude, sa rapidité et sa répétition insistante.
Le canal
visuel et acoustique de la vidéo renforce la nécessité d’accéder aux gestes
d’autrui. Elle exige une plus grande attention aux indices fournis par
l’interlocuteur qui lui fait face, à commencer par le contrôle de son propre
comportement d’écoute et sa présence attentive. Le corps du thérapeute lui-même
exerce une fonction de signal : véhiculer les accusés de réception dont le
patient a besoin pour se sentir compris, signifier les marques d’empathie qui
le réconfortent, marquer corporellement des attitudes plus investigatrices qui
l’invitent à aller plus loin. C’est le processus de transfert et d’alliance qui
est impliqué dans le corps à corps thérapeutique. La distinction existant dans
la communication à distance est que les perceptions interpersonnelles et actes
de dialogue sont modifiés ou dénaturés. En effet, des signes conversationnels
comme des hochements de tête, regards, marques d’attention de prise de parole
sont souvent moins perceptibles qu’en personne. Le professionnel doit donc
remplacer par des mots certains éléments qui, en présence, sont assumés par le
corps. Des éléments tels que « Je vous écoute » ou « C’est à
vous… » sont plus explicites.
Fait
étonnant, la télépsychiatrie obtient des résultats concluants, car, selon
maintes analyses, celle-ci permet d’aboutir à un diagnostic efficace en matière
de symptômes dépressifs, anxieux ou psychotiques. Les patients déclarent sentir
une plus grande liberté de mouvement, un sentiment d’espace personnel propice à
une meilleure spontanéité verbale et ils se sentent moins stigmatisés que
d’aller consulter en personne. Par contre, la télépsychiatrie ne fonctionne pas
bien avec des cas plus lourds tels que les bipolaires et les schizophrènes, etc.
Ce chapitre
est très intéressant, car la téléprésence fait de plus en plus partie de la
nouvelle réalité des intervenants et amène son lot de changements dans la
relation d’aide. Peu de formations sont offertes afin de sensibiliser les
professionnels. Il existe plusieurs trucs intéressants,
présentés dans ce livre, quant à la façon de procéder et des éléments à prendre
en considération en vue d’offrir un excellent service à distance.
Chapitre 6 intitulé « Le
geste d’écrire, une modalité expressive et cognitive ». Selon l’auteur,
l’écriture est une modalité expressive du corps, mais aussi une trace du corps
en mouvement qui peut être archivée plus facilement que le geste et varier
selon différentes humeurs ou moments de la journée. Les gestes du scripteur
peuvent varier selon le contexte affectif ou cognitif, montrant un large
spectre d’indices d’éléments latents ou de freinage, d’inhibitions, de raideurs,
de mouvements régressifs, trous et ruptures de continuité.
Selon
l’auteur, il est dommage que la graphologie se soit aventurée sur un terrain
risqué, en effectuant des liens entre relations de type caractérologique et
personnalités, car nous gagnerions à explorer cette science graphologie. Nous
pouvons découvrir dans l’écrit des décharges motrices significatives ainsi que
des dérapages « actes manqués ». De plus, selon l’humeur, le geste et
l’écriture peuvent montrer plus ou moins de dynamisme, de tonicité,
d’expansivité, de crispation ou de tension.
Même s’il y a
peu d’études entre écriture et stress, tous les résultats sont convergents. En
effet, l’écriture peut être un indicateur précis de tensions internes.
Plusieurs liens peuvent être faits entre écriture et mensonges, écriture et états
suicidaires, de même qu’avec l’alcoolisme. De plus, l’écriture ainsi que des
dessins géométriques permettent de diagnostiquer une grande variété d’apraxies
ou troubles neurologiques, car des modifications de la structure d’écriture,
micrographies, dysgraphie sont alors identifiées. L’écriture est donc un outil
dans le domaine de la santé mentale qui permet de détecter des pathologies, de
suivre l’évolution du patient, de comprendre les effets des antidépresseurs sur
la motricité et d’évaluer les effets lors d’un traitement, etc.
Malgré le
fait que le contenu de ce chapitre soit intéressant du point de vue de la
culture générale, il apparaît moins applicable dans le domaine de
l’orientation. Les conseillers d’orientation n’ont vraiment pas le temps
d’analyser les distinctions dans la façon d’écrire du client, mais dans le
doute, face à un client qui agit différemment, cela peut être un outil pour
détecter des signes de dépression, détresse psychologique,
etc.
Le chapitre 7 intitulé « L’humour,
le rythme et l’art-thérapie » aborde le rire comme étant une forme de
communication non verbale. Le rire est un puissant moyen de distanciation et
Freud notait l’humour comme un mécanisme de défense contre la souffrance.
L’humour peut
être un allié thérapeutique, car en plus de dédramatiser, il est un médiateur
efficace qui permet de capter l’attention, d’intéresser, de mieux réunir autour
d’un objectif. Même dans des stratégies de confrontation à des résistances, il
permet de faire dévier la conversation. Le rire bouscule, crée de la
discontinuité et de la surprise et grâce à la créativité qu’il met en œuvre, il
ouvre de nouvelles fenêtres sur des opinons et perspectives. L’humour est une
technique de recadrage du sens, une façon d’amener le client à considérer les
choses autrement. Tout en étant provocateur, l’humour dit les choses de façon
tellement subtile qu’elles deviennent acceptables. L’humour fait partie des
moyens mis à la disposition du thérapeute pour aiguiser la prise de conscience
chez le client.
Le deuxième
élément abordé dans ce chapitre concerne les effets de la musique, car elle
exerce un effet sur nos perceptions de l’environnement, notre sensation du
temps, sur nos humeurs du moment, mais aussi sur notre santé, notre motivation,
niveau de stress, etc. Le rythme peut agir sur nos horloges internes et
modifier notre échelle subjective du temps. La musique peut avoir un effet
bénéfique sur la gestion du stress. Les impacts neurophysiologiques de la
musicothérapie s’exercent à la fois sur les composantes physiologiques,
cognitives, affectives et comportementales. La musicothérapie peut avoir des
effets substitutifs aux médicaments dans des domaines comme la gestion des
émotions, la réactivation de compétences cognitives, la santé mentale ou le
sommeil. De plus, elle joue un rôle d’adjuvant aux médicaments contre la
douleur.
Ce chapitre
est très éclairant quant à la façon d’utiliser le rire et l’humour qui somme
toute sont des approches très bénéfiques pour mettre en lumière des
incohérences et des croyances. Les bienfaits sont considérables, car le rire permet
d’ouvrir des portes et de faire ressortir des constats. La deuxième moitié du
chapitre traite de la musique, qui à mon avis est moins pertinente en
orientation. La seule valeur ajoutée pourrait être d’informer les clients
nerveux des bienfaits de la musique et/ou de la musicothérapie lors de
situations angoissantes en vue de les apaiser.
Pertinence pratique
L’ouvrage de
Guy Barrier portant sur le langage non verbal en relation d’aide gagne à être
connu pour tout professionnel en orientation. Le livre couvre le langage non
verbal sous toutes ses formes, et ce, autant du point de vue de l’intervenant
que du client. Ce qui est fascinant c’est que le langage non verbal est
universel et donc pratique pour tout type de clientèles que nous sommes amenés
à rencontrer telles que des adolescents, adultes, personnes d’ethnies
différentes, personnes souffrant de problèmes de santé mentale, etc. De plus,
le langage non verbal est présent dans tous les types d’intervention que ce
soit en rencontre individuelle (face à face ou téléprésence) qu’en groupe.
Lors des rencontres de counseling, nous devons explorer les
manifestations cognitives, affectives, comportementales et somatiques présentes
chez notre client donc une bonne connaissance du langage non verbal est évidemment
fort utile pour aider à faire ce travail. Le cognitif est transmis par la
partie supérieure du visage tandis que l’affectif est transmis par la partie
inférieure du visage. Les aspects comportementaux et somatiques seront transmis
par la gestuelle et la posture, donc davantage au niveau du corps.
De
plus, lorsque nous effectuons des reflets, nous devons les faire à partir de ce
que nous dit le client, mais aussi à partir de la façon dont il le communique. Encore une fois, une meilleure
connaissance du non verbal améliore nos interventions. Y a-t-il une
dissonance ou une concordance entre ce que le client me communique et son
langage non verbal? Si oui, cette dissonance devrait être mise de l’avant par
les reflets.
Il peut être très pertinent d’observer et analyser le langage non verbal
lorsque nous utilisons des exercices faisant appel à la créativité par exemple;
le dessin systémique, le « mindmaping », la carte de projection, etc.
Étant donné que nous sortons notre client du mode échange (plus pragmatique),
le non verbal du client risque d’être beaucoup plus naturel.
En résumé, la force de ce livre réside en son côté scientifique du
langage non verbal qui est grandement documenté et qui permet de se rendre
compte de toute la complexité de ce langage en relation d’aide. Ce livre fournit
en effet de précieuses indications et constitue une référence pertinente qui peut
faciliter le travail du conseiller d’orientation.
Bibliographie
Guy Barrier - recherches en communication gestuelle et analyse visuelle [i] http://barrier.guy.free.fr/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.